Une survivante implore les élus d’agir

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La loi contre la prostitution n'est pas respectée


Rose Sullivan, 37 ans, souffre encore d’un stress post-traumatique et est incapable d’occuper un emploi conventionnel cinq ans après être sortie de l’enfer de la prostitution. Son message aux élus était simple, mercredi : agissez.  


«Vous avez vraiment, vraiment plus de moyens et de pouvoirs que nous pour faire avancer la situation et j’espère très fort que vous allez en profiter, en faire bon usage», a répondu Mme Sullivan à la députée libérale Christine St-Pierre, qui lui demandait quel message, à titre personnel, elle souhaitait livrer à la commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.   


À l’âge de seulement 14 ans, Rose Sullivan était entraînée dans cet univers malsain. Elle avait répondu à l’annonce d’un restaurant de la région montréalaise qui était à la recherche de «serveuses sexys». Des clients «s’essayaient» pour obtenir des faveurs. Elle refusait. Puis, elle a ensuite accepté divers contrats de photographies.   


«Je n’avais pas l’impression, dans le temps, que c’était de la prostitution, mais aujourd’hui, je me dis, câline, s’il faut que ma fille fasse ça à 14 ans, je vais capoter...», confie-t-elle en entrevue, après son exposé.   


Pas libre  


«C’est plus à 27, 28 ans que là, j’ai comme plongé à fond [dans la prostitution]», raconte-t-elle. C’est une violente agression sexuelle qui l’a finalement convaincue de fuir ce milieu.   


«J’ai réalisé que je n’étais pas libre et que je me faisais exploiter. J’avais beau être indépendante, et à mon compte, j’ai réalisé que je n’avais pas vraiment de pouvoir parce que j’avais besoin d’argent. Mon besoin faisait en sorte que je dépendais des clients.»   


Une fois cette décision prise, une montagne de difficultés attend les victimes, décrit Mme Sullivan. Souvent, elles sont plongées dans une pauvreté criante ou se butent à un système de santé mal adapté.   


«Il a fallu que je sois complètement suicidaire pour que l’hôpital me garde [...], il aurait fallu que je sois prise en charge beaucoup plus rapidement», dit-elle.   


Les délais pour rencontrer certains spécialistes dans le réseau public, par exemple des sexologues, est aussi trop long, selon elle.  


Aujourd’hui, elle vit de l’aide sociale qui lui remet 660 $. «La pauvreté, c’est ce qui nous amène dans la prostitution, c’est ce qui nous maintient dedans et c’est aussi une des choses qui font qu’on y retourne», souligne-t-elle.   


Recommandations  


La présentation de cette mère de famille, à l’Assemblée nationale, a beaucoup touché les élus de la commission. Au jour trois des consultations publiques, c’est la première survivante qui était entendue.   


Au nom du Collectif d'aide aux femmes exploitées sexuellement, qu’elle a fondé après avoir échappée au travail du sexe, Rose Sullivan a fait plusieurs recommandations : lutter contre la pauvreté, lancer des campagnes de sensibilisation, multiplier les opérations contre les clients-abuseurs, ou encore appliquer les lois déjà existantes.   


Elle espère que la commission débouchera sur des mesures qui aideront toutes les victimes, pas seulement les mineurs, car, croit-elle, «exploiter une personne vulnérable, c’est odieux et criminel, peu importe l’âge qu’elle a ».




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