Le résultat des élections de mardi prochain est encore entouré d'inconnues. Mais les sondages nous disent qu'on se dirige fort probablement vers un gouvernement minoritaire. Et le contexte politique nous dit que ce gouvernement aura du mal à survivre longtemps. Les prochaines élections ne sont pas loin.
Notre sondage CROP d'aujourd'hui place le Parti québécois en avance avec 32% des intentions de vote. La Coalition avenir Québec suit avec 28%, tandis que le Parti libéral du Québec, pas loin derrière, se retrouve néanmoins en troisième place avec 26%.
Le scénario le plus plausible, c'est une victoire de Pauline Marois qui formera un gouvernement minoritaire avec François Legault comme chef de l'opposition officielle. À moins d'un spectaculaire revirement, on peut déjà dire que si le PQ l'emporte, ce sera par défaut.
Mme Marois plafonne à 32%, sans avoir réalisé le moindre gain pendant la campagne. Son parti stagne depuis 10 ans: 33,2% en 2003, 30,8% en 2007, 35,1% en 2008. Pour mémoire, Jean Charest avait recueilli 42,8% des voix il y a quatre ans. Il n'y a aucun élan en faveur du PQ. Sa victoire reposera essentiellement sur l'affaiblissement des libéraux et sur une montée des caquistes.
Le fait que le PLQ ait perdu tant de plumes, assez pour peut-être se retrouver en troisième place, peut se comprendre. Il y a une sagesse populaire dans le désir de remplacer un gouvernement au bout de neuf ans. D'autant plus qu'à l'usure du pouvoir se sont ajoutées de nombreuses maladresses du gouvernement libéral et la gestion désastreuse du dossier de la construction. Mais il y a quelque chose d'injuste dans la façon dont les Québécois, surtout francophones, ont honni Jean Charest, qui a dirigé un bon gouvernement et qui a bien fait dans plusieurs dossiers, à commencer par la gestion de la crise économique.
Toujours est-il que la victoire prévisible de Mme Marois sera maigrichonne. Cela posera un très sérieux problème démocratique si elle réussit à devenir majoritaire avec aussi peu. Mais même minoritaire, si elle n'obtient pas plus que 32% ou 33%, son mandat sera fragile, sa marge de manoeuvre inexistante, et sa position précaire dans son parti où rôdent les chacals.
Mme Marois n'aura pas de légitimité pour mettre en oeuvre les éléments non consensuels de son programme. Elle devra mettre beaucoup d'eau dans son vin pour survivre face à deux partis d'opposition avec lesquels elle n'a aucun atome crochu.
Les libéraux, affaiblis par leur prévisible défaite, possiblement en troisième place, sans doute à la recherche d'un nouveau chef, hésiteront à se lancer rapidement dans la mêlée électorale. Par contre, comment pourront-ils appuyer les initiatives d'un gouvernement qui veut détruire ce qu'ils ont construit, sur l'équilibre linguistique, le Plan Nord, les droits de scolarité, sans compter les manoeuvres préréférendaires?
Quant à la CAQ, François Legault s'est décrit comme «un gars pressé», qui serait peu porté aux compromis s'il formait un gouvernement minoritaire. S'il se retrouve dans l'opposition - ce dont il pourra profiter pour donner de la cohésion à son parti - on peut supposer qu'il manifestera le même empressement.
Mme Marois aura devant elle deux partis, le PLQ et la CAQ, qui, malgré leurs origines et leurs cultures différentes, sont très proches idéologiquement. À eux deux, ils représentent un bloc très important de la population, là où se trouve maintenant le consensus québécois, et ils constituent en fait une majorité de blocage.
La plupart des gens ne choisissent pas d'élire un gouvernement minoritaire. Il s'agit le plus souvent d'une résultante accidentelle, en général peu viable. Celui qu'a dirigé Jean Charest a duré à peine un an et demi. Celui-ci pourrait être d'encore plus courte durée.
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