Un PQ à réinventer

Par Bertrand Lavoie

PQ - stratégie revue et corrigée

Je ne m’attendais pas, comme la plupart des observateurs d’ailleurs, à une telle force de l’ADQ. Même dans ma propre famille, j’ai vu des jeunes et des moins jeunes délaisser le PQ pour appuyer le parti de Mario Dumont. Je ne souscris pas à ses valeurs, mais il faut bien admettre que plus d’un million de citoyens les partagent. Quand j’ai vu hier sur les écrans l’enthousiasme des adéquistes, je n’ai pu faire autrement que de me souvenir de mon propre enthousiasme lors de la montée spectaculaire du parti de René Lévesque. Mais la comparaison s’arrête là. Une chose est certaine : beaucoup de nationalistes, de souverainistes aussi ont appuyé hier le parti de Mario Dumont.
Dans mon entourage, j’avais l’habitude de dire qu’il y avait désormais un parti de trop au Québec. Tantôt je croyais que c’était le Parti libéral avec la montée du parti de Mario Dumont, parfois je croyais que c’était le Parti québécois quand ma colère grondait contre le comportement suicidaire de plusieurs «agitateurs péquistes».
Le défi sera de taille désormais pour le PQ. Il y a une masse critique de plus de 40% de gens qui se disent favorables à la souveraineté, mais une grande majorité refuse de s’embarquer dans une troisième aventure référendaire. L’autonomie prôné par le parti de Mario Dumont, pour étonnante ou vide de sens qu’elle paraisse à première vue, révèle une chose importante : la question nationale ne peut, pour l’instant, être à l’agenda comme elle l’a été au cours des 30 dernières années. Ce que les Québécois disent dans le fond ressemblent à ceci : «nous ne voulons pas d’un autre référendum perdant. Comme la conjoncture ne semble pas favorable, oublions-le pour l’instant».
Il faudra bien que les chantres d’un référendum à tout prix au Parti québécois prennent acte de cette réalité. Le parti de Mario Dumont a aussi remis en cause certains aspects du modèle québécois des 30 dernières années. Il faudra bien trouver aussi une façon de comprendre le désir de l’électorat. André Boisclair a essayé timidement certaines remises en question, mais dans un parti aussi prisonnier de son idéologie social-démocrate, c’est bien mal vu. La saison des idées n’a pas fait lever beaucoup de nouvelles fleurs de ce côté.
À coté d’un parti de centre droite, il y a de la place pour un parti progressiste qui redéfinirait, de façon pragmatique et moins idéologique que Québec-Solidaire, un modèle de solidarité qui rejoindrait mieux les Québécois. Le Parti Québécois doit profiter de cette troisième place pour faire un exercice de réflexion qu’il a refusé après la défaite de 2003. Si un tel résultat est amer, il doit être l’occasion d’une réflexion en profondeur. La survie du PQ est à ce prix.
Bertrand Lavoie
Québec


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