Après avoir essuyé des critiques pour le flou entourant sa position sur la démarche souverainiste, Alexandre Cloutier met sur la table une nouvelle proposition.
Si les militants péquistes le choisissent chef du Parti québécois, le député de Lac-Saint-Jean s'engage à mettre sur pied huit « chantiers de travail » qui auraient un an pour répondre aux questions des Québécois sur la souveraineté et mettre en relief « les avantages de l'indépendance du Québec ».
« Ça fait des années au Parti québécois qu'on dit qu'on doit mieux définir notre projet d'indépendance, mais on ne le fait pas », laisse-t-il tomber, déçu de constater le peu d'avancées réalisées sur ce front au cours des dernières années.
Les responsables du chantier Économie, finances et efficacité gouvernementale devraient par exemple expliquer ce qu'il adviendrait du partage de la dette fédérale après la tenue d'un référendum gagnant. Ceux du chantier Santé et services publics devraient déterminer comment le gouvernement québécois parviendrait à offrir des services de santé en l'absence de transferts fédéraux. Et ainsi de suite pour chacun des huit chantiers.
Alexandre Cloutier propose de lancer les chantiers suivants :
-* Économie, finances publiques et efficacité gouvernementale
-* Éducation, familles et égalité des chances
-* Villes et régions
-* Santé et services publics
-* Relations avec le Canada et le monde
-* Institutions et lois
-* Langue, culture et citoyenneté
-* Énergie, environnement et ressources naturellesLes gens veulent savoir ça va être quoi la monnaie, c'est quoi l'identité, qu'est-ce qui va arriver aux programmes d'éducation. Ils veulent savoir concrètement l'indépendance, ça va ressembler à quoi.
- Alexandre Cloutier
En plus de donner réponse aux interrogations et aux inquiétudes des Québécois, l'exercice aurait pour objectif d'exposer en détail un « projet de pays ».
« [Il faut] arriver à du concret dans la vie des gens. »
Le Parti québécois comme locomotive de l'indépendance
Alexandre Cloutier lance une pointe à son adversaire Véronique Hivon, qui fonde beaucoup d'espoir sur l'organisation Les OUI Québec pour faire progresser les travaux sur l'indépendance.
« Le Parti québécois doit exercer un leadership sur la question de l'indépendance. Il ne peut pas attendre puis juste se lancer dans des grandes consultations qui ne finissent plus. À un moment donné, il faut être capable de mettre cartes sur table, de faire des propositions. On est ouvert au dialogue, on tend la main évidemment aux autres formations politiques [...], mais en même temps il faut arrêter d'attendre puis d'avoir peur d'avancer. »
Pour assurer la crédibilité des travaux qui seraient menés, chaque chantier serait coprésidé par un député, un expert et un membre du Parti québécois. Ces derniers auraient notamment pour mandat de consulter les membres du parti; ils devraient aussi s'inspirer des travaux réalisés par l'Institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI) imaginé par Pierre Karl Péladeau.
Avant la fin de l'année 2017, les responsables des différents chantiers devraient remettre un rapport au chef péquiste qui déciderait ensuite, à la lumière des travaux effectués, de la tenue ou non d'un référendum au cours d'un premier mandat.
« Ce qui est certain, c'est qu'avant l'élection on va avoir tranché. Ça, il n'y a aucun doute là-dessus », assure-t-il.
S'il s'engageait à tenir un référendum, un projet de constitution serait alors élaboré, mais Alexandre Cloutier ne s'avance pas pour le moment sur la manière précise dont serait rédigée cette constitution.
« Il y a plusieurs façons de procéder. On peut avoir une constitution qui codifie déjà les règles actuelles [...]. On pourrait y ajouter des dispositions transitoires à partir [desquelles] il y aurait un débat public », illustre-t-il.
Dans la foulée, Alexandre Cloutier poserait d'autres « gestes fondateurs » une fois élu premier ministre. Il retirerait au lieutenant-gouverneur ses budgets de fonctionnement et abolirait l'obligation faite aux députés de prêter serment à la reine au moment de leur assermentation.
Les adversaires de Cloutier peu impressionnés
« Qu'on appelle ça des chantiers, il y a Pauline Marois qui avait le livre blanc, il y avait Bernard Landry qui avait la saison des idées... Je dois vous avouer : on a eu de nombreux comités, et à l'intérieur du parti et à l'intérieur du caucus, mais qui malheureusement n'ont pas donné les résultats attendus », estime la députée péquiste Martine Ouellet, en réaction aux propositions de son adversaire dans la course à la succession de Pierre Karl Péladeau.
« La difficulté que j'ai avec sa démarche, c'est qu'il [Alexandre Cloutier] veut mobiliser pour décrire le plan de pays et, six mois avant l'élection de 2018, il pourrait "tirer la plogue". Il y a un problème avec ça », juge quant à lui le député péquiste de Rosemont Jean-François Lisée. « C'est très difficile de mobiliser des gens vers "on ne le sait pas", vers "on le saura" », croit-il.
Les positions d'Alexandre Cloutier et de Véronique Hivon présentent des similitudes, mais s'écartent en ce qui a trait à la convergence souverainiste.
« Moi je crois qu'il ne faut pas revenir en arrière. Pierre Karl Péladeau a un legs important, il a tendu la main à l'ensemble des souverainistes. Il a déclaré la fin du monopole du Parti québécois », a affirmé Mme Hivon, en entrevue à Radio-Canada.
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