Quelques jours après le vote britannique en faveur du «Brexit», le Parlement européen a tenu une session extraordinaire à Strasbourg le mardi 28 juin (sa première session depuis l'événement), dans une atmosphère électrique.
Bataille de sarcasmes entre Farage, Juncker et Verhofstadt
«Quand je suis venu ici il y a 17 ans, en disant vouloir mener une campagne pour faire sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), vous , sous les huées mêlées d'applaudissements du Parlement européen. «Et la raison pour laquelle vous êtes si bouleversés [...] si énervés, est parfaitement claire : vous êtes [...] dans le déni», a ajouté l'eurodéputé de l'Ukip (parti souverainiste britannique), en faisant référence au décalage existant, selon lui, entre l'intégration européenne et les aspirations réelles des peuples.
Ne refusant jamais une bonne provocation, Nigel Farage a profité de son temps de parole pour reprocher à ses collègues de l'assemblée et des institutions de l'UE de n'avoir «jamais eu un vrai emploi, jamais travaillé dans les affaires ou le commerce, ni jamais créé le moindre emploi dans leur vie»... De quoi réjouir les eurodéputés, «ravis de [me] voir», a plaisanté l'homme politique britannique sur Twitter :
Bon joueur, présent dans l'hémicycle aux côtés des élus, a répondu au souverainiste britannique : «J'ai aimé débattre avec vous, nous avons le même sens de l'humour», avant de regretter, avec sarcasme, que cette session extraordinaire du Parlement fût «la dernière» de Nigel Farage.
Le Luxembourgeois a également ironisé sur la présence du leader de l'Ukip au Parlement européen, lui lançant : «Je suis surpris que vous soyiez ici, vous vous battiez pour sortir [le Royaume-Uni de l'UE], le peuple britannique a voté pour la sortie. Pourquoi êtes-vous ici ?»
Plus incisif, l'eurodéputé et ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt s'est réjouit du départ de Nigel Farage en ces termes : «Soyons positifs : nous nous débarrassons de la source du plus grand gâchis du budget européen : votre salaire [d'eurodéputé].»
Marine Le Pen : «Vos menaces d'apocalypse, les Britanniques se sont assis dessus»
Placée sous le signe du Brexit, cette session parlementaire extraordinaire était, sans surprise, l'occasion pour les souverainistes de toute l'Europe de clamer leur enthousiasme. Fer de lance des luttes anti-UE, la présidente du Front national Marine Le Pen a célébré la sortie du Royaume-Uni de l'UE, «l'événement historique le plus important qu'ait connu notre continent depuis la chute du mur de Berlin !».
«A ceux qui n'ont cessé de proclamer l'irréversibilité de l'Union européenne, les Britanniques ont apporté un démenti cinglant», s'est félicitée l'eurodéputée française, ajoutant, à l'adresse des personnalités politiques et médiatiques ayant décrit de manière catastrophiste le projet de Brexit ces dernières semaines : «Vos cris d'orfraie, vos menaces d'apocalypse, le cours de vos bourses, les Britanniques se sont assis dessus, souverainement.»
Un vote du Parlement européen pour appeler les Britanniques à formaliser leur sortie
Outre les échanges de bons mots, les eurodéputés ont adopté durant cette session parlementaire une résolution appelant le Royaume-Uni à demander «dès que possible» sa sortie de l'UE, selon les règles prévues par le traité de Lisbonne, afin d'«éviter à chacun une incertitude qui serait préjudiciable et protéger l'intégrité de l'Union». Dans ce texte, adopté par 395 suffrages contre 200, les élus de l'assemblée européenne ont également affirmé que «la volonté exprimée par le peuple (britannique) [devait] être entièrement et scrupuleusement respectée».
Le Royaume-Uni ne pourra engager des négociations avec les Etats membres de l'UE qu'une fois sa demande de sortie déposée en bonne et due forme au Conseil européen (le sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement des 28 Etats membres de l'UE).
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