J’aimerais bien que le chef caquiste François Legault m’explique comment il peut sérieusement promettre de « faire un grand bout » du troisième lien dans un premier mandat.
En cette année électorale, le chef de la CAQ ne se contente désormais plus de promettre un troisième lien dans un premier mandat, mais il prétend aussi qu’il en ferait un grand bout pendant ces quatre années. C’est ce qu’il a déclaré hier en entrevue à la radio de Radio-Canada.
Pour M. Legault, il y a déjà eu des études dans le passé, et ça fait trop longtemps qu’on en parle. Sauf qu’aucune étude n’a été effectuée dans un avenir récent, aussi ne sait-on rien sur les coûts potentiels d’un troisième lien, les besoins routiers actuels et futurs, les attentes du milieu, et les enjeux et contraintes, notamment au niveau économique et relativement à l’aménagement du territoire. Ces réponses, qui serviront à évaluer la pertinence du projet, viendront en 2020, grâce à l’étude d’opportunité dont le processus a été lancé par le gouvernement Couillard en décembre.
Plus inquiétant encore, le chef de la CAQ semble si empressé de construire ce troisième lien qu’il paraît disposé à oublier les règles de gouvernance mises en place à la suite de la commission Charbonneau. Ces règles, qui prévoient plusieurs étapes de vérification et d’approbation par le Conseil des ministres, visent justement à s’assurer de saines pratiques de gestion pour les projets de 100 M$ et plus, et à évaluer la pertinence de chacun. Elles permettent aussi d’éviter les dépassements de coût et d’échéancier. Bien sûr, le processus est plus long, mais il évitera de scandaleux gaspillages de fonds publics comme celui de l’Îlot Voyageur à Montréal, par exemple.
Prudence variable
A contrario, avant d’appuyer un projet de tramway, M. Legault dit souhaiter d’abord connaître les coûts et les estimations d’achalandage. Je l’invite à consulter l’étude sur le Tramway-SRB dévoilée en 2015, qui répondra à plusieurs de ses questions concernant le projet que doit présenter la Ville de Québec d’ici l’été. Le tramway, faut-il le rappeler, y a déjà été étudié en profondeur.
C’était d’ailleurs le projet que privilégiait Québec avant que le gouvernement Charest exige un projet moins coûteux. Bien sûr, on en saura plus d’ici l’été sur le nouveau tracé et les coûts actualisés, mais on ne part certes pas de zéro, comme pour le troisième lien.