Au-delà des mauvaises querelles que nous infligent des idéologues convaincus que le Québec est un peuple fermé, la Saint-Jean devrait d’abord et avant tout nous permettre, chaque année, de célébrer le miracle québécois.
Par miracle québécois, j’entends cette aventure remarquable qui nous a vus prendre racine en Amérique il y a plus de 400 ans, et surtout, qui nous a vus résister et rester en vie comme peuple après la Conquête anglaise de 1760.
On a tendance à oublier, aujourd’hui, à quel point notre survie n’allait pas de soi.
Histoire
Les Britanniques, après la Conquête, voulaient en finir avec nous et nous noyer démographiquement. Ils n’y sont pas parvenus. Mais nous avons dû nous reconstruire sous la tutelle d’une souveraineté étrangère, qui n’était en rien bienveillante à notre endroit.
Et pourtant, nous avons su bâtir des institutions et profiter des circonstances historiques comme la révolution américaine pour développer partiellement notre autonomie, sans jamais y parvenir totalement. Avec les patriotes, nous avons cru pouvoir nous libérer. La répression fut brutale. Et pourtant, encore une fois, nous ne nous sommes pas couchés. Chaque génération a fait ce qu’elle a pu pour garder notre identité vivante.
J’admire nos ancêtres qui n’ont jamais cédé.
Avec la Révolution tranquille, nous avons cru de nouveau arrivé le temps de notre libération. Que d’avancées alors pour notre peuple !
C’est de cette période que viennent nos vrais classiques, qui parlent chaque fois de liberté. La bitt à Tibi, L’Alouette en colère, Les gens de mon pays, Le chemin du Roy : chaque fois, nos grands ont chanté un peuple s’appropriant son pays et ne s’excusant plus d’exister.
Maîtres chez nous ! Égalité ou indépendance ! Vive le Québec libre ! Ces formules ont marqué profondément la conscience collective.
Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.
Plusieurs voulurent l’indépendance sans y parvenir. Certains espérèrent néanmoins trouver un compromis avec le Canada. Ils crurent au mythe des deux nations et voulurent réformer la constitution dans cet esprit. Ils échouèrent et le poids du Québec dans le Canada ne cesse de régresser.
La division des nationalistes, depuis 60 ans, a permis la victoire des trudeauistes.
Et nous constatons, ces années-ci, que les avancées de la Révolution tranquille se désagrègent devant nous. Montréal s’était francisée. Elle se défrancise à grande vitesse. Le mépris anti-québécois est de retour. On sent qu’il sera bientôt trop tard.
Peut-être est-ce pour cela qu’on sent renaître le vieil appel de l’indépendance.
Indépendance
Plus d’un quart de siècle après l’échec référendaire de 1995, après avoir constaté aussi l’échec de l’autonomisme de François Legault, et constatant chaque jour à quel point le multiculturalisme canadien est en train de parachever le travail de la Conquête en les détruisant comme peuple, les Québécois se rappellent qu’ils ont déjà voulu disposer d’un pays où ils ne seraient plus obligés de s’excuser d’exister.
Tel devrait être le message de la Saint-Jean. C’est le seul qui vaille.