Le président Trump a condamné le «racisme» et «le suprémacisme blanc» après deux tueries meurtrières ce week-end, tout en se gardant de mettre l'accent sur la lutte contre les armes à feu.
Les habitants d'El Paso, ville texane à la frontière mexicaine, et de Dayton, dans l'Ohio, pleuraient leurs morts, 30 au total, sans compter les nombreux blessés.
Dans les deux villes frappées par les tragédies, de nouveaux détails émergeaient sur ces victimes innocentes, auxquelles étaient rendus des hommages publics sous la forme de veillées de prière ou de messages anonymes déposés dans des chapelles ardentes.
À El Paso, où la population est à forte majorité hispanique, le tireur, un homme blanc de 21 ans équipé d'un fusil d'assaut, a ouvert le feu samedi dans un centre commercial bondé, avant de se rendre. Le bilan a grimpé à 21 morts lundi. La police examine la piste du racisme, le tireur étant suspecté d'épouser des thèses extrémistes.
«Le tireur à El Paso a publié en ligne un manifeste consumée par la haine raciste», a déclaré le président américain depuis la Maison-Blanche, où les drapeaux ont été mis en berne.
«Notre nation doit condamner d'une seule voix le racisme, le sectarisme, et le suprémacisme blanc», a déclaré M. Trump dans sa courte allocution télédiffusée.
«Idéalisation de la violence»
Le président américain a maintes fois été accusé de racisme, notamment par ses opposants politiques. Au cours du week-end, de nombreux élus l'ont vivement critiqué pour sa rhétorique anti-immigrants, accusée d'alimenter la montée de l'intolérance dans le pays.
Le locataire de la Maison-Blanche, qui pourrait se rendre sur les lieux des drames, a appelé lundi à mieux «agir face aux signes précurseurs» de violence. Il a réclamé une loi qui permettrait aux autorités de retirer leur arme à des personnes identifiées - notamment par des membres de leur famille - comme présentant un danger pour elles-mêmes ou les autres.
Il a également indiqué avoir demandé au département de la Justice de travailler à une loi garantissant l'exécution «rapide» des auteurs de «crimes motivés par la haine» et de «tueries de masse».
Plus tôt, par tweet, il avait appelé à une meilleure vérification des antécédents des personnes souhaitant acheter des armes à feu, tout en souhaitant coupler cette mesure à «une réforme migratoire urgemment nécessaire».
Plusieurs élus ont fait valoir que la Chambre des représentants, à majorité démocrate, avait justement adopté une réforme en ce sens, qui attend depuis plusieurs mois d'être votée au Sénat, où les républicains sont majoritaires.
Mais dans son adresse à la nation, Donald Trump, qui est soutenu par le puissant lobby américain des armes à feu, a surtout insisté sur le rôle néfaste que jouerait selon lui internet dans la radicalisation de personnes souffrant de troubles mentaux.
«Nous devons arrêter l'idéalisation de la violence dans notre société», a-t-il insisté, estimant qu'il était «trop facile aujourd'hui pour les jeunes en difficulté de s'entourer d'une culture célébrant la violence», notamment à travers des jeux vidéo.
Plus tôt, il avait également accusé les médias de «grandement contribuer à la colère et la rage qui se sont développées» aux États-Unis en diffusant des «fake news».
Trente secondes
La tuerie d'El Paso, dans un magasin Walmart, est traitée comme un cas de «terrorisme intérieur», et son auteur, identifié comme Patrick Crusius, a été inculpé dimanche et encourt la peine de mort.
Il est soupçonné d'avoir rédigé un manifeste anti-hispanique qui loue également la tuerie ayant fait en mars 51 morts dans deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande.
Au moins sept des vingt personnes tuées sont des Mexicains, a précisé le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrard, attendu lundi à El Paso, et à qui Donald Trump a présenté lundi les condoléances de la «nation» américaine.
Treize heures seulement après ce carnage, dans un quartier animé de Dayton dans l'État de l'Ohio, un homme blanc de 24 ans, Connor Betts, équipé d'un fusil à cadence rapide et d'un gilet pare-balles, a abattu neuf personnes et fait 27 blessés, avant d'être tué par des policiers.
«Pour l'instant, rien n'indique un mobile raciste», a déclaré lundi le chef de la police locale, précisant toutefois qu'aucune piste n'était à ce stade écartée.
Parmi les victimes figurent six Noirs et trois Blancs âgés de 22 à 57 ans, dont la propre soeur du tireur, l'une des premières à être tombée sous ses balles. Le tireur était arrivé sur les lieux dans le même véhicule qu'elle, avec une autre connaissance qui a été interrogée par les enquêteurs.
Le bilan aurait pu être encore plus dramatique. Des policiers qui patrouillaient tout près de là ont abattu Connor Betts 30 secondes après ses premiers tirs.