Sonia LeBel, la nouvelle ministre de la Justice, entend réformer le droit familial, pour l’adapter aux réalités contemporaines. On peut comprendre : en quelques décennies, la famille s’est profondément transformée. Elle prend des formes si variées qu’on parle moins désormais de la famille que de la diversité des modèles familiaux.
Et ce mouvement n’est pas à la veille de s’arrêter.
Familles
Toutefois, Sonia LeBel se montre peut-être exagérément zélée dans son entreprise. On apprenait ainsi cette semaine, dans le Huffington Post, que la ministre se montre même ouverte au remplacement des termes « père » et « mère » par la catégorie générique de « parents ». Ainsi, le vocabulaire familial serait plus adapté aux temps présents, et tiendrait compte des nouvelles situations familiales.
Précisons-le : ce ne serait pas la première fois qu’on assisterait à une telle modification, qui s’impose un peu partout dans le monde occidental.
Mais ce n’est pas parce que cette tendance est à la mode qu’elle est judicieuse. Car contrairement à ce que semblent croire certains, « père » et « mère » ne sont pas des mots interchangeables qu’on peut congédier à loisir. Dans toutes les civilisations, la figure du père comme celle de la mère répondent à des nécessités existentielles distinctes qui structurent la psyché humaine. Elles sont ancrées au cœur de la condition humaine. Il y a quelque chose d’absolument brutal dans leur suppression.
Surtout, cette suppression est inutile.
Effacement ?
Il serait infiniment plus simple d’ajouter des lignes sur les formulaires officiels, pour faire une place aux nouvelles réalités parentales, que de biffer les anciennes catégories, comme si notre société devait faire table rase de tout ce qu’elle était pour accommoder la diversité.
Ainsi, plutôt que d’enlever père et mère, on pourrait simplement rajouter la catégorie « autre ». L’ouverture aux nouveaux modèles familiaux, que personne ne conteste, n’a pas à sacrifier un patrimoine de civilisation qui doit conserver sa place dans le droit.