« Ceux qui ne connaissent pas l’histoire sont condamnés à la répéter », dit l’adage.
Aucun événement n’illustre mieux ce dicton que ce qui s’est passé au Festival de Cannes il y a 50 ans.
Le plus con des maoïstes
Rappelons les faits.
En mai 1968, Paris est à feu et à sang.
Les jeunes descendent dans la rue par milliers et demandent la démission du général de Gaulle, ex-héros de la Deuxième Guerre, considéré par la génération yéyé comme un vieux schnock réactionnaire.
Fascinés par la Chine qui, selon eux, se situe à l’avant-garde de la révolution ouvrière (une révolution qui fera 36 millions de morts, gracieuseté de Mao Zedong, le plus grand tueur en série de l’histoire de l’humanité), les gauchistes fils-à-papa s’amusent à incendier des voitures et à lancer des pavés aux flics.
À 907 kilomètres de là, le Festival de Cannes bat son plein sous un soleil de plomb.
On ne peut imaginer deux événements plus différents.
Mai 68, c’est la révolution, l’occupation des universités et les discours-fleuve chantant les vertus de Lénine et de Hô Chi Minh.
Cannes, c’est les stars à moitié vêtues, les journaux à potins et les paillettes.
Afin d’appuyer « leurs camarades qui se battent pour libérer les ouvriers de France et préparer la révolution », Jean-Luc Godard (baptisé à juste titre « le plus con des Suisses prochinois ») et François Truffaut s’accrochent aux rideaux de la scène du Grand Palais de Cannes et demandent illico l’interruption du Festival.
« Je vous parle de solidarité avec les travailleurs et les étudiants, et vous me parlez de travelling et de gros plans, hurle Godard aux cinéphiles de la Croisette. Vous êtes des cons ! »
Vous entrez ? On en sort !
Or, pendant que Godard-le-bourgeois se prenait pour un grand leader révolutionnaire, quels cinéastes le regardaient en se grattant la tête et en se demandant quelle mouche l’avait piqué ?
Le Polonais Roman Polanski (34 ans à l’époque) et le Tchèque Milos Forman (36 ans).
La Révolution communiste, eux, ils connaissaient ce que c’était.
Ils en sortaient. Ils étaient tout contents de faire la fête à Cannes, loin du cauchemar soviétique.
Ils regardaient Godard s’exciter en parlant de Marx, de Mao et de Lénine, et se disaient : « Non, mais quel con ! Quel cave ! Sait-il au moins ce qui se passe derrière le rideau de fer ? »
Polanski et Forman sortaient de l’URSS, et Godard, lui, voulait y entrer !
Eux avaient quitté l’enfer, et l’autre bozo, qui était invité dans les plus beaux hôtels, parlait de la Russie communiste comme d’un paradis !
Le marteau et la faucille
Je pense beaucoup à cette scène, ces temps-ci.
Car un demi-siècle plus tard, nous assistons à la répétition de cet événement.
Un peu partout en Occident, des jeunes de 20 ans défilent en brandissant le marteau et la faucille ! En vantant les mérites du communisme !
Non, mais ça ne va pas ? Sur quelle planète vivez-vous, au juste ?
Mais que voulez-vous...
Comme le dit l’adage : « Ceux qui ne connaissent pas l’histoire sont condamnés à la répéter... »
Et ces jeunes-là, visiblement, ne connaissent rien à l’histoire.