Première partie

Un voyage, controversé, passionné et tumultueux, entré aujourd’hui dans l’Histoire

La fureur avait soufflé sur le Canada Anglais

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Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir

Un président français, Charles De Gaulle, avait traversé l’Atlantique le 23 juillet 1967 pour venir dire aux « Français du Canada » comme il les avait alors appelés, que la France malgré ces deux longs siècles écoulés, pensait toujours à eux.

Il va bientôt y avoir cinquante ans de cela, en juillet 2017!

Militaire de carrière, Charles De Gaulle avait participé à la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il avait été fait prisonnier, mais l'histoire se rappelle principalement de cet homme comme celui qui a lancé l'appel à la Résistance des Français, sur les ondes de la radio BBC à Londres.

En 1944, il est nommé président du gouvernement provisoire, puis quelques années plus tard en 1958, il est élu Président de la France jusqu'en 1969.

Son action sera importante, conséquente, il fondera la Ve République et mettra fin à la pénible guerre d’Algérie, tout en conduisant son pays d’une main magistrale.

Le général de Gaulle était déjà venu au Québec en 1944, en 1945 et en 1960. Ses visites n’avaient pas été relayées. En 1960 c’est déjà le troisième voyage de cet homme d’État français au Canada, mais il est prévu pour un prochain voyage, qu’avant de se rendre à Ottawa le général aille au Québec, avec lequel il désire établir des relations soutenues.

C’est pourquoi de Gaulle confie à André Malraux, son ministre des Affaires culturelles : « Il y a, de nombreux descendants français au Québec, veuillez-vous en occuper ». Ainsi quelques temps plus tard, Malraux rencontre Georges-Émile Lapalme, vice-premier ministre et procureur général du Québec, de passage à Paris. Les deux hommes accordant la même importance à la culture, se sentent tout de suite sur la même longueur d’onde, c’est ainsi qu’une Maison du Québec va s’ouvrir à Paris permettant de développer des liens économiques et culturels avec la France, mais aussi des programmes d'échange et de coopération.

Ce programme enthousiasmant prend très vite forme ainsi le 5 octobre 1961 le premier ministre du Québec, Jean Lesage, se rend à Paris pour la grande inauguration de cette Délégation générale du Québec à Paris.

Les premiers ministres Jean Lesage et Daniel Johnson sont reçus à l’Élysée tout d’abord en 1961 puis en mai 1967. C’est pourquoi il semble naturel en 1967, lors de cette année d’effervescence canadienne, d’inviter le général au Québec, au moment même où il viendra officiellement à Ottawa. C’est ce que fait Daniel Johnson le 13 septembre 1966.

Évidemment de son côté, le gouvernement fédéral a été loin d’apprécier tout ce rapprochement entre la France et le Québec, car tout ce qui touche à la politique extérieure est son domaine exclusif. Afin de s’y opposer officiellement, Ottawa avait signé dès 1965 un accord-cadre avec la France sur les échanges scientifiques et culturels entre les deux pays. Certes une province canadienne peut passer des ententes avec d’autres pays, mais il lui faut avant cela obtenir l'aval d'Ottawa.

Le Québec, estimant légitime des ententes extérieures relevant de ses compétences, dédaigne pourtant cette injonction. « La guerre des drapeaux entre Québec et Ottawa est alors réellement ouverte. » Au cours des seize années où l'Union nationale avait été au pouvoir, (1944 -1960), les relations entre le Québec et le gouvernement fédéral s’étaient révélé des plus orageuses. Au nom de l'autonomie provinciale, le premier ministre Maurice Duplessis avait déclaré s’opposer à cette centralisation excessive d'Ottawa. Les autorités fédérales investissaient en effet, de plus en plus de champs de compétence provinciale, principalement depuis qu'elles s'étaient attribué des pouvoirs élargis au moment de la Deuxième Guerre mondiale.

Après la mort de Duplessis en 1959 et l'arrivée au pouvoir du Parti libéral l'année suivante, Ottawa espère une amélioration dans ses rapports avec le Québec, d'autant plus que le nouveau premier ministre, Jean Lesage, qui avait été nommé chef du Parti libéral, amorçait sa carrière politique dans la capitale nationale.

Les participants de la conférence fédérale-provinciale en 1960 vont être stupéfaits d’entendre alors Lesage, demander plus d'argent et de pouvoirs d'Ottawa. Le nom de Jean Lesage a été associé à la Révolution tranquille. Entouré d'hommes aux idées nouvelles comme René Lévesque, Paul Gérin-Lajoie et Georges-Émile Lapalme, l'ancien chef du Parti Libéral, Jean Lesage promet d’aider le Québec en revoyant le rôle de l'État lors des élections de 1960.

Effectivement une fois au pouvoir, il influe un souffle nouveau répétant aux Québécois que l'État leur appartient. Le successeur de Jean Lesage, Daniel Johnson, souhaite lui aussi, augmenter les revendications du Québec. Le premier ministre fédéral du Canada, Lester B. Pearson, veut démontrer qu’il est possible de faire preuve d'ouverture à l'égard des Canadiens français. Au moment de la conférence fédérale-provinciale de 1968, il tentera d'obtenir un statut particulier pour le Québec. Mais le ministre de la Justice d'alors et futur premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, s’y opposera catégoriquement !

Hors, cette année 1967 est une année marquante pour le Canada, c’est l’anniversaire du centenaire de la Confédération canadienne, Ottawa entend le célébrer avec tous les fastes possibles afin de souligner cet important évènement de leur fédération.
Pour cette occasion un grand nombre de chefs d'État étrangers sont invités, l'un d'eux est le général Charles de Gaulle, le président de la République française. Cette année 1967 est aussi l’année de l'Exposition universelle de Montréal, une visite est donc ensuite prévue pour les invités.

Ce programme n’enthousiasme pas Charles de Gaulle !

Xavier Deniau, député du Loiret et membre de la Commission des affaires étrangères, vint rencontrer le nouveau premier ministre Daniel Johnson à Québec, il confia, abattu, à Pierre-Louis Mullen: «Le général de Gaulle ne veut plus venir. Il refuse de centrer son voyage sur la capitale fédérale. Il refuse le programme préparé pour tous les chefs d’État que le gouvernement fédéral prétend lui imposer: atterrir à Ottawa, dîner chez le vice-roi, le gouverneur général Vanier, être reçu à la Chambre des communes puis aller visiter l'exposition de Montréal, but officiel du voyage, enfin promenade ad libitum dans le Canada, voir les chutes du Niagara, les Rocheuses, l'Arctique..." De Gaulle refusait absolument de centrer son voyage sur la capitale fédérale.

Il ne vient pas faire du tourisme, mais de l'Histoire.

A l’ambassadeur français à Ottawa, le général écrivit à la fin d’un télégramme: «Il n'est pas question que j'adresse un message au Canada pour célébrer son centenaire. Nous n'avons à féliciter ni les Canadiens ni nous-mêmes de la création d'un Etat fondé sur notre défaite d'autrefois, et sur l'intégration d'une partie du peuple français dans un ensemble britannique.»

Bernard Dorin conseiller d'ambassade avait préparé les dossiers qu'a consultés le général avant sa visite : «Pour de Gaulle et la France, le Canada n'est pas né en 1867 mais bien longtemps avant eux, en 1534 avec Jacques Cartier, les Français et le Roi de France. » Tout son voyage sera organisé en fonction de cette symbolique.

Il décide alors de venir mais à la condition de commencer sa visite par le Québec, pour cela il traversera l’Atlantique exactement comme les premiers Français l’avaient fait aux 16e et 17e siècles, en navire. Le vaisseau amiral le Colbert quitte Brest le 15 juillet, avec à son bord Charles de Gaulle. Il fait une escale le 20 à Saint-Pierre-et-Miquelon, dernière possession française en Amérique du Nord, depuis le traité de Paris de 1763. Le Québec prit entièrement le contrôle de cette visite, il la peaufina, il n’épargna rien pour faire de celle-ci, un voyage grandiose. Cependant L’ambassadeur français au Canada, François Leduc, avait prédit : « Quoi que fasse De Gaulle, il y a quelqu’un au Canada qui ne sera pas content »

Effectivement De Gaulle vient au Québec pour faire l’histoire, pas pour en suivre le cours.

« Plus tard, même les plus fervents fédéralistes reconnaitront que « le geste du général ne manquait pas de courage. » puisqu’en effet le président français se mettait à dos non seulement les responsables politiques canadiens, les politiques français du même parti de droite que lui, et certainement un grand nombre de diplomates et de chefs d’État. Mais de Gaulle n’était pas homme à se laisser impressionner par l’air du temps. Se fiant à son jugement, il tenta de se faire l’expression non pas de la majorité silencieuse ou du dernier sondage de popularité, mais de ce qu’il perçut comme les aspirations les plus légitimes et les plus nobles de tout un peuple. « Christian Rioux 27 juillet 2007

Nombreux sont ceux qui l'attendent, notamment René Lévesque il n'hésite pas, en juillet 1967, à faire connaître ce qu'il attend du général: «La France n'a pas besoin de nous. Lui non plus... C'est nous qui avons besoin de la France. N'ayons pas peur de le dire. De Gaulle ne le dira pas, il le prouve avec une discrète efficacité. (Dimanche-Matin, 23 juillet 1967. Reproduit dans Le Monde, 25 juillet 1967, page 6.)

Il était réellement attendu: il n'a pas déçu.

« Et de Gaulle vint! De Gaulle, c'était la France. Cette France dont le Québec profond avait été violemment coupée depuis plus de deux siècles. Cette rupture fut telle que plusieurs parmi nous gardaient un goût amer de cette ascendance » Gilles Rhéaume Vice-président du Mouvement souverainiste du Québec.

Le dimanche 23 juillet 1967 le général de Gaulle débarque à Québec.
Dès que Charles de Gaulle pose le pied sur le sol québécois, ses gestes imposants, ses phrases solennelles et graves, il est bien aux yeux de ceux qui l’accueillent le représentant d’une grande époque « Il est un témoignage ! Un témoignage de l’Histoire qui nous regarde, et il le sait. »

Après la réception au château Frontenac, le lendemain, 24 juillet, jour anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier en 1534, de Gaulle emprunte le chemin du Roy le long du majestueux fleuve Saint-Laurent, l’itinéraire emprunté par de Gaulle pour aller à Montréal va suivre celui de Jacques Cartier, geste hautement symbolique. Accompagné de Daniel Johnson, premier ministre du Québec, en voiture découverte il salue des milliers de personnes tout le long de la route, dans une vingtaine de villes et de villages pavoisés de drapeaux fleurdelises, de tricolores, et des armoiries des anciennes provinces de France.

Des milliers de personnes l’acclament, sur terre et sur mer, dans tous ces bourgs traversés entre Québec et Montréal. Ce fut un accueil des plus chaleureux, des plus émouvants, tout à fait extraordinaire.

Le général assiste à la messe à Sainte-Anne-de-Beaupré, prononce des discours à Donnacona, Sainte-Anne-de-la-Pérade, Trois-Rivières, Louiseville, Berthierville et Repentigny.

À chaque arrêt, son propos laisse poindre le fond de sa pensée. Dès son arrivée, le président français avait multiplié les indices du message qu’il était venu livrer. À Québec, au Château Frontenac, il déclarait que l’on assistait au Québec à l’avènement d’un peuple qui, dans tous les domaines, voulait disposer de lui-même et prendre en mains ses destinées, et que la France saluait cet avènement. A Donnacona, il poursuivait qu’il voyait dans le Canada français un pays vivant qui prenait en mains ses destinées, ajoutant que le peuple canadien-français ne devait dépendre que de lui-même. Puis, de nouveau à Trois-Rivières, il répétait que le Québec était maintenant parvenu à l’époque où il devenait maître de lui-même.

A. VERONNEAU Lettres au Devoir mardi 24 juillet 2007 :« La fièvre courait depuis la veille sur le Chemin du Roy. Le général parlait d’atmosphère de libération, d’affranchissement, de progrès, de modernité de ces Français du Canada et de ce devoir de la France de renouer des liens étroits avec le Québec. »

En arrivant à l'hôtel de ville de Montréal, au début de la soirée du 24 juillet, le cortège est accueilli par un nombre impressionnant de personnes : de 15 000 à 20 000 personnes (selon Le Devoir du 25 juillet 1967.) Tous agitaient le drapeau fleurdelisé et le drapeau tricolore français, et des pancartes revendicatrices étaient également brandies « Appuyez la lutte pour la libération » ; « France libre, Québec libre » démontrant fortement que les Québécois, aspiraient à l’autonomie et à la reconnaissance de leur caractère distinct.

Là, devant cette foule considérable de personnes venues le voir et l'écouter, De Gaulle va alors s’adresser à elles avec des paroles sorties du cœur :" C'est une immense émotion qui remplit mon cœur en voyant devant moi la ville de Montréal française. Au nom du vieux pays, je vous salue de tout mon cœur."

La foule l'a interrompu à maintes reprises pour l`ovationner, l’atmosphère d’empathie est si grande, qu’il va alors conclure son allocution par ces mots enthousiastes: « Vive Montréal! Vive le Québec! Vive le Québec libre! Vive le Canada français et vive la France! »

La foule est en liesse; Tous, y compris le premier ministre, sont déconcertés … Une vaste onde de choc va parcourir tout le pays.

Si au Québec, une grande partie de la population est enflammée, stimulée par cette visite, le gouvernement canadien est atterré, tandis qu’ailleurs, on se demande « quelle mouche a piqué le général » pour qu’il s’ingère ainsi dans les affaires internes du Canada ! Bernard Dorin dira: "De Gaulle avait ces mots dans sa poche avant de partir, mais il ne les aurait pas prononcés si l'accueil n'avait pas été aussi exceptionnel.»

Lettres au Devoir A.VERONNEAU mardi 24 juillet 2007 :
"Ces paroles prononcées par le général devant la face du monde nous ont galvanisés. Elles exprimaient nos rêves, notre idéal, notre espoir, la fin possible d’une domination économique, politique, intellectuelle, et surtout elles exprimaient la reconnaissance de notre savoir-faire."

Les représentants des gouvernements du Québec et d'Ottawa, sont abasourdis. La réaction d`Ottawa ne se fait pas attendre, le gouvernement canadien publie immédiatement un communiqué protestant contre le discours du général, il désapprouve vivement cette intervention dans la politique intérieure du Canada, affirmant que le Canada est un pays libre et qu`il n`a pas besoin d`être libéré.

En effet, à la grande consternation des autorités fédérales, le célèbre visiteur français vient de donner un réel coup de main aux descendants français d’un Québec souverainiste. Le «Vive le Québec libre!» lancé par le général de Gaulle du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal va avoir des répercussions internationales.

La presse nord-américaine des 25 et 26 juillet se déchaîne alors que la presse française est embarrassée. Les journaux francophones montréalais sont plus modérés. Le Devoir, par la voix de son directeur Claude Ryan, s’il trouve un peu excessifs les propos du chef d’état français, souligne injustifiable «la vague de fureur qui s’empara en quelques heures d’à peu près tout le Canada anglais».

Le président Charles De Gaulle consacre ensuite tout à fait sereinement sa journée du 25 juillet à l’Expo 67 où il inaugure les pavillons de la France, ceux du Québec et du Canada. La journée se termine avec un dîner d’État donné par la France. Au même moment, le premier ministre canadien, Lester B. Pearson, par voie de communiqué, qualifie le discours de l’hôtel de ville d’inacceptable : « Certaines déclarations du président tendent à encourager une minorité de notre population dont le but est de détruire le Canada et comme telles, elles sont inacceptables »

Il n’en faut pas plus au Président français pour annuler sa rencontre prévue avec le premier ministre canadien, il décide de ne pas se rendre à Ottawa, préférant déjeuner avec le maire de Montréal. Il ne fera rien pour désamorcer les tensions entre le Canada et la France… La journée du 26 est très chargée. À 9h45, le général visite la régie centrale du métro à la station Berri-De Montigny (devenue Berri-UQAM) il prend le métro jusqu’à la Place des Arts qu’il parcourt tranquillement. À 11h10, il est accueilli à l’Université de Montréal par le recteur Roger Gaudry, il prononce une allocution de huit minutes ovationnée par les étudiants et les professeurs. Le général se rend au belvédère du Mont Royal où se trouve une compagnie Franche de la Marine et il adresse à nouveau quelques mots. Vient finalement le dîner où le maire Jean Drapeau va répondre aux propos du 24.

Le repas a lieu à l’hôtel de ville dans la salle du conseil. Le maire Jean Drapeau entame un discours improvisé où Il exprime sa gratitude au général, Il souligne le rôle que le Canada français moderne est appelé à jouer au Canada et même en Amérique du Nord et termine son discours par ces mots visionnaires : «Nous avons appris à vivre seuls, pendant deux siècles… Après l’explosion de joie et de fierté que vous avez allumée, le Québec reprendra sa marche plus conscient que jamais de sa vocation particulière. »

Claude Ryan écrira dans Le Devoir le 28 juillet 1967 « Le discours improvisé que fit Mercredi midi le maire de Montréal n’était pas un chef d‘œuvre de concision mais cependant il eut l’effet d’un véritable catalyseur, il fut aussi un alliage magistral de courtoisie de chaleur et de fermeté »

De Gaulle en réponse au maire dira « qu’il croit avoir été au fond des choses » il évoque les échanges futurs entre le Québec et la France dans tous les secteurs d’activités. Puis il s’en ira le lendemain pour retourner dans son pays, après avoir largement secoué les structures de l`État canadien.

Ses visites précédentes ailleurs dans le monde, en Allemagne (1962), en Amérique latine (1964), au Cambodge (1966) ou en Russie (1966) avaient soulevé des passions. Mais celui au Québec s’est carrément inscrit dans l’Histoire et a donné un élan immense aux Québécois. Le gouvernement du Québec donnera le nom de Charles de Gaulle au pont de l’autoroute 40 qui enjambe la rivière des Prairies entre Repentigny et l’île de Montréal, le 5 septembre 1985, à l’occasion du 15e anniversaire de la mort du général.
Vers 15h30, Charles de Gaulle quitta l’hôtel de ville pour l’aéroport de Dorval d’où s’envola le DC-8 présidentiel à 16h22.

Quand il rentre en France après sa déclaration controversée, le général de Gaulle trouve plusieurs de ses ministres atterrés. Certains pensent qu’il a carrément déraillé. Selon divers témoins, il s’explique ainsi : « Il fallait bien que je parle aux Français du Canada. Nos rois les avaient abandonnés ». Et ajoute : « Je leur ai fait gagner 10 ans ».

Philippe Seguin en juillet 1997 dira dans son discours:
« A peine revenu à Paris, le général de Gaulle s'en expliqua. Il le fera le 10 août, à l'Elysée, devant un vaste parterre de journalistes, avec micros et caméras. [...] Il rappelle d'abord l'histoire des deux peuples séparés par une guerre perdue, par un traité cruel, puis par l'immense, longue, très longue Atlantique qui semble ne jamais finir - et cela, certes n'était rien moins que nécessaire pour un peuple qui, à la différence du vôtre, ne se souvenait pas, ne se souvenait plus, ne voulait probablement plus se souvenir.. Puis, il parle de vos magnifiques efforts, tous victorieux, pour relever les uns après les autres les défis de deux siècles, jusqu'à faire de votre terre, envers et contre tout, l'une des contrées les plus prospères, les plus modernes et les plus dynamiques qui fût jamais, et cela, chose absolument magnifique, tout en restant vous-mêmes, en protégeant votre personnalité et votre langue! »

De Gaulle par son sens profond de l'histoire avait toujours trouvé sur sa route les institutions établies, les hommes en place, les notables. Ici, plus qu'ailleurs, dans cette terre fécondée par ce peuple issu de France, n’était-il pas naturel qu'il apportât un message d'espoir ? Compte tenu de tout cela, compte tenu aussi du caractère triomphal de la visite préparée avec autant d’enthousiasme par le Québec lui-même, la phrase du «Québec libre» lancée du balcon de l'hôtel de ville de Montréal « surgit tout naturellement dans ce contexte, sans vouloir forcément y déceler une ingérence dans les affaires intérieures du Canada. »

Déjà entre la France et le Québec, les relations ressemblaient à celles qui ont cours entre États étrangers. De plus cette notion grandissante de communauté francophone ajoutait en quelque sorte la dimension d'une seconde patrie à la mesure de la francophonie, pour tous les peuples de langue française.

N’est-il pas effarant que cette phrase propagea une telle fureur dans certains milieux ? On soulignera ce fait qu'après des siècles, ce mot de liberté puisse marquer une telle dichotomie, une explosion de joie et d'enthousiasme pour les uns, et pour les autres, notables ou politiques, malaise, irritation, fureur !

Rien d’exceptionnel pour de Gaulle, c'est là une situation qu’il a déjà subie. Lorsqu'il s’est engagé dans l’entreprise de la France libre, ou lorsqu'il a entrepris la décolonisation prompte et massive de l'ex-empire français, tout comme lorsqu'il a décidé de reconnaître l'indépendance de l'Algérie, il s'est toujours, et pour son honneur, confronté et heurté aux notables du moment et aux gens en place.

C’est pourquoi, à la suite de son discours fracassant, lorsque les manipulateurs d’opinion publique se sont manifestés, à la fois au Canada et en France, De Gaulle eut cette phrase restée célèbre depuis : « Tout ce qui grouille, grenouille ou scribouille, n’a aucune importance ! »

Le général sera toutefois déçu par l’attitude de Daniel Johnson, qui avait cherché à calmer le jeu après son départ, c’est pourquoi, il confiera tristement à ses collaborateurs «Un vrai chef aurait aussitôt tiré parti du succès. »

Le 28 juillet, l’ambassadeur français à Ottawa fait rapport de l’impact de la déclaration sur le gouvernement fédéral. Il constate « une profonde blessure et il restera à savoir combien de temps elle mettra à se cicatriser ». Mais De Gaulle annote de sa main ce rapport : « La question n’est pas que la blessure de M. Lester Pearson soit cicatrisée. La question est que le peuple français du Canada ait la pleine disposition de lui-même. »

Le malaise franco-canadien perdura aussi longtemps que Charles de Gaulle resta au pouvoir.

En avril 1968, lui-même écrivait dans une note, qu’il n’avait aucune concession ni amabilité à faire à l’endroit de Pierre Trudeau, nouvellement devenu premier ministre, qualifiant celui-ci d’adversaire du fait français au Canada.

Marcel Masse - plus tard ministre fédéral - jugea que le général avait donné un extraordinaire coup de pouce au Québec lui-même plutôt qu’aux souverainistes ou aux indépendantistes en 1967. L’interprétation de la célèbre phrase, aurait masqué, d’après lui, ce désir d’aider la relation du Québec et du Canada. En effet, dès cet instant les rapports Québec-Canada furent internationalement connus. « De Gaulle a vraiment permis l’émergence internationale du Québec. En quelques minutes, le Québec a été connu sur toute la planète. Et nul n’aurait pu le faire comme il l’a fait. » Cf. Claude Morin.

Certes, la coopération entre la France et le Québec avait commencé bien avant la visite du général au Canada. Pourtant elle reçut « une impulsion considérable dans les mois suivants », dit encore Claude Morin. De Gaulle décida notamment de changer le statut du Consulat général de France à Québec pour qu’il relève directement du ministère des Affaires étrangères, à Paris, et non plus de l’autorité de l’ambassade de France, située à Ottawa.

Alain Peyrefitte vint en mission avec Bernard Dorin à l'automne 1967, il rencontra le premier ministre Daniel Johnson qui accepta avec empressement les vingt-cinq mesures de coopération, et s'engagea «à y effectuer un financement égal à celui de la France» confiant la tâche à son jeune ministre Marcel Masse.

Des accords d’échanges bilatéraux furent conclus, notamment dans le domaine de l’éducation, et l’Office franco-québécois pour la jeunesse vit le jour en 1968. Le général, dès octobre 1961, en était venu à la conclusion que les « Français du Canada en voie de créolisation avancée » avaient besoin d’aide. De nombreux gestes concrets ont alors suivi, dont la venue de « coopérants » dont plusieurs dans l’enseignement, l’envoi d’un correspondant permanent de l’ORTF (Pierre-Louis Mallen) et la succession de visites ministérielles. Georges-Émile Lapalme reviendra de l’une de celles-ci si impressionné qu’il calquera son ministère des Affaires culturelles sur celui d’André Malraux. C’est aussi en revenant de Paris que Paul Gérin-Lajoie aura « l’idée » de créer un ministère de l’Éducation.

« Le Québec, orgueil oblige, ne reconnaîtra sans doute jamais à sa juste valeur l’apport de son ancienne mère patrie Nestor TURCOTTE Tribune libre de Vigile mardi 24 juillet 2007

Cette journée du 24 juillet a eu un effet considérable sur les indépendantistes et sur les Québécois en général. «Il a rempli de joie le cœur d'une nation trop souvent humiliée, et tenue dans l'ombre», écrira Réginald Chartrand, ce qui n'est pas peu pour un peuple naguère «sans beaucoup de joie». Il a donné au Québec une fête - sa fête! - «gigantesque et explosive» (Camille Laurin), inespérée en plein cœur des célébrations du centenaire du Canada. «J'ai crié comme un fou», se rappelle Pierre Bourgault de cette journée, à laquelle Jean-Pierre Ferland consacrera une chanson: «Moi qui n'ai jamais eu l'âme / D'un soldat de régiment / Un jour à la place d'armes /j'ai crié comme un sergent / Mon Général / Il n'est plus du roy / Le Chemin du Roy».

Jour considérable pour les indépendantistes. Voyant ainsi leur idée projetée, d'un coup, sur la place publique de l'univers entier, se sont trouvés confortés, justifiés de leurs efforts. Tandis que ceux qui avaient amorcé leur réflexion, forts de cet appui, allaient se déclarer: François Aquin immédiatement, la revue Maintenant en septembre, René Lévesque et ses amis politiques en octobre, d'autres encore... Le général avait «bousculé les échéances» (Yves Michaud), «accéléré la marche vers l'indépendance» (L'Action nationale). Du reste nombreux sont ceux qui n'ont pas lésiné dans leur appréciation. «je me suis décolonisé d'un seul coup», se rappelle Pierre Bourgault. Pour François-Albert Angers, «ce passage fulgurant de la Puissance et du Génie parmi nous» allait être «une des trois grandes dates de notre histoire». Et c'est précisément parce qu'il est page d'histoire, et non simple fait d'actualité, que Françoise Loranger et Claude Levac consacreront une pièce de théâtre au Chemin du Roy, «symbole même de notre vie collective humiliée et soudain, hors de tout espoir, glorifiée [...] et qui va jusqu'à changer non seulement le cours des choses, mais chacun de nous individuellement».

Cette identité québécoise qu'on cherchait alors à affirmer était encore si fragile, même niée en cette bruyante année du centenaire de la Constitution, où les Québécois risquaient de s'oublier dans le «lénifiant climat d'euphorie» de l'Exposition universelle et le «vague esprit de concorde et d'admiration non dissimulée de tous les Canadiens pour leur propre réussite» (André Langevin). Il aura suffi d'une journée, d'un discours, pour faire triompher la vérité fondamentale de deux identités - Canada anglais et Québec français - telle que la faisaient apparaître les réactions diamétralement opposées de ces deux entités. «Nous savons maintenant qu'encore en 1967, le monde anglo-canadien ne nous aime pas, ne nous accepte pas, ne veut pas qu'il nous arrive quoi que ce soit de bien qui soit selon notre volonté propre», écrira F.-A. Angers, selon qui, grâce au général de Gaule, «il ne pourra plus être dit que nous avons fêté le Centenaire [..] le monde entier a pu vérifier la réalité du mensonge».

Cette identité que de Gaulle contribuait si fortement à faire reconnaître, c'était bien celle du Québec. Mais par ses origines, sa langue, son appartenance au monde francophone, cette identité était aussi française. C'est cela qu'avait affirmé avec enthousiasme le petit peuple, à l'étonnement même d'un Pierre Bourgault: «Malgré l'histoire, malgré l'anglais, malgré les notables et un peu aussi malgré nous hélas!, le peuple québécois était resté français. J'en fus violemment retourné. Ce peuple n'avait pas eu besoin de directives pour affirmer la fierté de son origine française à la face du monde entier»

Cet «homme debout» (Pierre Bourgault), cet homme de la victoire, cet homme venu de France «une France à nouveau redevenue elle-même après d'immenses épreuves» était la promesse, le garant de notre propre redressement.[...]

L’action du général a contribué à redonner aux Québécois confiance en eux-mêmes.
Au compte de cette action on doit ajouter ce que de Gaulle a fait directement pour le Québec après tout ce qu'il avait fait pour la France, son redressement, son prestige et sa puissance. Cet homme avait refusé lui-même la défaite, il portait valeur d'exemple pour les militants politiques qui apprenaient ainsi que les défaites ne sont pas définitives et que les victoires ne sont pas impossibles pour ceux qui sont déterminés à vaincre.
Le pouvoir des hommes et des femmes de peser sur leur sort, c'est une leçon qu'à leur tour les Français, sur quelque continent qu'ils vivent, doivent donner, crânement, au monde entier. Le premier ministre Daniel Johnson ne s'y trompa pas qui, tandis que s'interrompait le voyage du Général de Gaulle, formula en levant son verre à l'amitié de nos peuples, ce qui, quoi qu'il arrive, les réunirait toujours: «La langue et la culture, dit alors Daniel Johnson, ne sont pas les seuls dons que nous ait légués la France. Il en est un autre auquel nous attachons le plus grand prix, c'est le culte de la liberté. [... ] Nous ne serions plus descendants Français si nous n'étions épris de liberté; pas seulement de libertés personnelles, mais aussi de libertés collectives [...]. Nous croyons que, petites ou grandes, toutes les nations ont droit à la vie et à la maîtrise de leur destin.»

Il est des souvenirs impérissables.

La visite du général de Gaulle à Québec à l'été 1967 appartient à cette catégorie d'événements dont la qualité essentielle est la permanence, cette forme de perpétuité qui résiste à l'usure du temps. « Bien sûr, certains parmi les nôtres ont dénoncé la hardiesse du président de la République française. Évidemment, cet encouragement dérangeait les élites traditionnelles. Les règles de la diplomatie ont été bousculées par un homme qui en avait la capacité politique et le pouvoir moral. Ce chef d'État savait ce que c'était que l'occupation étrangère. Il savait de plus quelles en étaient les néfastes conséquences pour tout peuple colonisé. C'est pourquoi son audace a réjoui non seulement les indépendantistes mais également tous les autres qui n'ont jamais cessé de s'identifier à la langue et à la culture, françaises. » Gilles Rhéaume 24 juillet 1997
Le Devoir 27 juillet 1997 : « Ce mot du Général par lequel le monde entier semble avoir été pris de saisissement, fut pour certains le sommet d'une légende épique, pour d’autres le début d'un cauchemar et pour tous les autres une incompréhensible foucade, cette apostrophe magnifique, eh bien, elle n'est aujourd'hui rien d'autre qu'une limpide évidence. Et ce qui étonne, finalement, avec le recul de trente années, c'est l'étonnement qu'elle suscita! »

Et ce voyage passionné et tumultueux entra alors dans l’Histoire.

Note de Vigile:
Voir à ce sujet le segment de la conférence de presse du Général de Gaulle à Paris le 27 novembre 1967 dans lequel il s'explique sur sa fameuse déclaration :

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2016

    Chère Marie Hélène
    si tous les québécois aimaient et connaissaient l'histoire du Québec autant que toi, ce serait ce serait le pays le plus chéri sur cette terre.
    Encore une fois, tu nous fais voyager dans le temps.
    Tu nous rappelles des moments de grande fierté.
    Merci d'être toi et d'être une grande amie du Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2016

    Bonjour Marie-Hélène!
    J'étais sur les quais de Québec en compagnie de mon père et de mon oncle Armand lorsque le grand Charles débarqua du Colbert. J'ai vu une foule immense entonner la Marseillaise à une telle force qu'elle enterra les musiciens du Royal 22ème régiment qui jouèrent l'hymne national du Canada. Un grand moment d'histoire.

  • Yves Corbeil Répondre

    26 octobre 2016

    Merci Madame Morot-Sir,
    J'avais onze ans en 1967 et je me souviens de ce moment là comme si c'était hier. Il en a coulé de l'eau sous les ponts depuis.
    Nous avons passé proche à deux occasions de s'affirmer comme peuple souverain, malheureusement le destin en a voulu autrement et le Québécois n'est pas mort pour autant, la langue française aussi malmené soit-elle n'est pas disparu et l'espoir non plus.
    Tant qu'il restera des Québécois qui continueront à se battre pour défendre ses droits, sa langue et sa culture qui n'a pas son égal dans cette confédération, l'espoir sera toujours vivant.
    Nous sommes présentement très mal gouverner, en faîtes nous sommes plutôt exploiter par des agents aux services des nantis et de leurs corporations, un peu comme la plupart des pays d'ailleurs.
    Mais jamais nous ne perdrons espoir car l'espoir fait parti de notre ADN. Ils peuvent bien espérer nous noyé dans leur multiculturalisme ou iste en faisant entrer des nouveaux arrivants à pleine porte, ça n'y changera rien car sur le long terme ceux-ci épouseront le faire autrement et différent des Québécois ou ils rejoindront les autres provinces.
    Ce sera seulement plus long et c'est probablement eux par leurs actions qui provoqueront l'implosion de leur pays si nous n'avons pas l'occasion entre temps d'avoir un leader juste avec la moitié du tonus de Monsieur De Gaulle pour mener à terme le projet.
    Encore une fois merci Madame,
    Y.Corbeil

  • Archives de Vigile Répondre

    26 octobre 2016

    Ouf, quel texte! Ce qui est le plus surprenant est que ces connaissances de ce qui s’est passé ici nous viennent d’une amie du Québec vivant France. Époustouflant! Lors de l’événement du ‘’Vive le Québec libre’’, j’étais en compagnie d’un étudiant français que j’avais pris, dans les Laurentides, en auto-stop et qui visitait le Québec. J’avais stationné mon auto sur un belvédère du MontRoyal, en plein cartier anglais. De là, nous pouvions admirer le paysage de Montréal jusqu’à la rive sud. Soudain, à la radio de mon auto, nous entendons parler le général De Gaulle. À la fin de son discours il prononce ce Vive le Québec Libre. Mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai été envahi d’une profonde joie et aussi d’une presque incrédulité qu’un personnage de ce calibre ait eu le courage et la détermination d’extérioriser une telle parole. À côté de moi, l’étudiant français était atterré, ne comprenant pas vraiment ce qui venait d’arriver.
    Le temps a passé et le Québec est maintenant mourant, a perdu ses plus beaux atours, piétine, considère sa langue comme une maladie, assassiné par ses propres enfants, ces êtres inqualifiables qui, pour se remplir les poches, enfument indûment ceux qu’ils prétendent diriger, aidés en cela par une presse autodestructrice. Anne-Marie Dussault de Radio-Canada en est le portrait type, la figure abjecte de la propagande radio-canadienne. Même Le Devoir, autrefois un quotidien de classe, est devenu lui aussi un outil prétentieux de la déchéance du Québec.
    Existera-t-il un réveil inattendu de la population, le malade en phase terminale aura-t-il une miraculeuse rémission? Cela ne nous console pas mais, nous ne sommes pas les seuls à subir ce pourrissement social. La France a aussi son Canada dans l’Union Européenne.
    Mme. Morot-Sir, en lisant votre texte, j’ai appris bien des choses qui, à l’époque, n’avaient pas été publicisées. Merci de ce travail de rafraîchissement de la mémoire.
    Heureusement que sur nos plaques d’immatriculation de nos voitures on y lit, ‘’je me souviens’’. C’est une maigre consolation.
    Ernest Dufresne

  • Archives de Vigile Répondre

    26 octobre 2016

    Merci de votre texte. Magnifique! Un plaisir à lire.
    Il ferait honneur à tous ceux qui ont donné leur vie pour ce Québec libre. Tant et tant de souffrances à travers deux siècles du colonisé qui prennent un sens avec quelques mots de cet homme mémorable.
    Cette reconnaissance a mis un baume sur ces plaies. Encore une fois et encore depuis 50 ans, nos élites ont passé à côté de l'histoire. Même la France de Sarkozy nous a délaissés et celle de Hollande bredouille.
    Aujourd'hui, ce n'est pas un deuxième général qu'il nous faut, encore qu'il a laissé une trace indélébile dans notre histoire et celle du ROC, mais de puiser en nous, malgré l'évidence, de ce courage de ce que l'on doit faire et d'agir en conséquence. La fierté a été notre trait dominant pendant deux siècles, elle reviendra malgré l’hiver. Déjà, elle nous hante.
    Le 150 IIe anniversaire de cette consécration de notre situation de colonisé auraient besoin d’un vaste mouvement de célébration du passage de De Gaule comme moment de réveille d’un peuple qui se fait servir qu’il est mieux aux fers. Comme si, le bonheur est d’être à la dépendance et à la soumission.
    Vive le général De Gaulle! Vive le Québec français! Que vive notre soif d'indépendance et de liberté!

  • Archives de Vigile Répondre

    25 octobre 2016

    Je viens de faire un beau voyage ce soir en lisant ce texte. Il nous donnera peut-être une confiance en nous-même qui est à raviver ces temps-ci. Les temps sont durs.
    Gardons les souvenirs de cette visite et de cet héritage en prévision de la célébration du 150e anniversaire du Canada en 2017 et qui sera aussi le 150e anniversaire de la visite de ce grand homme. Gardons donc ces souvenirs en mémoire pour l'an prochain, question de se faire des munitions pour contrer la publicité fédérale qui nous envahira soyez-en certains.

  • Gilles Paquin Répondre

    25 octobre 2016

    Madame Morot-Sir,
    Votre texte fort bien fait est un heureux rappel d'un événement marquant de l'histoire du Québec. Espérons qu'il fera comprendre à bon nombre de nos compatriotes qu'il n'y a aucune raison de commémorer le 150e anniversaire du British North America Act. L'heure est plutôt à faire un bilan des années noires de la fédération, notamment les nombreuses tentatives visant à faire disparaître le français partout au Canada et celles visant à maintenir le Québec en état de colonie soumise du régime fédéral.