Onde de choc au Québec hier : le Groupe Capitales Médias (GCM), qui publie six des 10 quotidiens papier au Québec, est en procédure de faillite. Principal créancier de l’entreprise, Québec aura son mot à dire sur l’avenir de l’organisme.
Le gouvernement, par le biais de son bras financier, Investissement Québec (IQ), accordera un prêt d’urgence de 5 millions $ à GCM, ce qui devrait permettre à l’entreprise de poursuivre ses activités « intégralement » au moins jusqu’au 31 décembre, a annoncé hier le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.
« La raison pour laquelle nous intervenons, c’est que [...] le groupe était rendu insolvable, a-t-il déclaré en conférence de presse. Il était impossible pour nous, au gouvernement, d’envisager la fermeture de ces six journaux. »
« L’information provenant de plusieurs sources est un des piliers de notre démocratie », a renchéri la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy.
Dettes de 26 millions $
GCM doit près de 26 millions $ à ses créanciers, dont 8 millions $ déboursés jusqu’ici par IQ dans le cadre d’un prêt garanti de 10 millions $ consenti en décembre 2017. Le prêt intérimaire de 5 millions $ viendra alourdir cette créance gouvernementale.
C’est le cabinet comptable PwC qui mènera la restructuration judiciaire de l’entreprise. Stéphane Lavallée, ancien cadre au journal Les Affaires et à La Presse, deviendra président exécutif en remplacement de Martin Cauchon, qui avait racheté les six journaux de Power Corporation en 2015. « M. Cauchon a accepté de démissionner comme président », a annoncé M. Fitzgibbon.
Malgré les efforts
« Malgré tous nos efforts de rationalisation des dépenses, malgré tous les gestes posés pour améliorer notre efficacité et malgré les investissements très importants consentis pour développer de nouveaux outils plus performants et de nouvelles sources de revenus, la situation demeure difficile », a soutenu le PDG du GCM, Claude Gagnon.
« Nos revenus à court terme ne sont pas suffisants pour payer la totalité des investissements nécessaires qui permettront de compléter notre transformation », a-t-il précisé.
Le gouvernement a privilégié la tenue d’enchères « transparentes » en vertu de la Loi sur la faillite plutôt que la conclusion d’une entente négociée avec un seul repreneur.
« On a conclu que la meilleure chose à faire, c’est d’avoir un processus, de prendre le temps qu’il faut pour regarder s’il y a des repreneurs pour la totalité du groupe ou des morceaux seulement », a expliqué Pierre Fitzgibbon.
Le délai permettra aux acheteurs potentiels de connaître les détails du programme d’aide aux médias écrits que Québec prévoit annoncer d’ici le début octobre.
« Prendre une décision trop rapide, c’est comme faire ton supermarché quand tu as faim », a ajouté le ministre Fitzgibbon.
Celui-ci a reconnu que le gouvernement allait pouvoir influer sur le choix du repreneur de GCM en raison de son importante créance.
« On va devoir regarder les offres que nous allons recevoir des repreneurs et on décidera à ce moment-là comment va être traité » le prêt de 10 millions $, a-t-il affirmé.
– Avec Nicolas Lachance et le Bureau d’enquête
Capitales Médias doit plus de 25,9 M$
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