Martine Ouellet est surement la candidate à la direction du Parti québécois la plus identifiée à l’aile gauche de cette formation politique. Le fait qu’elle n’ait l’appui d’aucun député, risque de devenir embarrassant pour un parti qui se démène pour paraitre progressiste et social-démocrate.
Ses autres collègues députés, qui sont candidats, ont reçu l’appui de quelques députés du caucus péquiste. À ce propos, le Journal nous rappelait, dans l’entrevue réalisée avec Bernard Drainville, que celui-ci avait rejoint Pierre Karl Péladeau au niveau des appuis. Presque tous les députés péquistes, qui pouvaient prendre position parce qu’ils n’ont pas fonction d’officier au sein du parti, se sont exprimés. Les espoirs de soutien, de l’un ou l’autre de ses collègues élus à l’Assemblée nationale, sont presque nuls dans un premier tour et il serait loin d’être assuré qu’elle en attirerait dans un second tour, considérant ce que nous observons.
Dans sa lettre à un jeune étudiant en grève, le chroniqueur Richard Martineau rappelait les règles démocratiques et les limites du pouvoir de la rue. Il exhortait le jeune gréviste à militer et à voter pour un parti de gauche, s’il souhaitait une gouvernance plus conforme à ses ambitions idéologiques. Il pointait la voie à suivre pour le jeune étudiant, à savoir QS pour un vrai parti à gauche ou le PQ pour un parti qui fait semblant. Le quasi désaveu des collègues de Martine Ouellet constitue surement une grande déception pour celle-ci et renforce dans l’esprit de plusieurs la perception du chroniqueur. Cette course s’avère un grand révélateur des difficultés du parti à assumer cette voix progressiste et sociale dans un paysage québécois où l’État n’en finit plus de se fragiliser.
Martine Ouellet était la candidate par excellence de l’un des fondateurs du Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre), en l’occurrence Pierre Dubuc. Inspiré du modèle du Parti socialiste français qui favorise la diversité des expressions en son sein par l’intermédiaire de caucus qui reflètent les tendances traversant leur formation, Pierre Dubuc avait voulu reproduire ce mode de fonctionnement en créant SPQ libre au sein du PQ. Sans rappeler les pérégrinations qu’a connues le SPQ Libre, qui incidemment ne jouit plus d’une reconnaissance statutaire au PQ, nous devons constater qu’il n’a jamais eu un véritable ancrage dans l’apparatchik et chez les députés de la formation politique. Cela demeure tout de même un fait surprenant lorsqu’on constate l’habileté du SPQ Libre à faire cheminer ses propositions dans les instances du parti.
Malgré les gains dans les débats de congrès, les belles intentions du SPQ Libre n’ont pas trouvé écho avec un PQ au pouvoir. Il ne faut donc pas se surprendre que le soutien de l’un de ses fondateurs ne se soit pas avéré un atout jusqu’à présent pour Martine Ouellet. Comment cette dernière pourra-t-elle devenir incontournable pour un futur chef avec l’appui d’aucun député au sein du caucus péquiste? La main tendue de Véronique Hivon vers QS ou ON ne risque-t-elle pas de frapper le vide lorsqu’on voit la candidate à la chefferie la plus proche des aspirations de ces deux autres formations politiques rejetées par ses collègues?
Entre fracture et unité, la glace semble bien mince dans la course actuelle pour diriger le PQ et ce sera tout un tour de force pour ce parti de trouver la personne rassembleuse qui pourra faire le pont avec QS et ON. En cas d’échec, il est prévisible que le PLQ et la CAQ connaitront des jours fastes pendant que les forces indépendantistes et progressistes s’étioleront.
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