Manifestation violente à Victoriaville

Une enquête publique est réclamée

Brutalité policière - Profilage politique

Lisa-Marie Gervais - Alors que quelques centaines de personnes opposées à la hausse des droits de scolarité ont marché dans les rues de Montréal hier, pour une seizième soirée de suite de nombreuses organisations ont demandé la tenue d’une enquête publique sur l’intervention policière lors de la manifestation de vendredi dernier à Victoriaville.
À RETENIR
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Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer la tenue d’une enquête indépendante sur la manifestation qui a dérapé dans une rare violence vendredi dernier à Victoriaville, en marge du conseil général du Parti libéral du Québec (PLQ). C’est ce qu’ont demandé hier deux partis d’opposition, Québec solidaire et le Parti québécois, ainsi que la Ligue des droits et libertés et la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, remettant ainsi en question le travail des agents de la Sûreté du Québec (SQ).
Les projectiles qui ont gravement blessé trois manifestants (Alexandre Allard, Maxence L. Valade et Dominique Laliberté) lors de l’émeute ont-ils été tirés par des policiers de la SQ ? Oui, à en croire ces organisations. Elles en veulent pour preuve une vidéo filmée par un vidéaste amateur, Will Ray. L’image n’est pas nette, mais on y perçoit néanmoins un policier antiémeute qui pointe son arme en direction d’un manifestant qui tient une banderole et son collègue qui le montre du doigt. La caméra finit par montrer le jeune homme qui est par terre, le visage ensanglanté.
Ces images troublantes ont été montrées hier lors d’une conférence de presse mouvementée et haute en émotion, au cours de laquelle différentes personnes présentes lors des événements, dont des infirmières secouristes, ont dénoncé la violence dont elles ont été témoins. Pour elles, pas de doute : la police était mal préparée et a mal agi.
« Les forces policières ont fait un travail catastrophique et épouvantable et ont mis en danger la vie des gens », s’est écrié Johanne Nasstrom, coporte-parole de la Coalition. Elle souligne la désorganisation complète de la Sûreté du Québec (SQ), chargée de veiller à la sécurité des lieux. « [Les policiers] ont tiré tellement de gaz lacrymogène que les gens ne pouvaient pas se dissiper. Ils vomissaient par terre, tombaient, perdaient le sens de l’orientation. […] On s’est retrouvé dans une situation de désorganisation totale. »
Mme Nasstrom déplore qu’il n’y ait pas eu davantage de communication avec les policiers. Le message déclarant la manifestation illégale aurait été entendu par peu de gens et les policiers seraient passés à l’assaut trop rapidement. Ceux-ci auraient également entravé le travail des personnes qui tentaient de porter secours aux blessés. « Ces blessés n’auraient pas dû être déplacés en raison de leur condition clinique précaire. Ces entraves à nos soins auraient pu être fatales aux blessés », a indiqué l’infirmière Karoline Demers.

Responsabilité partagée ?
Mais les policiers auraient-ils pu réagir autrement à un groupe de manifestants qui a tenté de s’introduire dans l’hôtel où se tenait le conseil du PLQ, armés de projectiles ? Certes, le travail des policiers est d’assurer la sécurité de tous, a reconnu Dominic Peschard, le président de la Ligue des droits et libertés. « Mais ce n’est pas en tirant des balles de plastique sur des personnes et des gaz sur une foule pacifique que cela empêche les personnes qui posent des gestes agressifs ou malveillants. Le problème, ce n’est pas de cibler les quelques personnes qui ont commis ces gestes répréhensibles, mais de s’en prendre à l’ensemble des manifestants avec des moyens d’intervention qui mettent en danger leur vie. »
La coporte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante, Jeanne Reynolds, a fustigé le gouvernement Charest qui avait qualifié l’intervention policière de « remarquable ». À l’Assemblée nationale, le ministre Dutil a rappelé qu’il existait un Commissaire à la déontologie policière pour effectuer des enquêtes et analyser les plaintes. « Nous avons là des personnes sages qui reçoivent chaque année, sur les cinq millions d’interventions policières par année, 2000 plaintes et qui les traitent », a dit M. Dutil, en décrivant l’émeute de Victoriaville comme « une des manifestations les plus violentes que nous ayons connues au Québec depuis longtemps ». La SQ devait tenir un point de presse ce matin.
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Le carré blanc… de la paix
Après les carrés rouges, verts et jaunes, des parents invitent la population à porter le carré blanc… de l’armistice. « Ce qu’on veut dénoncer, c’est l’horreur à laquelle ces enfants sont exposés », a expliqué Robert Michaud, encore troublé par la violence de l’émeute de vendredi dernier à Victoriaville.
Avec sa femme, Janie Giard, et sa fille Mathilde, qui est revenue troublée de la manifestation, il a décidé d’écrire une lettre au premier ministre Jean Charest pour le sommer d’écouter la jeunesse qui lui parle et de dénouer l’impasse. La lettre n’est pour l’instant signée que par un autre couple, les parents de Dominique Laliberté, qui a reçu un projectile en plein visage, mais Internet et les réseaux sociaux devraient faire leur œuvre, espèrent-ils.


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