Invoquant une supposée attaque chimique en s'appuyant sur les dires d'organisations controversées, Donald Trump a menacé de prendre des mesures contre les autorités syriennes. Dénonçant une «intox» sur un recours au chlore, la Russie a haussé le ton.
«De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque CHIMIQUE insensée en Syrie», s'est alarmé le 8 avril sur Twitter Donald Trump, en référence à une attaque chimique présumée sur l'enclave des rebelles islamistes de Douma, dans la Ghouta orientale, près de Damas. Le président américain a par ailleurs réclamé «d'ouvrir immédiatement la zone pour l'aide médicale et des vérifications».
Donald J. Trump✔@realDonaldTrump
Many dead, including women and children, in mindless CHEMICAL attack in Syria. Area of atrocity is in lockdown and encircled by Syrian Army, making it completely inaccessible to outside world. President Putin, Russia and Iran are responsible for backing Animal Assad. Big price...
«La zone des atrocités est confinée et encerclée par l'armée syrienne, la rendant totalement inaccessible au reste du monde. Le président Poutine, la Russie et l'Iran sont responsables pour leur soutien à l'Animal Assad. Il faudra payer le prix fort», a-t-il poursuivi – insultant donc ouvertement le président syrien.
Donald J. Trump✔@realDonaldTrump
....to pay. Open area immediately for medical help and verification. Another humanitarian disaster for no reason whatsoever. SICK!
Dénonçant au passage le laxisme de son prédécesseur Barack Obama vis-à-vis de Damas, le président américain a enfin reproché à celui-ci de ne pas être intervenu en Syrie.
Donald J. Trump✔@realDonaldTrump
If President Obama had crossed his stated Red Line In The Sand, the Syrian disaster would have ended long ago! Animal Assad would have been history!
Les Etats-Unis ont dénoncé ce 8 avril une possible attaque chimique des forces régulières syriennes dans la Ghouta orientale, ultime poche rebelle aux portes de Damas. Washington s'est appuyé, dans ses accusations, sur l'organisation controversée des Casques blancs, qui a dénoncé un recours au «gaz de chlore toxique», ce qui a été immédiatement démenti par les médias publics syriens. Le tout aussi controversé Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a pour sa part fait état de dizaines de cas de suffocation, dont certains mortels, sans toutefois se prononcer sur l'emploi ou non d'armes chimiques.
La Russie balaie les accusations américaines
Plus tôt dans la journée, la Russie avait affirmé que le gouvernement syrien n'avait pas employé d'armes chimiques dans le cadre de son opération militaire contre les rebelles islamistes à Douma, contrairement à ce que soupçonnent les Etats-Unis. «Nous démentons fermement cette information», a déclaré le général Iouri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, selon des propos rapportés par les agences russes.
Une intervention militaire pour des prétextes inventés et fabriqués en Syrie, où se trouvent des soldats russes à la demande du gouvernement légitime syrien, est absolument inacceptable
De plus, le ministère russe des Affaires étrangères a également affirmé le 8 avril dans un communiqué : «Les intox sur un recours au chlore et à d'autres substances toxiques par l'armée syrienne se poursuivent. Une énième information fabriquée de ce type, qui concernait une attaque chimique présumée contre Douma, a émergé hier.» La diplomatie russe a en outre prévenu qu'une «intervention militaire sous des prétextes fabriqués», en Syrie, «où des militaires russes sont déployés à la demande du gouvernement légitime», était absolument« inacceptable» et pouvait entraîner de graves conséquences.
Moscou avait déjà alerté sur la préparation de «prétextes fabriqués» pour frapper la Syrie
Au cours de ces dernières semaines, Moscou avait déjà mis en garde à plusieurs reprises contre la préparation d'attaques sous faux drapeau dans la Ghouta. Le 17 mars, le général et porte-parole de l'état-major russe, Sergueï Roudsksoï, avait ainsi rapporté que la Russie disposait «d'informations fiables selon lesquelles des instructeurs américains [avaient] formé plusieurs groupes de combattants dans les environs de la ville d'Al-Tanf, pour lancer des provocations impliquant des armes chimiques dans le sud de la Syrie».