La classe politique québécoise est sous le choc après l'arrestation, tôt ce matin, des ministres Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, en même temps que cinq autres personnes à Montréal, Québec et en Gaspésie.
Saluant le travail «indépendant» de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), le premier ministre Philippe Couillard a plaidé que les moeurs politiques avaient changé depuis l'adoption d'une nouvelle loi sur le financement des partis politiques. «Sur la question du financement politique, heureusement on vit dans un contexte totalement différent avec le nouveau mode de financement qui change pour le mieux la réalité politique au Québec.»
M. Couillard estime que son gouvernement n'est pas éclaboussé par ces arrestations visant deux ex-ministres libéraux et des membres de leurs cabinets. «Le parti politique que je dirige a une pratique exemplaire, nous faisons du financement populaire. Le geste fondamental qui a été posé a été de réduire la limite de financement politique à 100 $ par personne», a dit M. Couillard.
Pour sa part, le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux a rappelé que l'Unité permanente anticorruption avait été créée en 2011, pour faire enquête sur les liens pouvant exister entre les partis politiques, le gouvernement, l'attribution de contrats dans le domaine de la construction et les risque de collusion qui peuvent en découler. L'UPAC fait son travail en toute indépendance, a dit M. Coiteux.
Les autres députés et ministres libéraux s'en tiennent au «pas de commentaire et joyeuse Saint-Patrick».
Les sept arrestations survenues aujourd'hui découlent des enquêtes Joug et Lierre touchant le financement des partis politiques. Quatre personnes sont liées au Parti ibéral: Nathalie Normandeau, Marc-Yvan Côté, France Michaud et Bruno Lortie, une est liée au Parti québécois, Ernest Murray. Les autres personnes arrêtées sont Mario Martel, ex-chef de la direction chez Roche et François Roussy, ex-maire de Gaspé.
«Accusations graves»
Après avoir pris connaissance des révélations de l'UPAC, les élus péquistes ont sommé les libéraux de s'expliquer sur les manoeuvres de financement qui avaient cours à l'époque du gouvernement Charest. «On parle d'accusations graves de complot, d'abus de confiance, de fraude envers le gouvernement, de corruption de fonctionnaires. La vice-première ministre qui corromp ses fonctionnaires. Les accusations couvrent la période de 2000 à 2012», s'est insurgé le député Pascal Bérubé.
La dissidence exprimée par Renaud Lachance dans le rapport de la commission Charbonneau vient de voler en éclat, estime la députée Agnès Maltais. M. Lachance soutenait, dans le rapport, que le lien entre le financement des partis politiques et l'attribution de contrats du gouvernement n'avait pas été démontré.
«Les accusations démontrent un lien entre le financement du Parti libéral et les contrats du gouvernement. L'UPAC a trouvé un système libéral de financement politique en échange de contrats (...) au plus haut niveau d'un gouvernement pendant des années. C'est très grave (...) Philippe Couillard doit cesser de balayer ces choses sous le tapis», a semoncé Mme Maltais.
Au sujet de l'ex-attaché politique de Pauline Marois, dans la circonscription de Charlesvoix, Ernest Murray, arrêté lui aussi par l'UPAC, les députés péquistes croient que son influence n'était pas la même que celles que pouvait exercer Mme Normandeau et les membres de son cabinet. «S'il a commis des gestes illégaux, qu'il soit sanctionné», a dit Mme Maltais.
Québec solidaire a fortement réagi ce matin en demandant aux libéraux de rembourser les sommes d'argent recueillies illégalement. La Coalition Avenir Québec fera part de ses commentaires plus tard cet après-midi.
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