Un droit de veto de QS sur la gouvernance du Québec ?

Élection Québec 2012 - analyses et sondages

Selon Le Devoir (*), les dirigeants de QS «convoitent toujours l’élection d’un gouvernement péquiste minoritaire dont la «balance du pouvoir» serait détenue par quatre, trois ou deux députés solidaires». Curieuse «solidarité» !
Sous des apparences «raisonnables», QS prétend ni plus ni moins obtenir un très stratégique droit de veto sur la gouvernance du Québec ! Il s’agit d’exigences démesurées et en fait très déraisonnables de la part de ce petit parti émanant d’une frange de la nouvelle petite-bourgeoisie, dont les ambitions sont apparemment sans limites...
Les interventions pour le moins questionnables de Monsieur Khadir durant la crise étudiante ne laissent pas présager une attitude responsable dans ce contexte de «balance du pouvoir», qui a toutes les apparences d’une tentative de prise indirecte du pouvoir gouvernemental, que l’on prétend d’ailleurs déplacer sur l’échiquier politique.
Quant à Madame David, ses positions contre une laïcité réelle sont bien connues, quoique peu mises de l’avant, et pour cause, durant la campagne électorale. Peut-on exclure le fait qu’elle et d’autres éventuels députés de QS s’emploiraient à faire échec à la mise en place d’une Charte de la laïcité que le PQ propose ?
Alors que Madame David et Monsieur Khadir se disent «exaspérés par les appels au vote stratégique», n’est-il pas plutôt «exaspérant» d’entendre les dirigeants de QS qualifier ad nauseam un vote politique et progressiste pour le PQ de «vote stratégique» ! C’est aussi cette prétention à utiliser une faible marge qu’ils présument devoir manquer à un gouvernement du PQ, pour se proposer de le prendre en otage, qui est éminemment «stratégique», et pour tout dire passablement éloigné d’une conception adéquate de la démocratie.
Soulignons aussi le fait que, tout comme les interventions de QS durant la crise étudiante, les menées stratégiques et antidémocratique que ce parti se propose d’effectuer, pourraient constituer une nuisance considérable pour les idées progressistes au Québec.
Une question éthique incontournable pour les sympathisants de QS
La prétention de Madame David et de Monsieur Khadir à gouverner indirectement le Québec…, voilà une question éthique passablement intéressante … mais aussi incontournable, que les sympathisants de QS devront très honnêtement se poser, avant d’accorder leur vote a un parti qui fait part très ouvertement, et peut-être aussi naïvement, de la manière dont il entend utiliser une éventuelle «balance du pouvoir» !
Certains citoyens, attachés aux principes bien compris de la démocratie, pourraient avoir à regretter leur vote, à défaut d’avoir pris en considération, non seulement le programme politique de QS, mais aussi son programme stratégique !
Yves Claudé
(*) : «Amir Khadir et Françoise David au Devoir - «On veut tirer le PQ vers le centre gauche»», Le Devoir, 31 août 2012.


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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    1 septembre 2012

    En régime politique britannique,tous ceux qui ont espéré, et obtenu après l'avoir réclamé,tous les détenteurs de la"balance du pouvoir" se sont brulés sévèrement les doigts.
    Faut rien comprendre au système bi-partiste,si ce n'est à la démocratie elle-même,pour croire que la "balance du pouvoir" donne le pouvoir de changer quoi que ce soit.Pareils détenteurs sont généralement détruits à court terme.
    Détenir la balance du pouvoir est un argument démagogique et le plus bassement électoraliste qui se puisse trouver.La réalité politique ramène rapidement les faux démocrates à leur place,c'est-à-dire à l'extérieur des débats légitimes.
    À cet égard,la patience apparente de Pauline Marois ainsi que l'apparente impatience de François Legault,ramèneraient rapidement Q.S. à une juste perspective des choses.Et encore,bien plus rapidement que lentement.

  • Yves Claudé Répondre

    31 août 2012

    Monsieur Bélisle,
    Si l’on croit à la démocratie, on ne peut envisager qu’une mesure sociale, majeure de plus, fût-elle des plus souhaitable comme le «revenu de citoyenneté universel», soit instaurée à travers un “tordage de bras” effectué par deux ou trois députés, et non pas en tant que résultante d’un consensus social minimum.
    Un gouvernement qui cèderait ainsi à du chantage perdrait toute légitimité démocratique.
    Que dirait-on si un gouvernement Harper minoritaire gouvernait avec l’appui d’une poignée d’élus d’un parti d’extrême droite, et que ce dernier impose le retour à la peine de mort et à la criminalisation de l’avortement ?
    La contamination de la conception d’une très incertaine «démocratie directe» peut éventuellement nous projeter fort loin de la démocratie ! Cependant, si l’on n’adhère pas à une conception démocratique du politique, la question ne se pose pas.
    Yves Claudé

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2012

    Si QS détient la balance du pouvoir, j'espère qu'ils vont mettre de la pression sur le PQ pour qu'il instaure le revenu de citoyenneté universel que prônait le regretté Michel Chartrand afin que tous sans exception puissent vivre décemment et heureux au Québec.