Un inestimable cadeau pédagogique

Ce matin, j'ai les manches retroussées, les mains dans la pâte, attelé à la tâche de poursuivre une entreprise vivante.

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009

Bravo et merci... Nous avons passé un merveilleux et long moment en famille à nous abreuver de ces mots quelques fois déjà lus ou entendus, souvent découverts pour la première fois. Ce Moulin à paroles, aux mécanismes actionnés au fil du fleuve de notre histoire, était attendu et nécessaire. Il nous donne l'envie de plus de mots, il nous invite à fouiller nos fondations, il fouette l'idéal de faire notre propre pain avec plus d'ardeur afin de mieux le partager.
Merci à tous ceux qui nous ont offert cela, la courageuse équipe, les vaillants lecteurs. Sachez que, ne pouvant quitter Montréal et sans télévision, nous sommes restés 24 heures branchés sur Internet afin de réentendre les mots, lus différemment et compris autrement. Bien sûr, nous avons sommeillé quelque peu, avons vaqué au ménage dominical, assemblé des mécanos... l'oreille toujours éveillée, le bonheur accroché au coeur. Nous avons quelques fois farfouillé dans notre bibliothèque, à la recherche de ces trésors accumulés et un peu oubliés: «Dis, chérie, où se trouve ce vieil exemplaire original de Ti-Coq de Gratien Gélinas?» Nous avons parfois ri, versé une larme, ragé et pesté, ou sommes restés muets d'admiration face à l'éloquence d'une autre génération.
Dommage pour les élites
Dans ce Moulin à paroles, il y a mille et un autres textes que nous aurions pressentis y retrouver, de tous horizons, hors de toute politicaillerie. Nous aurions souhaité plus de textes loyalistes, royalistes, fédéralistes, fascistes, des lettres de marchands ou de simples citoyens. Les absents déclarés doivent ici assumer leur propre tort. Constatez: nous sommes assez matures pour y entendre des mots anglais, ou des textes d'opinions contraires, voire insultants, brutaux. Voyez: nous sommes assez curieux, respectueux, et admiratifs pour entendre des mots en langues amérindiennes, desquelles nos parlures sont en partie tributaires. Dire qu'on nous prédisait la violence...
Dommage que nos soi-disant élites se soient en grande partie soustraites de cet événement: elles n'auront su démontrer que leur médiocrité culturelle, la vacuité de leur pertinence hors du divertissement, ou tout simplement leur mauvaise foi. Dans un pays ou plus de la moitié des citoyens adultes sont analphabètes fonctionnels et traînent le boulet de l'ignorance de leur propre histoire, ce désistement de nos représentants restera collé à leur nom comme une tache embarrassante.
Entreprise vivante
J'ai reçu cet événement comme un cadeau pédagogique. Je me sens soudainement plein et fier d'assumer mes désirs, enseigné en cela des mots d'Hélène Pedneault: «Il n'y a pas de conjoncture favorable ou défavorable. Il n'y a que la force et la clarté du désir, qu'il s'agisse d'un individu ou d'un peuple. Une conjoncture, ça n'existe pas, ça se crée.»
Ce matin, j'ai les manches retroussées, les mains dans la pâte, attelé à la tâche de poursuivre une entreprise vivante.
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Luc Beauchemin, Designer, artiste visuel et enseignant


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