Une SLAPP du gouvernement Charest contre les grévistes étudiants.

Tribune libre

La cohésion sociale du Québec se désintègre sous les coups de butoir de l’État et de certains médias qui ont intérêt à diviser la population sur des enjeux majeurs de société. L’action des étudiants a d’ailleurs fait l’objet d’une campagne médiatique de dénigrement qui dans certains cas, frise carrément la propagande haineuse. Enragées, par les perturbations causées par les grévistes étudiants, et crinquées par nos « radios mille collines» locales, des gens en sont rendus à s’en prendre physiquement aux jeunes qui protestent.
C’est du jamais vu ça depuis la crise d’Oka, alors que des images d’une foule tirant rageusement des pavés sur des voitures conduites par des autochtones à l’entrée du pont Mercier avaient fait le tour du monde.
Le but de l’opération est clair. Étouffer le mouvement étudiant. Les autorités n’ont pas aimé voir deux cent mille personnes dans les rues de Montréal la semaine dernière. Le mécontentement inquiète grandement dans les hautes sphères de l’État. Tous les moyens sont donc mis en branle pour venir à bout d’essouffler le mouvement. Harcèlement policier, profilage, arrestations, vérifications abusives des identités, intimidation, photographies et fichage des manifestants, etc.
À l’entrée du pont Drouin à Québec ce matin, une auto-patrouille avec deux policiers arrêtait sans raison tout ce qui pouvait ressembler à un étudiant. D’autres véhicules patrouilles étaient sur la rue de la Couronne, la rue Dorchester et la rue Sainte-Hélène. But de l’opération, bloquer l’accès aux étudiants à la manif de la rue Saint-Jean.
Parallèlement, les contraventions se distribuent par dizaines de milliers. Des constats d’amendes de près de 500 dollars pour des gestes soi-disant illégaux comme bloquer un pont ou une autoroute pendant quelques minutes sont émis par centaines.
On assiste aussi à un usage abusif de la loi et des tribunaux pour tuer le mouvement étudiant. Des étudiants contre la grève ont fait des demandes d’injonctions interlocutoires pour avoir le droit disent-ils « d’aller à leurs cours ». Or, qui croira que ces étudiants ont les moyens de se payer seuls des avocats et les frais judiciaires exorbitants qu’exige une demande d’injonction? Rompus à la défense du droit individuel, les magistrats émettent des ordonnances pour faire valoir aux dépens de la majorité, les droits de quelques égoïstes défendant leur petite cause personnelle. Pas besoin d’un bac universitaire pour comprendre qu’il s’agit d’une action télécommandée et même probablement payée par des tiers.
Il faut lire ce que dit le site Wikipedia sur ce qu’il est connu d’appeler une SLAPP pour comprendre que l’on est face à une forme d’instrumentalisation des forces de l’ordre et des tribunaux au service d’un État dépourvu devant l’ampleur du mouvement étudiant.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Poursuite_strat%C3%A9gique_contre_la_mobilisation_publique
Le gouvernement Charest et la ministre Beauchamps peuvent faire dans le légalisme tant qu’ils voudront pour essayer de décourager les contestataires. Cela n’enlèvera pas un iota de légitimité au mouvement étudiant contre une hausse ignoble et injustifiée des frais de scolarité. Un titulaire de diplôme universitaire comptera pour 8% des dépenses de l'État durant toute sa vie. Ces diplômés représentent 15% de la population mais comptent pour 35 % des recettes fiscales. L'éducation est donc un maudit bon placement. Mais au delà des chiffres, c'est la culture même du savoir qui est attaquée par la mesure de la ministre Beauchamps et du gouvernement Charest.
L’attitude du gouvernement et des autorités ne fait que démontrer le mépris grandissant que l’État entretient à l’égard de certaines classes de citoyens.
Cela confirme aussi qu'il n’a aucun respect face au peuple. La ministre de l’Éducation n’a fait que dénigrer le mouvement étudiant dans ses adresses aux médias. Elle a remis en question la légitimité des votes en faveur de la grève, mais bien entendu, pas ceux contre le mouvement. C’est connu que le gouvernement se sert de la démocratie seulement quand cela fait son affaire. Jamais elle n’a voulu prendre ses responsabilités et débattre sur le fond de la question, incapable qu’elle est de justifier l’injustice.
Les tactiques pour venir à bout d’écraser le mouvement étudiant sont méprisables et révoltantes. Le gouvernement Charest se croit légitimé par son mandat. C’est là une réponse facile et enfantine pour esquiver le dialogue et un véritable débat. D’autres croient qu’il faut maintenir la ligne dure, une façon de faire qui en plus de diviser profondément la société, renforce chez les étudiants le sentiment de frustration et la colère.
Toutes ces actions à l’encontre du mouvement étudiant ne font que démontrer que l’État est non seulement incapable de discuter avec le peuple, mais aussi, qu’il est à court d’arguments. On peut croire tant qu’on voudra aux méthodes à coups de pieds au cul. Les coups sont souvent proportionnels à la grosseur du mensonge. Si le gouvernement Charest pense que c’est en agissant de cette façon qu’il s’attirera l’approbation de la société québécoise, il se trompe royalement. Les élections s’en viennent à grands pas et nous nous souviendrons.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 avril 2012

    Là où le système corrupto-libéral ne cache même plus son vrai visage de despote, c'est quand il utilise le pouvoir arbitraire de ses juges pour écraser un mouvement étudiant carburant essentiellement aux valeurs démocratiques. Il est quand même inimaginable, en 2012, dans une société dite de droit, que des personnages non élus puissent soutenir les prétentions d'individus qui n'acceptent pas qu'une majorité de leurs semblables ait par vote décidé d'exercer un droit collectif, en l'occurrence celui de faire grève pour contrer une décision inique et antisociale. Ces juges, ne nous trompons pas, ont été mis sur leur banc à pontifier parce qu'ils ont rendu des services à des politiciens qui les ont récompensés par la méthode du «post-in», comme il a été démontré dans la cause Charest contre Bellemarre. Et n'est-ce pas le bon juge Robert et grand militant du parti libéral qui disait qu'il fallait qu'ils se choissent entre eux... dans l'intérêt de la «justice» (?!).

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    Pour faire suite à la lecture de votre billet, j'ai bien failli vous envoyer un commentaire de 300 pages, tellement j'en ai à dire pour appuyer vos propos, comme si ça allais faire disparaître Charest et sa clique comme par magie.
    Mais, peu m'importe qui a amorcé le mouvement étudiant, je me contenterai de vous écrire que je suis de l'avis de Monsieur Gignac.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    Monsieur Lévesque
    Nous vivons dans un état fasciste qui ressemble de plus en plus à une dictature. Les jours de ce gouvernement corrompu, au service des oligarques, sont comptés; la population devrait joindre les rangs de la contestation estudiantine pour lui asséner son K.-O. final. DÉCAMPE CHAREST!!!
    André Gignac 31/3/12