Rodrigo Duterte a menacé d'expulser plusieurs ambassadeurs européens, accusant leur gouvernement de comploter contre Manille afin de faire exclure les Philippines des Nations unies. Le bouillonnant chef d'Etat les a gratifiés de son insulte préférée.
Au cours d'un discours prononcé le 12 octobre 2017, le président philippin Rodrigo Duterte s'en est pris avec virulence aux Etats membres de l'Union européenne. Le président philippin leur reproche de critiquer sa politique de lutte contre la drogue. Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, la police a tué au moins 3 850 personnes soupçonnées d'être impliquées dans le trafic de drogue, selon le décompte de l'AFP.
«Vous nous dites : "Vous serez exclus des Nations unies". Fils de p****, allez-y !», a-t-il fulminé devant des journalistes, accusant les Européens d'interférer avec la politique intérieure philippine et de vouloir mettre son pays au ban des nations. «Vous nous donnez de l'argent, puis vous commencez à nous dire ce qu'il faut faire ou ne pas faire dans notre pays [...] Nous ne sommes plus au temps des colonies», a-t-il ajouté d'après l'AFP, estimant que les pays européens profitaient du fait que son pays était pauvre. Mais le chef d'Etat philippin s'est fait encore plus menaçant. «Nous pouvons rompre le canal diplomatique demain [et] vous quittez mon pays en 24 heures, tous», a-t-il encore lancé.
Pourtant, l'Union européenne (UE), au sens strict, n'a jamais fait de commentaires sur une éventuelle mise à l'écart des Philippines des Nations unies. Outre ses nombreux démêlés avec des diplomates occidentaux, le président philippin avait sans doute en tête les résolutions du Parlement européen à l'encontre de Manille. En 2016, l'organe de l'UE s'inquiétait en effet du nombre «extraordinairement élevé» de personnes tuées dans des opérations de police organisées pour lutter contre le trafic de drogue. La résolution appelait textuellement Rodrigo Duterte à mettre fin à la vague d'exécutions extrajudiciaires et de «meurtres». En mars 2017, le Parlement européen se penchait à nouveau sur les affaires intérieures des Philippines, réclamant la libération d'une opposante politique, déclenchant une nouvelle fois l'ire du président philippin.
Dans un communiqué publié ce même 12 octobre, la délégation de l'UE aux Philippines a tenté d'apaiser Manille, mettant en avant sa coopération avec les autorités. «L'UE et les Philippines travaillent ensemble de manière constructive et productive [...] dans de nombreux domaines, notamment, bien sûr, dans le contexte des Nations unies», a-t-elle souligné.
Lors de sa campagne présidentielle, Rodrigo Duterte a promis d'éradiquer le trafic de drogue en se disait prêt à faire abattre si nécessaire jusqu'à 100 000 trafiquants et toxicomanes présumés.