Un gouvernement “séditieux” ?
Est-il exagéré de qualifier le gouvernement Charest de “séditieux” ? Peut-être, mais il devient de plus en plus évident pour tous les observateurs attentifs des mouvements qui agitent notre société, qu’une stratégie politique est à l’œuvre dans la gestion de la crise étudiante par le gouvernement Charest. C’est du moins une interprétation des faits que j’ai avancée précédemment, en identifiant une stratégie de tension, et en faisant l’hypothèse que cette stratégie n’est pas seulement l’œuvre du gouvernement, mais d’un ensemble de forces et d’instances socioéconomiques, politiques, voire étatiques, qui s’emploient à faire obstacle à une possible victoire du Parti québécois, ainsi qu’aux espoirs de changement et aux mobilisations populaires qu’une telle victoire pourrait susciter :
http://www.vigile.net/Strategie-de-tension-a-la
Pour paraphraser un certain philosophe barbu qu’une police aux ordres du PLQ aurait certainement arrêté dans la rafle du mercredi 25 avril à Montréal, “un spectre hante” l’Amérique du Nord, celui de l’élan populaire du 15 novembre 1976, avec l’historique victoire du Parti québécois !
Questions sur la mise en œuvre d’une stratégie de tension
Pour faire face au mouvement étudiant, le gouvernement Charest a engagé, à même les ressources financières de l’État, la firme Gowlings, un cabinet d’avocat qui propose son «expertise» «aux dirigeants d'entreprises privées et agit au même titre auprès des dirigeants d'organisations gouvernementales et para-gouvernementales.» (www.gowlings.com). Il me paraît essentiel de savoir précisément quel est le rôle de ce bureau d’avocats dans la crise actuelle, quelles sont les interventions qui ont été faites par cette firme, et à quels moments ces interventions ont eu lieu. Y a-t-il une relation entre l’engagement de cette firme par le gouvernement, et la judiciarisation croissante du conflit avec la multiplication des injonctions contre les décisions prises démocratiquement dans les assemblées étudiantes ?
La stratégie gouvernementale face au mouvement étudiant ressemble fâcheusement à celle de propriétaires d’entreprises qui préfèrent fermer des usines ou des commerces, plutôt que de négocier de bonne foi avec leurs employés. Est-il possible de fermer … et de délocaliser Cégeps et universités ?
À chaque dérapage de manifestations qui sont au départ pacifiques, il est question d’un mythique «Black Block», entité qui serait soit parfaitement étrangère au milieu étudiant, ou au contraire présenté comme un complice occulte de la CLASSE… Il est évident que les dérapages (vandalisme, voies de faits sur des policiers, etc.) dont certains groupes ou individus sont responsables, sont le prétexte d’une répression et d’une criminalisation de plus en plus massive de manifestants qui se trouvent simplement sur les lieux de l’action, et ils servent par ailleurs à alimenter un discours gouvernemental qu’il est difficile de caractériser autrement que de démagogique.
Certains soupçonnent des manipulations policières de la part d’agents provocateurs ou infiltrés : il s’agit d’une possibilité et non d’une certitude, et cela ne suffirait pas à expliquer la dynamique actuelle des dérapages et de leur exploitation politique.
Il existe bien sûr des groupes organisés qui se qualifient eux-mêmes d’“anarchistes”, de “communistes”, etc.: nul doute que le gouvernement soit bien informé à ce sujet par ses “services” … Mais il doit aussi être informé du fait que de nombreux étudiants sont tout simplement en colère, du fait du mépris, de la fermeture, mais aussi de l’intimidation et de la violence policière et parapolicière qu’ils subissent depuis des semaines. C’est cette colère, mais aussi un désespoir qui est en train de gagner à la fois les étudiants favorables et ceux défavorables à la grève, qu’un gouvernement cynique s’emploie à instrumentaliser à des fins électorales.
La situation du conflit étudiant est à présent complètement bloquée, est on apprend (cf cyberpresse.ca) que la dernière carte dans la manche du gouvernement était une provocation sous forme de proposition non négociable d’étendre la hausse des droits de scolarité sur sept ans plutôt que cinq. Le gouvernement a ignoré les appels à la raison provenant de personnalités publiques de milieux divers, tels que Guy Rocher, artisan de la Révolution tranquille, et Jean Cournoyer, ancien ministre du travail dans un gouvernement libéral... On doit faire le constat du fait que la crise étudiante est devenue une crise sociale et politique.
Quelles solutions ? La nécessité d’une mobilisation citoyenne !
Ce ne sont pas seulement les dizaines de milliers de membres de la CLASSE qui sont en colère contre l’arrogance, le mépris et la fermeture, et à présent l’exclusion, qui constituent la seule réponse gouvernementale au mouvement étudiant, mais une bonne partie de la jeunesse, qui comprend qu’elle est globalement exclue par un pouvoir qui ne représente plus que les milieux d’affaire les plus éthiquement douteux !
Ce ne sont pas seulement ces dizaines de milliers d’étudiants, qui sont devenus les adversaires d’un gouvernement Charest qui préfère mettre à mal les institutions scolaires, plutôt que de négocier de bonne foi avec le mouvement étudiant, ce sont l’ensemble des citoyens pris en otages à la fois par un système électoral inique et par des ennemis de la démocratie qui se sont emparés de l’État québécois.
Une seule réponse à ce que l’on devra peut-être se résoudre à qualifier de “sédition” : une immense mobilisation citoyenne pour défendre la démocratie, et pour empêcher que la jeunesse étudiante soit utilisée comme “bouc émissaire” dans une stratégie politique à la fois honteuse et perverse !
Yves Claudé – s’exprimant en tant que citoyen
Un gouvernement “séditieux” ?
Quelles solutions ? La nécessité d’une mobilisation citoyenne !
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