Amendement de la Charte: une gifle pour les communautés culturelles

Accommodements et Charte des droits


Tristan Péloquin - La décision du gouvernement Charest d'amender la Charte québécoise des droits et libertés pour assurer la primauté de l'égalité entre les sexes est un coup d'éclat s'apparentant à l'opportunisme politique, dénoncent certaines communautés culturelles.



En en faisant l'annonce avant même la fin des travaux de la commission Bouchard-Taylor, le geste du gouvernement est même perçu comme une gifle au visage des minorités. «Jean Charest vient tout simplement de tuer le débat, dénonce Élahé Chokrai, présidente de l'Association des femmes iraniennes de Montréal. Toutes les communautés culturelles qui s'apprêtaient à déposer devant la Commission des propositions qui divergent de la position du gouvernement préfèrent maintenaant rester à la maison; Jean Charest n'a pas besoin des conclusions de la commission pour se positionner», ajoute-t-elle avec sarcasme.
Fait à noter, Mme Chokrai s'est elle-même battue contre l'imposition de tribunaux islamiques au Canada et estime que l'égalité hommes-femmes est un principe fondamental. «Je n'arrive tout simplement pas à comprendre pourquoi le gouvernement a annoncé ses couleurs à ce moment-ci. La demande du Conseil du statut de la femme (d'assurer la primauté de l'égalité des sexes sur le droit à la liberté de religion) ne date pourtant pas d'hier. Je ne peux qu'en conclure qu'il s'agit d'opportunisme politique de la part du gouvernement», dit Mme Chokrai.
Pour le président du Conseil des musulmans de Montréal, Salam Elmenyawi, «l'annonce du gouvernement risque même d'être perçue comme une tentative de manipuler les travaux de la commission Bouchard-Taylor». «M. Charest tente de faire des gains politiques sur des enjeux très importants. Je ne m'attendais au moins à ce qu'il écoute toutes les opinions avant d'annoncer la sienne.»
En entrevue téléphonique, la ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a néanmoins affirmé hier «qu'un consensus ressort très clairement de la commission Bouchard-Taylor autour de la valeur de l'égalité hommes-femmes».
«Un message fort doit être envoyé à la population que l'égalité entre hommes et femmes est une valeur fondamentale, a-t-elle ajouté. Ce n'est pas une question de hiérarchiser les droits, mais il s'agit de dire que lorsqu'une situation de droit se présente, c'est l'égalité hommes-femmes qui va primer.»
Avec Hugo Fontaine
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