Telle était la réaction de la présidente du Conseil Central de Québec-Chaudière Appalaches, Ann Gingras, des suites de l'annonce par le gouvernement de Justin Trudeau qu'il avait finalement décidé de ne pas céder face aux pressions de l'empire Irving, dans les Maritimes, et qu'ils avaient finalement signé le contrat Resolve avec les chantiers de la Davie.
Les travailleurs de ce chantier -- le plus grand au Canada, mais qui était systématiquement écarté depuis des années par les autorités fédérales pour tout ce qui touchait à l'obtention de contrats gouvernementaux -- pourront enfin souffler un peu.
Tous, au niveau de la classe politique au Québec, se réjouissaient hier et cela est bien normal. Même chose pour nous, au PCQ. La situation subie par ce chantier, jusqu'à hier, était non seulement scandaleuse au plus haut point. C'était aussi une claque à tout le Québec. La politique suivie jusqu'ici par Ottawa, par rapport à ce chantier, pouvait être interprétée comme un autre signe patent de comment, nous, au Québec, ne comptons plus d'aucune manière dans les grandes décisions politiques, quand cela vient de la capitale fédérale.
Cette politique était devenue encore plus évidente lorsque le Fédéral avait décidé de donner le projet de construction du plus gros brise-glace à être construit jusqu'ici au Canada, soit le Diefenbaker, à un obscur et très petit chantier de la Côte-Ouest, dans un but évident de contenter de gros " amis " là-bas -- en l'occurrence et dans ce cas-ci une famille de milliardaires américains -- sans égard au fait que ce chantier n'avait clairement pas l'expertise ni les moyens de mener à terme, dans les délais prévus, le projet. Avec comme résultat que ce qui devait arriver, arriva de fait : les coûts explosèrent et le projet, encore aujourd'hui continue d'accuser un très grand retard.
A l'Assemblée nationale, à Québec, une résolution d'urgence fut par la suite endossé par l'ensemble des partis politiques québécois, demandant à Ottawa de revoir leur décision et de rapatrier le contrat à la Davie. Peine perdue. Tous les partis fédéralistes à Ottawa, libéraux compris, et même chose aussi du côté du NPD, avaient alors tourné la tête en faisant comme si de rien n'était.
Soulignons d'autre part que près de 100 milliards de dollars de contrats fédéraux échappèrent ainsi au Québec, au fil des années. En bout de ligne, le projet Resolve devenait tel un pansement sur une plaie ouverte. C'était quand même mieux que rien.
Rappelons également que le projet Resolve consiste à transformer un vaisseau-container géant, l'Astérix (sur la photo), en bateau de ravitaillement pour l'armée canadienne. Une section de ce bateau pourrait également servir de bateau-hôpital. C'est un projet de 700 millions de dollars qui devrait garantir de l'emploi à près de 1000 travailleurs du chantier pendant 2 ans.
Une question demeure cela dit. La voici : est-ce que cette annonce signifiera vraiment la fin de cette politique de quasi-boycottage face au chantier de la Davie, de même que vis-à-vis du reste de notre économie, au Québec ? Est-ce que l'arrivée des libéraux de Justin Trudeau finira effectivement par faire une différence ? On pourrait l'espérer. Certains, de fait, l'espèrent.
Nous-mêmes ne cracheront pas sur chaque bonne nouvelle chque fois que cela se présentera. Comme ce fut le cas hier. Vous nous permettrez, pour notre part, et en même temps, de nous garder une petite gène à ce propos. Simple question de ne pas trop rêver, surtout quand on sait comment fonctionne le Fédéral, à Ottawa.
Il y a un vieux proverbe qui dit : on n'est jamais mieux servir que par soit même. Cela vaut tout autant sur un plan politique, ainsi qu'en matière de gestion de notre économie.
Tant que notre avenir continuera de dépendre dans une large part d'un pouvoir extérieur -- le Fédéral -- sur lequel nous n'avons jamais vraiment eu de pouvoir réel et cela est plus que jamais le cas aujourd'hui, nous ne pourrons être vraiment maîtres chez nous. Pour l'être, il faudrait être en mesure de récupérer l'ensemble des pouvoirs, ce qui sous-tend la réalisation du projet d'indépendance du Québec. On y revient toujours parce que cela est en fait notre réalité bien concrète.
Un dernier point: l'obtention du projet Resolve tombe finalement à point. D'ici peu, les syndicats CSN, qui représentent les travailleurs de la Davie, devront en effet aller voir la compagnie pour renégocier leurs conventions collectives. Le nouveau contexte, créé par l'obtention de ce contat, devrait aider ces syndicats dans leur tâche.
Le combat des travailleurs pour s'assurer d'un avenir meilleur ne s'arrête pas ici. Bien au contraire.
Le PCQ, qui s'est toujours fait un point d'honneur d'être du côté des travailleurs, en toutes circonstances, et partout où il intervient, continuera de le faire, y compris et notamment pour ceux de la Davie.
Le PCQ est fier d'avoir contribué au meilleur de ses propres capacités, durant toutes ces dernières années, à faire en sorte que le dossier de la Davie ne tombe pas dans l'oubli, des suites des méandres de la partisanerie politique, et que ce dossier, au contraire, ait toute la place qui lui revient au niveau de l'actualité politique. Nous ne fumes pas les seuls à faire en sorte que cela se produise. Loin de là. Mais nous étions là, et nous continuerons encore de la faire chaque fois que cela sera nécessaire.
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2 commentaires
Guy Roy Répondre
3 décembre 2015C'est le vieux problème du « pourquoi les pauvres votent-ils pour les riches».
Mais d'abord établissons les faits. Les Chantiers Davie sont un équipement industriel, non seulement de Lévis, mais de tout le Québec. Il est considéré par les partis fédéralistes comme une quantité négligeable dans le grand ensemble du Canada. Malgré tout son potentiel, il est traité comme appartenant à un nation subalterne ... comme «canard boiteux», dans une économie capitaliste inégalitaire et productrice de profondes injustices vécues par le Québec à l'intérieur du Canada.
Plusieurs ouvriers de la Davie ont été au RIN du temps de Bourgeault. Ils avaient compris le discours de celui-ci comme puissant adversaire d'un fédéralisme générant l'appauvrissement du Québec dans la Confédération.
De plus, la démocratie libérale telle qu'elle s'exprime dans une société capitaliste engendre aussi un discours qui laisse entendre que «l'alternance démocratique» finit par produire des gouvernements à l'écoute des besoins des salariés. Ce qui est faux. Le «comité de gestion» qui nait des élections telles que nous les connaissons est dévoué aux intérêts du patronat dans son ensemble.
Le projet Resolve a été une arnaque des Conservateurs qui, à la dernière minute, pour les élections, ont sorti ce lapin de leur chapeau pour tromper les électeurs. Ils ne se sont jamais occupé que la lettre d'entente soit adoptée légalement. C'était carrément pitoyable de voir Blainey s'attribuer le mérite du sauvetage des Chantiers alors que son gouvernement lui avait interdit de soumissionner sur les miraculeux contrats qui étaient par le fait même réservé aux chantiers de l'Ouest et de l'Est. Seul le Bloc a interpelé le gouvernement sur cette question. Aucun des partis fédéralistes, y inclus le NPD, ne se sont vraiment préoccupés de cette question durant la campagne. Ç'aurait été dénoncé le fédéralisme qui se nourrit des inégalités systémiques. Ce que leur nature de partis fédéralistes leur interdit. Ils n'ont vraiment aucun désir de seulement critiquer cet état de fait.
Je vous direz aussi que l'ensemble des salariés, donc les ouvriers de la Davie, sous le capitalisme sont soumis à une autorité qu'ils n'ont pas choisie. Il se retrouvent pour la plupart devant cette contradiction sans toujours en avoir une conscience claire. Si jamais une masse critique de salariés en venait à réclamer consciemment une correction de cette situation, nous serions au bord de la fin du capitalisme et nous nous rapprocherions d'un socialisme réclamé par une majorité soumise à une situation antidémocratique subie tous les jours de leur vie de travailleurs. Ce qui supposerait une large coalition lucidement anticapitaliste et réclamant un régime démocratique véritable pour eux-mêmes.
Ce qui est arrivé dans l'histoire, mais que le point de vue bourgeois présente encore comme une gigantesque catastrophe pour la civilisation sous laquelle se présente la «démocratie libérale» comme «fin de l'histoire».
Que les électeurs soient abusés ainsi par le régime illustre ce qu'on appelle «la fabrication du consentement» selon Chomsky.
Nous avons travaillé au cours de cette campagne à jeter un «regard désabusé » sur cette situation où plus personne ne se fait d'illusion là-dessus.
Archives de Vigile Répondre
3 décembre 2015Qui contrôle l’État et au profit de qui ? • Aristote
Comment expliquer que les résidents de Lévis n'ont jamais sanctionner leur représentant fédéral. Êlection après élection ont élisait le même, incapable, membre du gouvernement. Pourquoi favoriser la Davie si leur représentant de parti fédéral se fait réélire sans jamais livrer la marchandise.
Je crois que le problème commence là. Les habitants de Levis n'ont pas assumer leur responsabilités. Pour une raison qui m'est obscur ils votaient contre leur survie.