Un autre référendum, malgré Trump

Tribune libre

     Huit mois avant le 2e référendum sur l’indépendance du Québec du 30 octobre 1995, le 42e président des États-Unis, Bill Clinton, en visite officielle à Ottawa, déclarait ceci aux Communes : « Les États-Unis, comme l'ont répété beaucoup de mes prédécesseurs, ont toujours eu d'excellentes relations avec un Canada fort et uni, mais nous reconnaissons que c'est à vous de choisir votre avenir politique. » [1]


     Il n’est pas certain que le 47e président, Donald Trump, répéterait cet extrait mot pour mot aujourd’hui, lui qui cherche à faire du Canada le 51e État de son pays. « Diviser pour régner » [2], voilà ce qui lui sied davantage. S’il réussit à braquer et à retourner l’Alberta contre le Canada, à cause du pétrole, il se pourrait que la gouverneure, euh !... la première ministre de cette province tienne un référendum pour en sortir. Une fois indépendante, elle pourrait effectivement devenir le 51e État (qui serait sept fois plus populeux que le moins populeux des 50 États actuels, le Wyoming [3]), au grand plaisir de Trump, accro au pétrole.


     Une fois le démantèlement du Canada entamé, le Québec pourrait suivre. Car si la riche Alberta n’est plus là pour assurer en bonne partie, par l’entremise du gouvernement fédéral, des transferts d’impôt aux provinces les moins nanties [4], quel sera l’intérêt pour les Québécois de rester ? Le Québec, avec son fleuve Saint-Laurent menant aux Grands Lacs, est stratégique, et cela n’a sûrement pas échappé aux conseillers impérialistes de Trump.


     Si le Parti québécois remporte les élections l’année prochaine, un 3e référendum se tiendra probablement au Québec d’ici la fin du mandat (« règne » serait un terme plus approprié) de Trump. Il ne serait pas étonnant que ce dernier intervienne alors publiquement et incite les Québécois à faire de leur terre un pays libre et indépendant, dans le but évident d’affaiblir le Canada. Nous suivrons son conseil, mais nous ne sommes pas dupes. Une fois indépendants, nous ne tomberons pas dans les filets des États-Unis. Trump doit se rappeler que les Québécois sont comme les anciens Gaulois, qui n’avaient peur que d’une chose : que le ciel leur tombe sur la tête.


Sylvio Le Blanc




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé