David Suzuki lors d'un passage à Montréal en septembre dernier. Photo: Bernard Brault, La Presse
Laure Waridel, Steven Guilbault, Stephen Bronfman, Desiree McGraw, Hugo Latulippe, Karel Mayrand, Hubert Reeves, Bernard Voyer, André Boisclair et les Cowboys fringants
«Un petit japanouille à barbiche, un autre emmerdeur de la côte Ouest, véritable professeur Tournesol de l'écologisme bien-pensant, débarque à Montréal pour nous dire, en anglais, qu'il est déçu des Québécois. Reste donc chez vous, chose, pis crisse-nous patience avec ton mépris colonialiste.» (Pierre Falardeau, ICI, 16 octobre 2008)
Par un bel après-midi de 1942, un petit garçon de 6 ans ouvre la porte de sa maison sur laquelle on cogne avec insistance. Il passera les prochains mois de sa vie de jeune enfant dans un camp d'internement pour Japonais avec sa mère et ses soeurs, séparé de son père. Le premier chapitre de sa biographie s'intitule: «Mon enfance heureuse dans une province raciste».
David Suzuki est né à Vancouver en 1936 de parents d'origine japonaise, eux aussi nés au Canada. David a grandi en subissant les préjudices et la discrimination que ce pays a fait subir aux minorités et aux communautés issues de l'immigration, génération après génération.
Devenu un scientifique respecté dans les années 60, David Suzuki s'élève au-delà de la frustration et du ressentiment qu'auraient pu lui laisser ses souvenirs d'enfance. Il devient un communicateur hors pair et un scientifique engagé qui a contribué à initier des générations entières de Canadiens à la science, à la connaissance et à élever leur conscience, notamment à travers l'émission The Nature of Things.
Pionnier du mouvement environnemental mondial, David Suzuki a consacré sa vie à défendre une vision qui transcende les frontières et les communautés. Cette vision est simple: nous faisons tous partie d'une chaîne naturelle dont tous les maillons sont interdépendants.
Citons ici M. Suzuki: « Nous sommes la Terre, par les plantes et les animaux qui nous nourrissent. Nous sommes la pluie et les océans qui coulent dans nos veines. Nous sommes le souffle des forêts et des plantes de la mer. Nous sommes des humains, animaux reliés à toutes les formes de vie, descendants des cellules originales. Nous partageons avec elles une histoire commune écrite dans nos gènes.»
Dans les années 80, avec sa femme Tara Cullis, il défend la cause de l'environnement et des peuples autochtones de la côte Ouest qui subissent jour après jour des injustices de la part des autorités gouvernementales et des compagnies forestières, injustices qui ne sont pas sans lui rappeler ses origines.
À la suite de cet engagement, il est intimidé, subit des menaces. Des coups de feu sont tirés à travers les fenêtres de sa maison. Il poursuit quand même sa lutte pour la nature, contre l'injustice, et donne son nom à une fondation qui est aujourd'hui l'une des plus importantes organisations environnementales au Canada.
Aujourd'hui encore, il continue inlassablement à transmettre la connaissance, à éveiller les consciences, en dépit des attaques personnelles et de l'intimidation dont font souvent preuve des adversaires à court d'arguments.
D'enfant prisonnier à icône canadienne, David Suzuki a transcendé les barrières de ce pays et de son identité pour porter une vision: le rêve d'une humanité juste et en harmonie avec l'environnement qui soutient l'équilibre sacré de la vie sur Terre. Pour cela il mérite notre respect et notre gratitude.
David Suzuki est une source d'inspiration pour nous et pour des millions d'autres.
Merci David.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé