Drummondville — Animé par la vengeance, le dirigeant d’une firme de génie-conseil qui a impliqué son mari, Claude Blanchet, dans une affaire de financement illégal du Parti québécois souhaite le retour au pouvoir des libéraux, a avancé mardi Pauline Marois.
« L’ennemi numéro 1 du camp de la corruption, c’est un gouvernement du Parti québécois » qui a adopté des lois « très sévères » pour contrer la corruption et la collusion, a affirmé la chef péquiste. « On nous en a beaucoup voulu parce que plusieurs personnes ont beaucoup perdu. »
Le témoignage de ce dirigeant, dont l’identité n’a pas été révélée mais qui est contenue dans une déclaration assermentée, a fait l’objet d’un reportage à Radio-Canada lundi. « Qui croire entre Marc Bellemare, qui a dénoncé les agissements des libéraux et la corruption, et cette personne qui se cache et qui a manifestement été impliquée dans la collusion et qui souhaite, sans doute, le retour des libéraux ? », a-t-elle dit, en évoquant la prise de position de l’ex-ministre libéral, Marc Bellemare, qui estime que le Parti libéral du Québec (PLQ) ne passe pas le test de l’intégrité et qu’il faut voter pour le Parti québécois (PQ).
Des lois «respectées»
Pauline Marois a précisé qu’elle n’avait aucune idée de l’identité de ce dirigeant. Il s’agit d’une personne « qui, à quelques jours du vote, est soudain prise d’une crise de conscience. Posez-vous la question : pourquoi maintenant ? Pour moi, c’est très clair. Nous sommes en face de quelqu’un qui veut se venger et qui souhaite stopper le ménage entrepris par mon gouvernement », croit la chef péquiste.
Selon Radio-Canada, Claude Blanchet aurait sollicité un dirigeant d’une firme de génie-conseil pour obtenir 25 000 $ afin de financer, à l’aide de prête-noms, la campagne à la chefferie de son épouse en 2007, une campagne avortée faute d’adversaires. En 2008, son mari aurait reçu d’un autre dirigeant une somme de 5000 $ pour le PQ. Ni elle, ni son mari, ni son parti n’ont quelque chose à se reprocher, a soutenu la chef péquiste. « Nous nous assurons toujours, mon mari y compris, qu’il n’y a pas de prête-noms et jamais, jamais, jamais, jamais nous ne demandons à qui que ce soit de ne pas respecter les lois. »
Si son conjoint s’est occupé du financement du parti « à différents moments », Pauline Marois a indiqué qu’elle était « certaine » qu’il ne l’avait pas fait pour sa course à la chefferie en 2007.
Poursuite envisagée
Affirmant qu’elle ne voulait pas remettre en question le travail du journaliste Alain Gravel, la chef péquiste a toutefois indiqué que son mari envisageait de poursuivre Radio-Canada. « Ce sera à lui de prendre la décision », a-t-elle dit.
Le chef du PLQ, Philippe Couillard, estime que Claude Blanchet doit fournir d’autres explications. « Je fais juste remarquer la discordance entre ce qu’on a entendu et les prétendues déclarations de pureté du Parti québécoisdepuis deux ou trois ans », a-t-il souligné.
Pour le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, les allégations sont graves. Cependant, il « laisse le bénéfice du doute » au couple Marois-Blanchet.
Le chef caquiste a toutefois dit trouver « très malheureux » de voir les Québécois élire un nouveau gouvernement avant même que la commission Charbonneau ait pu faire « toute la lumière » sur le financement des partis politiques québécois. « S’ils portent au pouvoir le Parti québécois ou le Parti libéral du Québec, les Québécois risquent d’avoir un “mal de tête” au lendemain du scrutin », a-t-il averti.
La co-porte-parole de Québec solidaire Françoise David en a profité, mardi, pour inviter les électeurs à « faire le ménage » le 7 avril prochain. Elle estime qu’il est temps de délaisser les partis « usés par le pouvoir ».
Avec Mélanie Loisel, Marco Bélair-Cirino et Guillaume Bourgault-Côté
ALLÉGATIONS DE FINANCEMENT ILLÉGAL
Une vengeance du «camp de la corruption»?
Pauline Marois réitère l’intégrité du PQ et de son mari, Claude Blanchet
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