Le premier ministre du Québec et le ministre de l’Économie ont tous deux affirmé qu’ils préféraient encourager les quincailleries québécoises plutôt que RONA après l’annonce de l’abolition d’une soixantaine de postes au siège social de l’entreprise.
« Je ne veux pas commencer à lancer des séries de boycott, [...] mais moi j’essaie d’acheter québécois, dans des magasins québécois », a indiqué le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, lors d’une mêlée de presse, mercredi.
RONA, qui a été rachetée par la compagnie américaine Lowe’s en 2016, a annoncé la mise à pied de 60 employés en comptabilité à ses locaux de Boucherville, en Montérégie, a rapporté TVA Nouvelles mardi.
Selon le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, RONA « a peut-être payé le prix » de son rachat par une entreprise américaine même si c’est cette dernière qui doit en porter le blâme. Il se questionne d’ailleurs à savoir si Lowe’s respecte bel et bien les engagements qu’elle a pris avec le gouvernement fédéral afin de conclure l’acquisition de RONA. L’entreprise américaine s’était entre autres engagée à conserver le siège social canadien de RONA à Boucherville.
« On peut conclure qu’ils ont eu des difficultés. Au Québec, on est très nationaliste et on voit beaucoup de clients quitter RONA pour aller chez Canac ou chez Patrick Morin ou d’autres », a dit Pierre Fitzgibbon, mercredi matin, en point de presse à Québec.
Aussi un enjeu fédéral
Le ministre de l’Économie a d’ailleurs l’intention de contacter sous peu le prochain ministre fédéral qui aura la charge de ce dossier. « Je vais l’appeler, c’est un enjeu fédéral. Le fédéral a une certaine main sur les engagements de Lowe’s auprès de RONA », a-t-il expliqué.
Les 60 emplois abolis chez RONA seront transférés au siège social américain de Lowe’s, à Mooresville, en Caroline du Nord. L’annonce est tombée une semaine après que l’entreprise eut nié les révélations de TVA Nouvelles et du Journal de Montréal à propos de ses plans de délocalisation en Inde et aux États-Unis.
Le premier ministre François Legault a d’ailleurs déploré mercredi que l’entreprise n’ait pas révélé ces informations plus tôt.
« Ça veut dire que Lowe’s n’a pas donné les bonnes informations et c’est malheureux, car oui il semble y avoir une délocalisation », a-t-il indiqué en point de presse en reprochant au précédent gouvernement libéral d’avoir permis la vente de RONA au géant américain Lowe’s.
Peu après l’arrivée au pouvoir de la CAQ, le président du Conseil du trésor et ex-vice-président de la Caisse de dépôt et placement, Christian Dubé, avait pourtant affirmé que la vente de RONA à l’américaine Lowe’s était justifiée.
« La Caisse a réussi, dans ce dossier, à garder l’équilibre entre le développement économique du Québec et le rendement pour ses déposants », avait-il indiqué en entrevue avec Le Journal de Montréal à propos de la décision prise alors qu’il travaillait toujours pour la Caisse.
« C’était dans mon autre vie. Je vais laisser les gens de la Caisse répondre à ça », a-t-il toutefois indiqué mercredi.
Depuis qu’elle a avalé RONA, pour 3,2 milliards $ en 2016, la multinationale américaine tente par tous les moyens de rentabiliser son acquisition.
–Avec la collaboration de Sylvain Larocque