Malorie Beauchemin et Louise Leduc - Sous la pression unanime des trois partis politiques représentés à l'Assemblée nationale, le directeur général des élections du Québec s'est inscrit, hier, en contradiction avec son homologue canadien: il a interdit que les électrices puissent avoir le visage voilé lorsqu'elles voteront à l'élection partielle dans Charlevoix. Marcel Blanchet réclame aussi un amendement à la loi électorale, pour éviter toute confusion à l'avenir.
Au lendemain de la décision d'Élections Canada de permettre aux femmes voilées de voter sans se découvrir le visage, libéraux, péquistes et adéquistes sont tous montés au créneau. Au Québec, le même débat avait soulevé les passions lors de la dernière campagne électorale. Le directeur général des élections du Québec (DGEQ), M. Blanchet, avait finalement usé de son pouvoir spécial pour forcer, le 26 mars, les électrices voilées à montrer leur visage à des fins d'identification.
Le tollé soulevé hier au Québec a amené le DGEQ à répéter, en après-midi, ce décret pour l'élection partielle qui aura lieu dans Charlevoix le 24 septembre.
«Il faut faire en sorte que chaque personne qui se présente pour exercer son droit de vote soit clairement identifiée, a dit le premier ministre Jean Charest, de passage en matinée à Sherbrooke. Je ne comprends pas pourquoi on mettrait en pratique au fédéral une telle politique.»
Pour le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, voir le visage de l'électeur qui se présente au bureau de votes est «non négociable». Même son de cloche chez la chef du Parti québécois, Pauline Marois, qui juge que c'est une question de principe. Elle admet toutefois que le problème risque peu de se produire dans la circonscription de Charlevoix.
Le DGEQ propose quant à lui au gouvernement d'agir rapidement pour modifier la Loi électorale, afin qu'il n'y ait plus aucune confusion quant à la possibilité de voter sans montrer son visage. Le Parti québécois avait aussi réclamé en matinée que des modifications soient apportées dès cet automne. Le ministre responsable de cette loi, Benoît Pelletier, s'est dit disposé à changer la loi «si nécessaire». Il a affirmé qu'il faut d'abord qu'un comité consultatif se penche sur l'interprétation de la loi dans sa forme actuelle. «S'il s'avérait que des changements législatifs s'imposent, on n'hésitera pas à les apporter afin de s'assurer qu'une personne qui a le visage couvert ne puisse pas voter, a dit le ministre Pelletier. Le principe qui est à la base de tout ça nous semble trop important, c'est l'identification des électeurs.»
Vu l'unanimité des partis dans le dossier, le gouvernement pourrait agir «assez rapidement», a souligné M. Pelletier.
Éviter le cirque
La décision du Directeur général des élections du Québec d'interdire le vote à visage couvert au scrutin partiel de Charlevoix n'a rien à voir avec la nécessité d'éviter la fraude électorale. En fait, niqab ou pas, les électeurs continuent de pouvoir voter, au fédéral comme au provincial, sans présenter de carte d'identité avec photo.
«C'est pour éviter que l'élection tourne au cirque et assurer l'intégrité du vote que la décision a été prise, a déclaré Denis Dion, porte-parole du Directeur général des élections du Québec. C'est parce que les annonceurs radio incitent le monde à perturber le vote, à foutre le bordel (), c'est parce que le DGE a reçu des courriels de menaces, c'est pour éviter que les électeurs soient pris dans des incidents le jour du vote», a lancé M. Dion.
Si le port d'un niqab est légal, «la chose n'est pas acceptée au Québec», fait observer M. Dion.
Aux élections provinciales comme aux fédérales, une personne, qu'elle soit voilée ou pas, peut très bien voter sans pièce d'identité avec photo si elle est accompagnée d'une personne qui, sous serment, attestera qu'il s'agit bien de l'électeur inscrit sur la liste.
Ainsi, la personne qui se verra contrainte, aux élections provinciales, de se dévoiler pourra très bien, par ailleurs, ne pas présenter de carte d'identité avec photo.
Au contraire, la photo est incontournable quand il s'agit d'obtenir un permis de conduire, une carte d'assurance maladie ou un passeport.
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