Montréal a versé 10 850 $ à une association islamiste pour prendre en charge 30 enfants réfugiés syriens même si elle est soupçonnée par la GRC d’avoir financé des groupes terroristes.
De jeunes Syriens âgés de 5 à 14 ans, dont certains ne parlaient pas français, ont été accueillis cet été au camp Sindbad organisé par le Centre communautaire Laurentien, une section de l’Association musulmane du Canada (MAC).
Le MAC est l’antenne la plus officielle des Frères musulmans, rappellent deux experts.
«Ils s’affichent comme une association qui prône la théorie des Frères musulmans. Ils l’écrivent très clairement sur leur site internet», souligne Mounia Ait Kabboura, spécialiste du radicalisme islamique.
Inquiétant que la Ville de Montréal accepte de confier des enfants à une institution qui se proclame de ce mouvement, pense Lamine Foura, fondateur du Conseil maghrébin du Québec.
«C’est un mouvement qui prêche l’instauration de gouvernements religieux basés sur les lois islamiques», dit-il.
Les Frères musulmans, soulignent les spécialistes, militent pour un parti unique islamiste, pour la censure de la musique et de la littérature et l’interdiction aux femmes célibataires de fréquenter un homme, seule.
«Ces jeunes réfugiés ont fui la Syrie pour échapper aux mains d’islamistes et ils arrivent au Canada où leur intégration est confiée à un camp dirigé par une association qui ne cache pas ses affinités avec les Frères musulmans», soulève Mme Ait Kabboura.
« Aucun lien »
Le camp Sindbad écrit sur son site internet suivre une éducation islamique, c’est-à-dire qui se base sur le Coran.
«On n’a aucun lien avec les Frères musulmans», a d’abord insisté un responsable du Centre communautaire Laurentien, qui a refusé de s’identifier.
Lorsque Le Journal lui a indiqué que c'est pourtant écrit sur le site de la MAC, il a alors précisé endosser seulement le côté «fraternel».
«On parle de l’aspect communautaire, mais en aucun temps d’une idéologie politique», a fait valoir l’homme qui a aiguillé Le Journal sur la MAC, dont les locaux au Québec sont situés à la même adresse.
La MAC nie aussi être associée aux Frères musulmans, même si la référence à cette association figure toujours sur leur site internet.
En janvier 2015, Le Journal révélait, d’après des documents de cour produits par la GRC, que la MAC avait versé près de 300 000 $ à l’International Relief Fund for the Afflicted and Needy-Canada (IRFAN).
Controverse
En 2011, Revenu Canada a révoqué le statut d’œuvre de bienfaisance de cet organisme, puis le fédéral l’a déclaré organisation terroriste en 2014. Il reproche à l’IRFAN d’avoir envoyé 14,6 M$ au Hamas entre 2005 et 2009.
Le Hamas, un autre groupe terroriste selon Ottawa, vise la libération de la Palestine de l’occupation israélienne et l’instauration d’un gouvernement islamique.
Malgré son interdiction, la GRC dit avoir aperçu en mars 2014 un collecteur de fonds de l’IRFAN dans les bureaux de la MAC à Montréal.
De nombreux imams controversés ont déjà été accueillis par le Centre communautaire Laurentien.
Des pamphlets de propagande ont également été trouvés par Le Journal en 2015 dans des mosquées appartenant à la MAC, qui exploitent aussi des écoles primaires.
Le ministre de l’Éducation de l’époque, Yves Bolduc, avait même fait modifier la loi pour permettre au gouvernement d’enquêter sur les dirigeants de ces écoles.
Le Ministère n’a toutefois pas été en mesure de préciser si des enquêtes ont été ouvertes depuis.
Islamique
Qualifie ce qui est relatif à l'islam.
Islamistes
Adeptes des mouvements radicaux de l’islam, qui en font non seulement une religion, mais aussi un projet politique, souvent opposé à la démocratie parlementaire et à l’égalité des femmes.
L’Association musulmane est conforme, dit la Ville
Montréal juge que, même si elle est associée aux Frères musulmans, l’Association musulmane du Canada (MAC) est conforme pour recevoir une contribution destinée à l'accueil de jeunes réfugiés syriens.
«Le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal a recommandé qu’on verse cette contribution dans un contexte exceptionnel qui vise l’intégration de jeunes réfugiés syriens», souligne Marc-André Gosselin, attaché de presse du maire Denis Coderre.
Tous les élus du comité exécutif du maire Coderre ont voté pour l’octroi de ce montant, qui a servi à l’intégration pendant six semaines de 30 enfants réfugiés syriens et à l’embauche de cinq animateurs au camp de jour Sindbad du Centre communautaire Laurentien, une section de la MAC.
Ambiguïté
Pour Lamine Foura, fondateur du Congrès maghrébin du Québec, les municipalités devraient s'abstenir de financer ce type de camp.
«Comment une ville peut-elle justifier d’utiliser l'argent des contribuables pour des activités organisées par une association qui maintient une ambiguïté sur ses liens avec les Frères musulmans?» questionne-t-il.
La Ville explique qu'elle a autorisé cette contribution parce que le camp s'est déroulé sur le thème «Trouve ta place au Québec».
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