En premier lieu, il faut féliciter ceux qui ont conçu la formule des débats des chefs de cette année. Malgré la participation de cinq leaders, les Canadiens francophones ont eu droit hier soir à une véritable discussion. Un débat de contenu, serein, parfois vigoureux mais sans cacophonie, grâce à l'animation très professionnelle de Stéphan Bureau.
Le premier ministre sortant, Stephen Harper, était évidemment dans la position la plus inconfortable: constamment sur la défensive, dans une langue qu'il maîtrise mieux que jamais, mais dans laquelle il reste mal à son aise. Il a su bien expliquer sa proposition controversée sur les jeunes contrevenants, corrigeant l'impression caricaturale qu'en avaient laissée ses adversaires. Il a été moins convaincant sur la crise financière, où il ne semble pas avoir d'autre plan que de laisser les choses venir. Sur les compressions imposées par son gouvernement dans le soutien aux arts, on espérait au moins qu'il souligne l'importance de la culture au Canada et en particulier au Québec; il s'est contenté de chiffres, sans manquer de s'en prendre à nouveau - et inutilement - au gala «généreusement subventionné» des Gémeaux.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui n'a jamais mal performé dans un tel débat, a été à nouveau très efficace. Il a fait preuve de l'impressionnante mémoire des chiffres et des faits qui le caractérise. Il a quelques fois déstabilisé M. Harper, sans parvenir à le désarçonner. Sur le fond, sa vision reste celle, simpliste, de l'homme qui n'a jamais et n'aura jamais à gouverner. Mais de toute évidence, cette approche - le Québec contre les pétrolières, les valeurs québécoises contre celles de Harper-Bush, le gouvernement fédéral toujours dans le tort - plaît à un grand nombre de ses concitoyens.
Le libéral Stéphane Dion était de plus en plus à l'aise à mesure que le débat avançait. Il a exprimé ses idées avec conviction, voire avec passion, en particulier en ce qui a trait à son Tournant vert. Il a témoigné de sa maîtrise habituelle des dossiers. Et il a, contrairement aux autres chefs, présenté quelques mesures concrètes qu'il mettrait en place dès son arrivée au pouvoir pour préparer le Canada aux contrecoups de la crise financière mondiale.
Jack Layton s'est montré proche des préoccupations quotidiennes des gens. De tous, il a été le plus agressif à l'endroit du premier ministre. Toutefois, il est douteux que les téléspectateurs aient retenu de sa fougue l'orientation précise qui serait celle d'un gouvernement néo-démocrate.
Quant à Elizabeth May, elle ne s'est pas laissé intimider par ses difficultés en français et a pris une part active au débat. Malheureusement, il était souvent difficile de comprendre ce qu'elle voulait dire.
Déjà hier soir les commentateurs annonçaient les gagnants et les perdants, estimant notamment que le premier ministre avait été trop calme (on l'aurait évidemment accusé d'être trop agressif s'il s'était porté à l'attaque). Laissons plutôt les électeurs intégrer eux-mêmes cette soirée dans leur réflexion en vue du 14 octobre.
Chose certaine, la nouvelle formule est à retenir: elle a permis la tenue d'un bon débat.
apratte@lapresse.ca
Un bon débat
Médias et politique
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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