Un fiasco pour le Québec

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La nomination de Michaëlle Jean a été une catastrophe pour le rayonnement international du Québec

Quand survient un événement politique, il peut être intéressant de remonter à ses origines pour mieux comprendre ses causes.


En effet, en écoutant Michaëlle Jean livrer son gênant dernier discours comme secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, on ne pouvait s’empêcher de se demander qui avait bien pu avoir l’idée de l’installer là. Son ton emprunté, empesé et mélodramatique rappelait son affligeant discours vaguement autodérisoire où la gouverneure générale, manifestement imbibée, s’époumonait à dire qu’elle était « hot » devant un parterre de journalistes mal à l’aise.


Cynisme et népotisme


Depuis son arrivée dans ses premières fonctions publiques, en 2005, Michaëlle Jean ne s’est jamais fait remarquer pour son jugement et la finesse de ses habiletés politiques. On a commenté abondamment ce qui s’apparentait à une conviction fédéraliste tardive, le vide de ses discours, la pompe toute monarchique qu’elle insufflait à sa tâche et ses habitudes dépensières.


Dans un tel contexte, comment Stephen Harper a-t-il pu soutenir sa candidature, quatre ans après avoir été gouverneure générale, à un poste aussi prestigieux que celui de secrétaire général de l’OIF ? Rappelons que madame Jean n’avait jamais obtenu un mandat électif et n’avait aucune expérience de gestionnaire.


Il est notoire que les conservateurs n’aiment pas Michaëlle Jean. Partant de ça, peut-on voir autre chose que du cynisme dans le choix de Stephen Harper de l’envoyer dans une organisation qui ne l’intéressait pas ? Les relations avec les pays africains n’ont jamais été une priorité de son gouvernement.


Plus encore, on peut se demander quelle mouche a piqué Philippe Couillard et Christine St-Pierre pour qu’ils militent aussi fort pour Michaëlle Jean dont tout le monde, faut-il le rappeler encore, connaissait les faiblesses. Avec une Québécoise à la tête de l’OIF, il a fallu offrir le poste d’administrateur, numéro deux de l’organisation, à une candidature africaine. Il a donc fallu écarter la personne qui occupait cette fonction jusqu’alors. Il s’agissait du Québécois Clément Duhaime, personne faisant l’unanimité dans le réseau diplomatique québécois et respecté à la grandeur de la Francophonie, notamment pour son travail fidèle auprès d’Abdou Diouf, l’ancien secrétaire général.


Ainsi, pour expliquer le choix irrationnel du gouvernement du Québec de soutenir Michaëlle Jean au détriment de M. Duhaime, faudrait-il s’en remettre au népotisme ? Un coup de pouce de Christine St-Pierre à une ancienne collègue de Radio-Canada ? Les relations personnelles prennent souvent plus de place qu’on pense, en politique.


Médiocre


Octobre 2018. Le Québec est désormais affaibli dans le seul forum international auquel il a pleinement accès par l’action conjuguée de deux gouvernements. L’un, fédéral, qui a toujours été embêté de partager la scène quand il est question de Francophonie. L’autre, provincial, qui avait fait de la nomination amicale un art de vivre.


C’est au point où Michaëlle Jean aura livré une performance tellement médiocre comme secrétaire générale que les membres de l’OIF ont préféré élire la numéro deux d’une dictature anglophile, avec la Rwandaise Louise Mushikiwabo.


Vraiment, on ne comprend pas trop ce que messieurs Harper et Couillard ont essayé de faire il y a quatre ans, mais ils ont manifestement très bien réussi leur coup.



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Claude Villeneuve137 articles

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L’auteur est blogueur au Journal de Montréal et au Journal de Québec. Il a été président du Comité national des jeunes du Parti Québécois de 2005 à 2006 et rédacteur des discours de la première ministre Pauline Marois de 2008 à 2014.