Lorsque les voiles tombent

Action continentale contre l'École des Amériques

Une école militaire au service des oligarchies et de l'empire

Tribune libre


Depuis des décennies, cette École, sous responsabilité de l’armée des États-Unis, assurent la formation des élites militaires des divers pays du Continent latino-américain. Ce sont les gradués de cette dernière qui ont soutenu les dictatures, exécuté le Plan Condor et déstabilisé de nombreux gouvernements démocratiques. Ils ont à leur crédit des dizaines de milliers de morts, des centaines milliers de prisonniers, de torturés et plus d’un million d’expatriés un peu partout à travers le monde.
Depuis plus de 20 ans existe un Observatoire qui s’attaque à l’existence de cette École et qui en exige la fermeture. Pour la première fois des organisations du Mexique, du Guatemala, du Honduras, d’El Salvador, du Nicaragua, du Venezuela, du Chili, de la Bolivie, de la République Dominicaine, de l’Argentine, du Paraguay, de l’Équateur, du Brésil, du Pérou et des États-Unis s’unissent pour demander la fermeture de l’École des Amériques (Escuela de las Américas).
Cette campagne garde toute son actualité, car, malheureusement, beaucoup de ses gradués continuent à être responsables d’exécutions, d’enlèvements, de tortures et de disparitions. Dans la plupart des cas, ils jouissent de la totale immunité. Dix neuf pays, dont le Canada, envoient toujours de leurs soldats à cette École. La Colombie, le Chili et le Pérou sont en tête de liste pour le nombre de militaires qu’ils y envoient.
L’Observatoire demande au gouvernement d’Obama de fermer cette École, d’enquêter sur ce qui s’y est passé et d’amener les responsables de violations des droits humains devant la justice. Il s’oppose aux coups d’état militaires qui interfèrent dans la vie démocratique des peuples et dénoncent fortement la militarisation du Continent latino-américain avec la présence de la IV flottes et la présence de plus en plus fréquentes de contingents militaires dans plusieurs pays de la région.
Les instigateurs de cette École militaire sont les mêmes qui, aujourd’hui, nous parlent d’une école de formation militaire en Afghanistan. On nous présente le projet sous ses plus beaux aspects : aide humanitaire, liberté des populations, démocratie, solidarité humaine. Rien n’est dit sur les aspects pervers de l’opération : emprisonner, torturer, tuer, enlèvement et disparition.
Si déjà nous savons ce à quoi a servi l’École militaire des Amériques, il y a de bonnes chances à ce que ces projets nouveaux servent les mêmes objectifs. Derrière ces images de sauveurs d’humanité et de démocratie, il y a la cupidité d’oligarchies bien discrètes mais très présentes qui profitent de la manne de l’industrie de l’armement, des richesses du territoire et du contrôle de ces bons gouvernements démocratiques. Les gouvernements chantent en chœur sous la direction d’un chef d’orchestre à la main invisible mais dont l’identité nous échappe de moins en moins.
Éliminons de l’Afghanistan sa valeur stratégique tant du point vue politique qu’économique et nous n’y verrions plus l’OTAN et encore moins les États-Unis et le Canada. Les problèmes humanitaires et toute la chanson qui s’y rattache n’ont rien à y voir. Pensons seulement à Haïti, là où l’aide humanitaire se fait la plus urgente, il est laissé à lui-même. La contribution du Canada à ce pays, pourtant si près de nous, n’a rien de comparable avec les milliards $ investis en Afghanistan.
Jusqu’à quand nos gouvernements seront-ils les marionnettes des oligarchies et des industries militaires et jusqu’à quand le peuple canadien se laissera-t-il berner par ces discours humanitaires à faire pleurer?
Oscar Fortin
Québec, le 21 novembre 2010
http://humanisme.blogspot.com

Featured c993614705e847e0187b4837f6836df0

Oscar Fortin292 articles

  • 214 743

citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2010

    Merci M. Morin pour votrre intervention qui apporte encore plus d'éléments à la compréhension des objectifs de cette École militaire. Une drôle de conception de l'aide au développement par les armes.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2010

    En effet l’École des Amériques (la SOA, fondée en 1946 par l’armée américaine) est dénommée l’école des dictateurs ou l’école des assassins. En cette école on enseigne la guerre psychologique, la contre-insurrection, les techniques d'interrogation, et la tactique d'infanterie et de commando ou escadrons de la mort. En Amérique Latine, ces militaires diplômés de cette école s’en sont pris aux prêtres de la théologie de la libération, aux syndicalistes, aux journalistes, aux intellectuels libéraux, etc. Nous connaissons tous l’assassinat de 6 prêtres Jésuites au Salvador en 1989. La commission d’enquête a révélé en 1993 que 17 des 27 militaires qui ont participé à cet assassinat étaient issus de la SOA. Roberto d'Aubuison, formé à la SOA a été l’un des instigateurs de l’assassinat de l’archevêque de El Salvador, Mgr Oscar Romero en 1990. D’autres diplômés de l’SOA n’ont as respecté les droits de l’Homme et la démocratie en renversant des gouvernements légitimement élus, comme l’ancien dictateur Omar Torrijos du Panama, Guillermo Rodriguez de l'Équateur, Juan Velasco Alvarado du Pérou, les Viola, Videla et Galtieri d’Argentine, Agusto Pinochet du Chili, Somoza du Nicaragua, Manuel Noriega du Panama, Stroessner du Paraguay, Hugo Banzer de Bolivie, Juan Melgar Castro et Policarpio Paz Garcia du Honduras, Carlos Humberto Romero du Salvador…
    Cette école militaire été fermée en l’an 2000 par le président Bill Clinton qui l’a rouvrit aussitôt sous une nouvelle appellation : Institut de défense pour la coopération de la sécurité hémisphérique. Il est temps pour nous tous que nous demandions la fermeture immédiate et définitive de cet Institut d’extrême droite et antidémocratique.