Lia Lévesque - Le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, crie à la provocation devant la décision d'Élections Canada de permettre de voter avec le visage voilé lors des élections complémentaires fédérales du 17 septembre au Québec.


Lors d'une rencontre avec la presse, vendredi à Montréal, M. Paquette a remis une lettre de protestation officielle que le Bloc a adressée à Élections Canada.
Dans cette lettre, l'organisateur électoral en chef du Bloc, Mario Laframboise, se dit consterné devant cette autorisation à voter en portant un niqab ou une burqa. Il qualifie la décision d'inadmissible et demande à Élections Canada de revenir sur sa décision.
À Montréal, le leader parlementaire du Bloc était outré. «Il y a quelque chose d'un peu provocateur à faire en sorte qu'un débat qui a été conclu au Québec et qui s'est conclu par le fait que tout le monde doit voter à visage découvert soit remis en cause par Élections Canada, dans le cadre d'élections partielles qui n'ont lieu qu'au Québec. Là, il s'agit, à mon sens, presque d'un geste qui frôle la provocation», a tonné Pierre Paquette.
Élections Canada a annoncé, jeudi, qu'elle avait statué que les femmes portant un voile islamique qui cache entièrement leur visage pourront voter dans cette tenue, lors des trois élections partielles, et ce, sans montrer leur visage. Ces femmes devront alors s'identifier en présentant deux pièces d'identité ou en étant accompagnées d'un électeur qui confirme leur identité.
Trois élections complémentaires fédérales auront alors lieu dans Outremont, Saint-Hyacinthe-Bagot et Roberval-Lac Saint-Jean.
«Sur le fond de la question, la loi doit être respectée et la loi dit qu'on doit voter en s'identifiant. Et ça ne peut se faire qu'à visage découvert», a plaidé M. Paquette.
Différence de visions
Le leader parlementaire du Bloc québécois y perçoit une différence fondamentale entre les visions québécoise et canadienne de l'intégration. «La nation québécoise a une perception de l'intégration qui est différente de celle du Canada, qui elle vise le multiculturalisme. Ce que ça révèle, une fois de plus, c'est que la nation québécoise et la nation canadienne ont une vision de leur avenir totalement différente», a dit M. Paquette.
«C'est une lubie de fonctionnaires fédéralistes à Ottawa qui ont une conception de la société qui n'est pas celle des Québécois et des Québécoises», a-t-il ajouté.
En réplique, le porte-parole d'Élections Canada, John Enright, a affirmé que tous les partis politiques enregistrés avaient été prévenus cet été, lors d'un appel conférence, des mécanismes qu'Élections Canada souhaitait instaurer pour le scrutin. «Les partis étaient très bien au courant. Ils savaient comment nous allions procéder», a dit M. Enright.
À Québec, le Directeur général des élections, Marcel Blanchet, a pour sa part décidé vendredi d'utiliser encore une fois ses pouvoirs extraordinaires afin d'obliger toute électrice voilée à montrer son visage si elle veut voter à l'élection partielle de Charlevoix, le 24 septembre.
C'est ainsi que M. Blanchet avait procédé pour mettre un terme à la crise lors des élections générales du printemps dernier au Québec.