Il y aurait actuellement une montée du populisme en France avec Marine Le Pen, et bien entendu aux USA avec Donald Trump, et un peu partout dans le monde. Au Québec, voilà-ti pas que son incarnation est désormais en la personne de… Gabriel Nadeau-Dubois…!
«Populisme»… Que voilà un terme galvaudé à satiété depuis quelque temps, appliqué à presque tout un chacun et, quelle surprise (j’ironise, bien sûr), pratiquement jamais défini, au point qu’on se demande ce qui vaut à telle ou telle personne ce qualificatif méprisant, pour ne pas dire insultant et, à tout le moins, très péjoratif et dévalorisant, sans compter qu’il sert de fourre-tout politique.
Recherches faites sur la signification de ce mot, à l’origine, le populisme avait un sens très positif, je dirais même très démocratique :
En littérature : «École littéraire qui décrit avec réalisme, dans des romans, la vie des milieux populaires.»
En peinture et en cinéma : «Courant pictural et cinématographique qui s'attache à dépeindre la vie des milieux populaires.»
En histoire : «Mouvement politico-social (qui s'est formé en Russie dans les années 1860) qui voulait entraîner l'ensemble de la paysannerie, du peuple, dans la lutte contre le pouvoir tsariste.»
En politique : «Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu'entité indifférenciée.» (réf pour ces 4 définitions: le site CNRTL)
La définition du site La Toupie : «En politique, le populisme désigne l'idéologie ou l'attitude de certains mouvements politiques qui se réfèrent au peuple pour l'opposer à l'élite des gouvernants, au grand capital, aux privilégiés ou à toute minorité ayant "accaparé" le pouvoir... accusés de trahir égoïstement les intérêts du plus grand nombre. Pour les "populistes", la démocratie représentative fonctionne mal et ne tient pas ses promesses. Prônant une démocratie plus directe, ils ont donc pour objectif de "rendre le pouvoir au peuple". Lorsqu'ils sont au pouvoir, les populistes peuvent remettre en question les formes habituelles de la démocratie au profit d'un autoritarisme s'appuyant sur des institutions censées être authentiquement au service du peuple.»
La définition du Grand Robert: «Importance donnée aux couches populaires de la société (en art, en politique, etc.»
Une définition un peu plus teintée, celle du site Liberpedia : «Le populisme est une accusation dont se servent les politiciens au pouvoir (et ceux qui les soutiennent) contre ceux qui leur reprochent de ne pas se servir de leur pouvoir dans l'intérêt du peuple.» Mieux encore, Éric Dupin écrit, dans son texte publié dans le site Slate et intitulé Populiste, une injure riche de sens, «Ce terme est devenu, dans l’espace public, une facilité de langage destinée à disqualifier tous ceux qui ont le malheur de bousculer, d’une manière ou d’une autre, les convenances établies.»
On pourrait donc dire que le populisme consiste à mettre la priorité sur «le monde ordinaire», bien souvent sans pouvoir et exploité par les «élites» tant politiques qu’économiques. Une bonne chose, non? Et comme le signale à juste titre Éric Dupin, «Le sens commun du public retiendra surtout que ces derniers /les populistes/ aiment le peuple ou, à tout le moins, sont attentifs à ses humeurs», ce qui est déjà ça d’acquis. Je rajouterais : attentifs à ce qu’il pense et souhaite.
Mais voilà, ce qui est arrivé, c’est qu’on a complètement perdu de vue ce sens, qu’on l’a carrément dénaturé, qu’on en a fait une horreur servant à disqualifier ses opposants qu’on associe à des démagogues flattant les soi-disant "bas instincts" du peuple (entendez tout particulièrement le nationalisme et la "xénophobie"), peuple considéré comme dangereux, immature, ignare et irrationnel, d’où la nécessité de le contrôler.
Or le peuple n’est pas dupe et un tel mépris à son égard n’est certainement pas sans conséquences, conséquences de plus en plus visibles, et dangereuses. À force de se faire traiter de xénophobe, d’islamophobe, de raciste, d’identitaire frileux, même un peuple tolérant et ouvert en a ras-le-bol à un moment donné et s’insurge : ÇA VA FAIRE, LÀ-LÀ! Nous ne sommes pas xénophobes, bien au contraire, nous accueillons même les immigrants et migrants à bras ouverts, mais nous voulons simplement que vous teniez compte de notre capacité d’accueil et d’intégration. Nous ne sommes pas islamophobes et encore moins anti-musulmans, mais islamistophobes, oui, car nous avons peur, à juste raison, de l’islamisme radical intégriste et politique. Nous ne sommes pas des identitaires «frileux», pas plus – et encore moins - que toutes les communautés qui s’affirment haut et fort, nous sommes tout simplement un peuple avec une histoire, une culture, des valeurs que nous tenons à faire respecter, point à la ligne. Et ainsi de suite pour toutes les injures qui pourraient nous êtres faites. Continuez vos accusations et vous verrez se multiplier des groupes comme «La meute».
Décidément, on devrait redonner ses lettres de noblesse au mot «populiste» et qui s’en voit traité devrait répliquer : «Oui, je le suis, car je respecte le peuple et tient compte de ce qu’il souhaite de mieux pour lui!»
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9 commentaires
Thérèse-Isabelle Saulnier Répondre
19 mars 2017À lire, en complément:
Simon-Pierre Savard-Tremblay, Le populisme, c'est défendre le peuple
http://www.journaldemontreal.com/2017/03/20/le-populisme-cest-defendre-le-peuple
Archives de Vigile Répondre
17 mars 2017Voilà qui remet les pendules à l'heure. A force de torturer les sens des mots, on finit par ne plus trop savoir ce qu'on dit au juste. Encore cette semaine, le Téléjournal nous parlait de "populisme" à tout venant, dès lors qu'on évoquait une personnalité "menaçante".
J'apprécie au plus haut point, par ailleurs, la seconde partie du texte, qui nous situe quant au débat sur l'accueil des immigrants au Québec. Mais non, nous ne sommes pas xénophobes. Mais nous avons quand même une identité !
Archives de Vigile Répondre
16 mars 2017Merci pour ce beau texte que je trouve adéquat.
Le Québec a toujours été, dans son Histoire un
ensemble de Gens généreux et accueillants.
Une des plus belle démonstration se retrouve dans
une ¨pièce antique¨qui se nomme un Banc de Quêteux.
Pièce unique sur cette planète.
Pour nos Anciens, il était inimaginable de laisser une personne
sans aide.
C`est encore le cas.
Yves Corbeil Répondre
12 mars 2017Est-ce possible une démocratie constituante d'origine citoyenne. Si on en vient pas à ce genre de démocratie, on est condamné à poursuivre la médiocrité dans laquelle nous sommes pris en otage par manque d'alternative autres que ceux proposés de nos systèmes en place.
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
Toutes personnes qui aspirent à s'impliquer dans sa société activement devrait avoir pris connaissance de l'oeuvre de Simone Weil.
http://agora.qc.ca/Dossiers/Simone_Weil
Et aussi de ce condensé au sujet des partis politiques.
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/Simone_Weil_Note_sur_la_suppression_generale_des_partis_politiques.pdf
Car la vérité et la justice ne peuvent pas venir d'un organisme qui recherche le pouvoir de convaincre au lieu de juste faire régné la justice dans la vérité.
Yves Corbeil Répondre
12 mars 2017https://www.youtube.com/watch?v=YR5ApYxkU-U&list=RD7I0vkKy504U&index=15
Malgré tous les efforts de certains, on ne reviendra pas à cette époque car je suis convaincu que la génération qui s'en vient ne laissera pas cela arriver.
Yves Corbeil Répondre
12 mars 2017J'espère que mon précédent commentaire en aidera certains dans le choix de leur prochain député.
Car notre représentation commence avec notre député et c'est à nous de faire pression sur lui pour qu'il nous représente au sain de son parti avec ce que nous avons convenu durant sa campagne.
Une nouvelle génération de gens sont aux portes de la fonction publique, il faut leurs ouvrir toutes grandes pour que le cauchemar de déshumanité des dernières décennies prenne fin s'efface à jamais de nos civilisations.
Regarder tout le tour de vous et dîtes mois pas que c'est humain cette façon d'agir avec les vieux, les démunies, les pauvres et les gens qui crèvent de fin partout ailleurs sur la planète.
On nous parlent de la pire crise humanitaire que notre monde est jamais connu et qu'arrivera-t-il (...)
Ils est temps que la génération suivante prenne le pouvoir car le règne de celle-ci au pouvoir est un échec monumentale.
Yves Corbeil Répondre
12 mars 2017Désolé madame, je suis de la génération de ceux qui vivaient et agissaient au lieu de critiquer. On a pas été parfait loin de moi l'idée de le prétendre mais on a quand même fait assez bouger la société à notre époque. Depuis les 25, 30 dernières que c'est-il passé?
http://quebec.huffingtonpost.ca/gaetan-bouchard/ma-generation-passee-aux-x_b_15262290.html
Lisez le, naturellement ça s'applique pas à tous le monde comme ce qui est arrivé durant ma génération mais en générale ça reflète bien les époques et l'espoir est devant nous avec les prochain qui remplaceront c'est X au pouvoir.
https://www.youtube.com/watch?v=7I0vkKy504U&list=RD7I0vkKy504U#t=2
Bonne journée madame
Archives de Vigile Répondre
11 mars 2017À mon avis, la définition de La Toupie est la plus précise. En effet, tout dépend dans quel contexte on utilise le populisme. C'est un outil politique qui dépend de l'utilisateur.
"Lorsqu’ils sont au pouvoir, les populistes peuvent remettre en question les formes habituelles de la démocratie au profit d’un autoritarisme s’appuyant sur des institutions censées être authentiquement au service du peuple." - La Toupie
C'est le cas de Gabriel Nadeau Dubois et indéniablement des élites religieuses et des partis politiques. Comment diable imaginer un parti politique non-populiste ?
Les "mouvements politiques" sont au sein de la population et donc sans pouvoir. Ce ne sont pas des "élites" (reconnus par les pouvoirs : politique, mediatique, universitaire). C'est donc le populisme authentique.
Mais ces mouvements peuvent aussi être indirectement manipulés par les trois pouvoirs.
C'est pourquoi les accusations de populisme fusent de tous les côtés. Les trois pouvoirs s'accusent d'entretenir des mouvements populistes. En fait ils sont tous coupables et le savent.
La victoire appartient à celui qui réussira à sortir de la bataille avec le moins de dommage et donc le plus de votes.
Gaston Carmichael Répondre
11 mars 2017Le populisme est tellement à la mode, que même Justin y a recours:
http://quebec.huffingtonpost.ca/justin-trudeau/preoccupations-justin-trudeau_b_15282276.html