par Tommy Chouinard
Libéral notoire jusqu'à tout récemment, Nino Colavecchio, ténor de la communauté italienne et vieille connaissance d'Alfonso Gagliano, retourne sa veste et entend porter les couleurs du Parti québécois lors des élections générales.
Selon ce qu'a appris La Presse, le PQ, intéressé par sa candidature, lui cherche une piste d'atterrissage. Quatre circonscriptions de la grande région de Montréal seraient présentement étudiées.
Mais l'opération est délicate. Certaines des circonscriptions visées seraient déjà occupées par un député péquiste. Le parti doit également consulter les associations de circonscription.
Nino Colavecchio, 51 ans, est le président de l'aile québécoise du Congrès national des Italo-Canadiens, qui représente 285000 membres au Québec. Ce consultant en communication a pris sa carte de membre du PQ lors de la course à la direction, l'an dernier. Il a appuyé André Boisclair, allant jusqu'à lui organiser un cocktail bénéfice.
«Le temps est venu qu'un représentant de la communauté italienne participe activement au projet de souveraineté du Québec. Il faut éliminer la peur qui existe dans cette communauté au sujet de la souveraineté», a-t-il expliqué à La Presse hier.
Nino Colavecchio a fait la connaissance d'André Boisclair lorsque celui-ci était ministre sous Lucien Bouchard. M. Boisclair était alors député de Gouin, une circonscription qui comprend la Petite Italie.
«Les gens de la communauté italienne se sont longtemps sentis exclus du discours souverainiste. On parlait d'un projet pour les Québécois de souche, pure laine. Mais André Boisclair, et Bernard Landry avant lui, parle d'une souveraineté de terrain, pas d'une souveraineté de sang. C'est très intéressant», a affirmé M. Colavecchio.
Son nom a circulé au moment du scandale des commandites, mais il n'a pas été dans la mire de la commission Gomery. Il a néanmoins été la cible des attaques du Bloc québécois à la Chambre des communes.
Son entreprise, TNC Multicom, qui a fermé ses portes il y a deux ans, a décroché 86 contrats du ministère fédéral des Travaux publics pour gérer des commandites totalisant 3,3 millions de dollars entre 2001 et 2003. La firme a gagné une commission de 12%, c'est-à-dire 396 000 $. «Ce n'était pas le Pérou», a répliqué M. Colavecchio.
Selon lui, son entreprise a décroché ces contrats en respectant le processus normal de sélection. Il nie avoir eu droit à un traitement de faveur parce qu'il connaît bien Alfonso Gagliano, le titulaire des Travaux publics à l'époque.
«On n'a pas été visés par la GRC ni par Gomery, parce qu'on n'a rien à se reprocher dans ce dossier. Tout a été fait correctement», a-t-il assuré.
Après avoir travaillé pour Alfonso Gagliano lors de campagnes électorales, Nino Colavecchio s'est chargé de ses relations de presse au plus fort du scandale des commandites. Il dit ne plus avoir de contact avec lui aujourd'hui.
«Je pense qu'il a une responsabilité ministérielle parce que le programme des commandites était sous sa gouverne. Mais est-ce que c'est LE grand vilain dans toute cette histoire? Je n'en suis pas convaincu. Je pense qu'il a fait ce qu'on lui demandait de faire.»
Nino Colavecchio dit ne pas excuser M. Gagliano pour autant, mais il estime que l'ancien ministre fédéral a été une «cible facile». Est-ce que ses liens avec Alfonso Gagliano joueront en sa défaveur au PQ, un parti qui a fait ses choux gras du scandale des commandites? «Je pense que les gens sont capables de faire la part des choses», a-t-il répondu.
Nino Colavecchio est un ancien membre du Parti libéral du Canada et du Parti libéral du Québec. Il a déjà fait partie, brièvement, de la commission des communautés culturelles du PLQ.
La communauté italienne «n'a pas été très bien servie par le Parti libéral du Québec», a-t-il affirmé, soulignant qu'elle est pourtant une bonne clientèle électorale pour cette formation et un important bailleur de fonds. Il reproche au PLQ de tenir la communauté italienne pour acquise, de la négliger, de bouder les Italiens lorsque vient le temps de former le Conseil des ministres.
Le gouvernement Charest compte deux députés - Tony Tomassi et William Cusano - mais aucun ministre d'origine italienne.
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