À qualité et prix concurrentiels, les projets publics financés à même nos taxes, nos impôts ou notre bas de laine de la Caisse de dépôt et placement du Québec devraient favoriser les entreprises québécoises, tout en imposant un seuil minimum de contenu local.
Avec la mise en place d’une telle politique gouvernementale d’octroi de contrats publics, il y a fort à parier que la Caisse aurait été «forcée» de renoncer à l’achat de wagons indiens pour son Réseau express métropolitain (REM).
Et par ricochet, les chances de l’usine Bombardier de La Pocatière de décrocher le contrat des wagons du REM, en tout ou en partie, auraient été excellentes.
En écartant Bombardier au profit des wagons fabriqués en Inde par sa grande rivale européenne Alstom, la Caisse économisera des millions de dollars sur l’achat des trains.
Mais cette décision de la Caisse privera les gouvernements de Québec et d’Ottawa des généreuses retombées économiques et fiscales que la fabrication de tels trains au Québec aurait rapportées.
Calcul des retombées
Quand il s’agit d’un contrat public, il faut évidemment tenir compte de tous les coûts et de toutes les retombées financières pour déterminer qui, parmi tous les candidats d’un appel d’offres, présente la «meilleure» offre. Il faut également tenir compte de l’impact qu’un tel contrat pourrait avoir sur nos entreprises et notre main-d’œuvre.
Pourquoi pensez-vous que nombre de pays (dont les États-Unis, la Chine, les membres de l’Union européenne, etc.) ont recours à des mesures protectionnistes? C’est bien entendu pour s’assurer que les contrats publics génèrent chez eux des retombées économiques et fiscales. Et qu'ils fassent travailler leur main-d’œuvre locale.
À titre d’exemple, aux États-Unis, les exigences du «Buy America Act» ont fait en sorte que des États comme New York et le New Jersey exigent qu’un fort pourcentage de certains projets de transport public soit effectué par des entreprises américaines.
Positions des partis
Pourquoi le Québec n’opterait-il pas pour un «Acheter Québec» lorsqu’il s’agit d’octroyer des contrats publics?
Compte tenu de la polémique soulevée par l’octroi du contrat des wagons du REM, les différents partis politiques devraient profiter de la campagne électorale pour se prononcer sur une telle mesure protectionniste «Acheter Québec».
Une politique «Acheter Québec» devra respecter, s’il y a lieu, les contraintes imposées par les accords commerciaux internationaux.
Garder le contrôle
Cela dit, le prochain gouvernement québécois ne devrait permettre à aucune société d’État ni à aucun organisme public d'en faire à sa tête dans l’octroi de contrats publics.
Avec son REM, la Caisse a bénéficié du privilège d'en faire à sa tête. Qu’est-il arrivé? Sa décision d’acheter des wagons indiens a carrément mis le premier ministre Philippe Couillard et son gouvernement dans l’embarras.
À tel point que le premier ministre a pris l’initiative de faire rapidement adopter un projet de loi pour avancer l’acquisition de 153 voitures additionnelles pour le métro de Montréal et ainsi éviter la mise à pied des 200 travailleurs de l’usine de Bombardier à La Pocatière.