Ce serait une tragédie pour Québec solidaire (QS), mais le Parti Québécois peut très bien décider de faire cavalier seul, ou avec Option Nationale seulement. Cela laisserait QS sur le bord du chemin à discuter s'il passe à l'action unitaire ou s'il se délite dans son coin à reprendre les vieux débats d'une gauche qui s'acharne sur un passé sans apprentissage politique parce qu'elle remet toujours à zéro, dans un éternel recommencement, la recherche d'une mission historique. Comme si nous étions véritablement sans histoire.
Tant qu'à soutenir les retournements persistants de cette gauche que nous connaissons bien par son histoire la plus proche, autant remettre aux calendres grecques l'indépendance du Québec qu'on attend du seul fait de la prise de pouvoir de QS.
S'il y a un geste politique qui donnerait du pouvoir à QS, c'est bien sa participation à l'union des indépendantistes aux élections de 2018. Il y a une logique contre nature à faire croire qu'un QS isolé et marginalisé gagnerait en force. Le respect qu'impose la gauche québécoise par son audace, qu'elle se retrouve à QS, au PQ, à Option Nationale ou ailleurs, encore dispersée, ce respect ne sera mérité que si elle participe au processus d'indépendance qu'une éventuelle «feuille de route» balisera.
L'adhésion à un processus unitaire ne dénaturera aucun parti. Au plus quelques concessions honoreront ceux qui savent négocier sans vouloir paraître plus gros que le boeuf.
Nous voilà donc devant une opportunité de voir le programme de QS appliqué en partie du seul fait d'une alliance où les trois partis gagneront en influence et en crédibilité, non seulement auprès de leurs membres favorables à l'unité, mais sans aucun doute auprès d'une population qui observe la scène politique avec de grandes attentes. Surtout chez les partisans d'un Québec libre. Ces souhaits sont continuellement alimentés par les interventions des partis indépendantises à l'Assemblée Nationale ou en conférences de presse. On y voit souvent le PQ ou QS ensemble pour isoler les Libéraux et préparer ainsi le terrain pour 2018. Cela me semble des plus habile.
Comme QS envisage une longue vie qui survivra à l'indépendance, en tout cas nous l'espérons, placer dès maintenant nos pions dans une alliance devrait faire partie du cheminement participatif dans l'objectif d'une plus grande députation, d'une concentration dans des comtés plus facilement ouverts à la gauche et avec le crédit d'avoir mis l'épaule à la roue dans le mouvemnent d'émancipation dont le Québec lui sera redevable.
Il y a des ouvertures historiques dont la fréquence ne se répète pas souvent dans la vie d'un parti, mais dont on est responsable d'évaluer toute la portée.
L'horizon de 2018 exige les plus rapides annonces d'une volonté première de participer à l'exercice d'un front bien avant cette date. En effet, on verra si l'habilité de QS à unir fera ses preuves.
Pour ma part, je reste convaincu que toutes les semonces de Péquistes solitaires, immatures et sans vrais liens avec l'attitude générale de leur parti, seront sans conséquence à partir du moment où s'exprimera encore plus largement ou ouvertement de l'intérieur de QS une volonté d'union. Autant du côté du PQ que de QS, il y a encore une certaine hargne, que ne manifeste pourtant aucun porte-parole des partis concernés, mais que des partisans francs-tireurs répandent en même temps qu'une confusion entretenue sur l'unité possible, unité d'action qui se manifeste déjà par des gestes et des positions communes à l'Assemblée Nationale. Je ne comprends pas qu'on ne nous les explique pas davantage s'ils ont comme objectif une plus grande cohérence des indépendantistes.
Un semblant d'esprit de parti un peu maniaque torpille à l'avance un processus de rapprochement dont l'équipe de l'Assemblée Nationale semble responsable sans que nous n'en sachions plus sur cette volonté embryonnaire de connivence qui pourrait très bien nous conduire à une élection unitaire en 2018. Nous avons déjà expliqué les bases d'une stratégie de partage des comtés.
Mon inspiration me vient du parti communiste. Non pas que j'y sois contraint, mais nous essayons comme bien d'autres dans le monde de tracer une voie au socialisme. Quel pouvoir affronter pour lui donner son élan ? Celui d'Ottawa évidemment nous semble le plus approprié puisqu'il détient presque tous les pouvoirs et qu'il en tire bien les ficelles sans grande considération pour le Québec. Notre site (www.pcq.qc.ca) en expose quotidiennement les méfaits.
Se priver de l'indépendance, dont 2018 pourrait bien marquer l'aboutissement, revient donc à repousser globalement le projet socialiste, dont notre programme expose les lignes de force. Nous resterons forts de nos rassemblements malgré tout. Et nous nous protégerons au moyen de toutes les alliances possible, y compris à l'international.
On a depuis longtemps connu l'âme dévoyée et paniquée du fédéral pour maintenir le Québec sous sa botte. De cette nature autoritaire et sans fin d'un gouvernement étranger, nous avons aussi appris du temps des marxistes-léniniste qu'une entreprise canadienne de remise en question de ce pouvoir ne suscitait pas grand intérêt chez le ROC. Mais nous savons désormais possible, à partir d'un processus d'accession à l'indépendance unitaire, que l'on puisse vaincre au Québec. Cela autorisera un changement plus conséquent dans la structure d'un pouvoir honni par 40 % des Québécois.
La moitié du travail est fait pour ainsi dire. Mais sans les hésitations infantiles de QS, les calculs politiques nous permettraient d'envisager une rupture émancipatrice du fédéral et de ses institutions dont un Québec souverain pourrait bien se passer. Le flottement là-dessus nous ramène aux discours d'un NPD dont l'avenir incertain au Québec est pourtant recherché dans ses rangs. La création d'un NPD-Québec serait une autre tuile pour QS à moins que dès maintenant, pendant qu'il est encore temps, ce parti de nos espoirs n'affiche de façon bien plus offensive un projet qui sera plus facile à mettre en oeuvre dans l'éventualité de l'indépendance du Québec comme «moyen» d'aller beaucoup plus loin.
Finalement, c'est entretenir de vagues illusions que de faire croire à des changements profonds de la gouvernance dans un Québec toujours à la merci du Parlement canadien ou de sa Cour Suprême.
Il n'y a aucune honte à admettre haut et fort qu'un Québec subalterne au Canada n'est toujours pas libre de chosir une forme de gouvernement plus démocratique à laquelle les membres de Québec solidaire aspirent toutes et tous. Fiers d'un parti qui a déjà à son crédit de multiples réussites, nous pouvons envisager avec confiance la recherche d'unité la plus large avec un mouvement qui pourrait bien voir un avenir libre pour notre nation choisi par les Québécois eux-mêmes en 2018.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
31 mars 2016Merci pour vos textes, M. Roy, toujours fort intéressants.
Je ne crois pas qu'une quelconque alliance soit possible entre le PQ et QS.
QS est formé de 50% fédéralistes et 50% d'indépendantistes déçus. Toute proposition d'alliance avec le PQ serait férocement combattu par le 50% fédéraliste, et ce parti pourrait imploser. Il est donc très peu probable que les leaders actuels soient assez suicidaire pour aller dans cette direction.
Il faut se rappeler que QS et la CAQ sont les enfants illégitimes d'un PQ qui a un peu perdu le nord.
Les indépendantistes ayant perdu espoir que le PQ puisse un jour réaliser l'indépendance, et qui trouvaient que le PQ se tassait un peu trop vers la droite, ont joint QS.
Les indépendantistes ayant perdu espoir que le PQ puisse un jour réaliser l'indépendance, et qui trouvaient que le PQ ne se tassait pas assez vers la droite, on joint la CAQ.
Selon moi, la solution serait plutôt de rapatrier ces clientèles d'indépendantistes déçus. QS est bien conscient de cela, et c'est pourquoi ils ne cessent d'accuser le PQ d'être de plus en plus drettiste. Question de conforter les indépendantistes dans leur rang, qui sont plus de gauche.
Pour rapatrier ces clientèles, le PQ devra tenir un discours beaucoup plus affirmé sur l'indépendance, et ranimer l'espoir que cela est toujours possible. Pour la question gauche-droite, il devra parler des deux côtés de la bouche, comme les fédéralistes savent si bien faire.
Archives de Vigile Répondre
31 mars 2016Monsieur Roy.
Je suis fasciné et toujours ébahi par la profondeur de pensée et la largeur de vue politique que manifestent vos articles ainsi que ceux d'André Parizeau.
À la suite de la lecture cet article "À Québec solidaire de parler à son tour" paru hier sur Vigile, je souhaite vivement qu'un grand nombre de membres de QS le lisent et en propagent le message.
En même temps, puisse le plus grand nombre possible des partisans du PQ lecteurs de Vigile y voir tout ce que leur parti peux en retirer.
Merci.