Le lock-out au Journal de Montréal causa bien des ravages. Si jusqu'alors, la réputation du patron de Québecor n'avait pas trop souffert, avec ce long conflit, l'étiquette d'antisyndicaliste allait lui coller à la peau pendant longtemps.
La CSN n'admettra jamais qu'elle a mal agi en jouant les jusqu'auboutistes et en encourageant ses membres à refuser tout compromis, plutôt que de chercher un juste milieu. L'industrie des médias était en pleine évolution, les façons de faire devaient changer, comme le démontrent les grandes transformations dans d'autres médias, mais la CSN persistait et signait. Même Radio-Canada s'est mis à la convergence et a signé des ententes secrètes avec Gesca/La Presse. On voit de plus en plus souvent les journalistes et chroniqueurs de La Presse intervenir sur les ondes de Radio-Canada.
Pourtant la solidarité aurait pu jouer en faveur des journalistes, si on avait pris les grands moyens. Les pressiers, qui appartenaient au syndicat concurrent, la FTQ, auraient pu être mis à contribution. Pourquoi ne pas arrêter les presses tout simplement? Le journal n'aurait pas pu paraître et les annonceurs n'auraient pas pu annoncer. Ça aurait fait très mal.
Mais la solidarité avait un prix et des risques. Les pressiers, qui sortaient d'une longue grève, auraient perdu leur salaire, voire leur emploi car il se seraient mis en grève illégalement. Il fallait aussi que la FTQ et la CSN se parlent et se mettent d'accord. C'était trop compliqué et trop coûteux. Non, il était plus facile, pour la CSN, de culpabiliser le public qui continuait à acheter le journal et les annonceurs à y placer de la publicité. Et à accuser PKP d'être le diable en personne.
Entre-temps, Pierre Karl Péladeau et son empire Québecor ont multiplié les interventions en faveur de la culture québécoise. Si son père y était déjà bien présent, avec le jeune Pierre Karl, ces interventions toucheront tous les domaines de la culture : littérature, musique, théâtre, danse, arts visuels, etc. La liste des entreprises secourues est longue.
Qu'on parle simplement du Rideau Vert, le plus vieux théâtre du Québec, qu'il a sauvé de la faillite, du Devoir dont Québecor a effacé la dette millionnaire il y a plusieurs années (Le Devoir était imprimé par Québecor, ce qui n'affectait en rien son indépendance), du Festival international de poésie de Trois-Rivières, auquel il a donné un sérieux coup de pouce, des grandes maisons d'édition comme Libre Expression, Stanké, VLB éditeur et L'Hexagone, du Projet Éléphant, la mémoire du cinéma québécois, une idée géniale, du patrimoine québécois comme ce vieux phare abandonné par le fédéral qu'il a acheté aux Îles-de-la-Madeleine pour le restaurer et le remettre aux Madelinots, de l'Orchestre métropolitain, de la Maison Notman, de l'Usine C, du nouveau pavillon du Musée national des Beaux-Arts du Québec, des grands prix Hommage, dotés d'une bourse de 50 000$ et accordés tous les ans à des artistes comme Raymond Lévesque, Marcel Dubé, Monique Leyrac, Gilles Vigneault, André Brassard, Janine Sutto, Renée Claude, pour ne mentionner que ceux-là. Étonnant, n'est-ce pas, pour un homme soi-disant de droite?
Si Françoise David a déclaré avec rage qu'elle ne s'assoirait jamais aux côtés de PKP à l'Assemblée nationale, elle aurait dû savoir pourtant que c'est grâce à ce même gros méchant capitaliste qu'elle a pu participer au Moulin à paroles, en septembre 2009 à Québec. Le gouvernement Charest avait coupé la maigre subvention de 20 000$ parce qu'on allait y faire la lecture du manifeste du FLQ et Québecor a comblé ce manque à gagner, en retransmettant l'événement de 12 heures sur le canal Vox et sur Canoe (Internet).
Plusieurs se sont scandalisés de l'arrivée de PKP dans la présente campagne électorale. Le poing levé, PKP a annoncé qu'il se présentait comme député pour faire le pays québécois. Les purs de Québec solidaire l'ont démonisé. « Radio-Gesca » a crié à la liberté de presse menacée. Pourtant, si Québecor possède environ 37% des médias (sans ligne éditoriale), 46% de l'information est contrôlée par la convergence CBC/Radio-Canada/Gesca. Cela ne semble pas offusquer l'ombudsman de la Société d'État, Pierre Tourangeau, ni Françoise David.
Pourquoi un millionnaire ose-t-il s'immiscer dans la politique? Savez-vous que le drapeau chinois comporte quatre étoiles et que deux de ces étoiles représentent la petite bourgeoisie et les capitalistes patriotes. Je ne veux pas parler de Mao ni de ce qu'est la Chine aujourd'hui. Trop vaste programme. Je veux juste dire que pour se défaire de l'emprise coloniale (britannique et japonaise), il a fallu rassembler sous un même drapeau toutes les forces qui s'y opposaient. C'est ce qu'il faudra faire ici au Québec un jour.
Je me dis que l'arrivée de PKP est une véritable bouffée d'air frais et je le vois déjà comme le futur premier ministre du Québec, celui qui va nous mener au référendum gagnant.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé