Contrairement à l'expression populaire, on ne donne pas son vote à quelqu'un. On accorde son vote à un candidat. Parce que s'il fallait donner son vote, il serait impossible de le reprendre! Plus sérieusement, voter pour quelqu'un, c'est une chose, mais encore faut-il qu'il le mérite. À cet égard, il est normal de porter une plus grande attention à ce que propose Stephen Harper. Après tout, c'est lui qui a déclenché des élections hâtives sous le faux prétexte que le gouvernement ne fonctionnait pas (...à son goût, aurait-il dû ajouter!).
Normalement, une campagne électorale est l'occasion, pour les électeurs, d'examiner les diverses plate-formes électorales et, pour les politiciens, d'échanger avec les électeurs et de débattre de leurs idées. Comment expliquer alors que les conservateurs viennent tout juste de présenter leur plate-forme électorale (à une semaine du vote!) et qu'elle s'avère n'être qu'un vague regroupement de promesses déjà annoncées, agrémentées de quelques mesures économiques mineures sentant l'improvisation et enrobées de beaux voeux pieux? Un programme qui, en réalité, provoque plus de questions que de réponses et qui évite d'exposer en toutes lettres ce que les conservateurs feraient lors d'un possible second mandat. Serait-ce la manie de Stephen Harper de tout contrôler et de cacher certaines choses qui se manifeste de nouveau ainsi? Tout semble le confirmer.
Harper prêche (c'est le cas de le dire!) pour une bonne gestion des finances publiques pour, par exemple, remettre en question des acquis sociaux ou annuler un programme de contestation judiciaire des minorités. Mais il n'hésite-t-il pas à faire des dépenses militaires de plus de 20 milliards, et ce, sans avoir annoncé ses intentions à la population lors de la campagne de 2006. Ce n'est pas l'idée que je me fais d'une saine gestion de nos impôts. N'y a-t-il donc pas d'autres priorités ou d'autres besoins plus urgents au pays dont le gouvernement devrait s'occuper?
Un autre argument évoqué par Stephen Harper pour séduire les Québécois est le fait d'élire un député qui sera au pouvoir. Au pouvoir ou du côté du pouvoir? Des députés muets et dociles qui voteront du bon bord. Le sien. Sceptiques? Comment expliquer autrement qu'aucun député conservateur québécois ne se soit levé pour défendre la position unanime du Québec dans le dossier de la coupe de financement annoncée aux organismes de développement économique, dans celui des compressions en culture ou dans celui de la tentative de criminaliser à nouveau l'avortement, qui a même fait l'objet d'un vote unanime de l'Assemblée nationale? Sont-ils des députés québécois conservateurs ou des députés conservateurs au Québec?
Comment expliquer aussi que les candidats conservateurs soient à ce point discrets (tant durant leur mandat que durant la période électorale) que, dans plusieurs circonscriptions, il faille lancer un avis de recherche pour les retrouver? Voilà une manière d'agir qui ne favorise nullement le débat démocratique. Ce à quoi les conservateurs répondent ad nauseam que leur bilan parle de lui-même.
Justement, il n'est pas très convaincant. Et ils devraient au moins avoir le courage de le défendre sur la place publique plutôt que de se cacher derrière. Dans plusieurs dossiers, comme dans celui de l'environnement notamment, ils ne cessent de répéter que leur plan est le meilleur et qu'il fait l'envie des autres gouvernements du monde. Quelqu'un a-t-il déjà dit aux conservateurs que de répéter un mensonge dix fois n'en fera jamais une vérité?
À la lumière du bilan des 32 derniers mois de pouvoir de M. Harper et de son équipe, à la lumière de tout ce qu'ils ont fait, mais surtout de tout ce qu'ils n'ont pas dit, les Conservateurs ont fait leurs preuves et ne doivent pas être réélus. Le choix à faire le 14 octobre ne se résume pas seulement à un choix de gouvernement. Il s'agira aussi d'un choix de société dans laquelle nous voulons vivre.
Un gouvernement accessible, transparent, à l'écoute des besoins véritables de la population et respectueux de l'environnement. Une société démocratique, juste et équitable, sans aucune atteinte à la liberté d'expression, ni à la liberté de choix et dans laquelle l'État peut jouer un rôle bénéfique et efficace pour corriger des injustices et des inégalités sociales et économiques. Un vote, ça se mérite, et les Conservateurs de Stephen Harper ne méritent nullement mon vote. N'importe qui, sauf eux.
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Pierre Trahan, Québec, le 7 octobre 2008
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