Tempête? Crise? Ou fin du monde?

Forum social québécois


Nous sommes des milliers. Tout est sur la table. Pas une question qui ne soit abordée. Depuis samedi matin, plus de 5,000 personnes de tous âges, de tous horizons, de toutes conditions, de toutes régions, planchent sur les problèmes du Québec, du monde et de la planète. À en donner le frisson! Tempête? Crise? Ou fin du monde?
Le Forum social québécois tient sa deuxième édition. Dans un contexte radicalement différent de celui de 2007. Aujourd'hui, nous sommes au centre d'un tremblement de terre économique, toutes les aiguilles tapant au bout des cadrans. Déjà en 2007 nous le prédisions. Nous ne pensions pas qu'elle arriverait en 2009. Malheureusement oui! Et en pire.
Nous récoltons les amères fruits d'une idéologie qui pendant 30 ans a ravagé le monde. Idéologie qui, essentiellement, s'est acharnée à dépouiller l'État de ses pouvoirs et à saccager les services dont il est responsable, à spolier la classe moyenne et à lui faire accroire que tous sont ligués contre elle et à précariser les plus pauvres pour les rendre corvéables à souhait. Idéologie qui a accrédité la Fable des abeilles voulant que la cupidité de chacune fasse la prospérité de la ruche alors qu'en fait, ce sont les nantis qui s'en sont mis plein les poches. Idéologie qui a voulu que l'économie immatérielle supplante et finisse par détruire l'économie réelle. Avec des conséquences inimaginables dans des nombreux secteurs industriels et plusieurs territoires pour des centaines de milliers de familles d'ici et d'ailleurs. Idéologie qui voulait que la terre soit sans limite.
En quelques mois on a vu s'accélérer la crise énergétique, la crise alimentaire, la crise climatique, la crise monétaire, puis, bang... la crise financière. Et tout s'est écroulé. Branle-bas de combat. Rapidement les grands se sont réunis. En quelques semaines, ils ont rendus disponibles 12,000 milliards de dollars de notre argent. Pour faire quoi? Traverser la tempête? Surmonter la crise?
Mais si c'était plutôt la fin du monde, la fin d'un monde. En effet, notre modèle de développement est épuisé! La terre ne pourra pas supporter beaucoup plus longtemps l'exploitation croissante et ininterrompue de ses ressources. Un seul exemple. Si la consommation de pétrole de la Chine devait être équivalente à la nôtre, il ne resterait pas une goûte de pétrole pour nous-mêmes. Idem pour le papier, l'acier, etc. Et le Groupe d'experts intergouvernemental de l'évolution du climat (GIEC), d'un rapport annuel à l'autre, ne cesse de devancer les échéances. À terme, c'est la vie qui est mise en cause.
Mais avant cela, quelqu'un a-t-il commencé à mettre de l'ordre dans la production des produits financiers? Ou dans la gouvernance des institutions financières? Bref, dans ce qui a déclenché la déroute? Nous n'avons encore rien vu. Nous conservons une impression générale que « ces gens-là, monsieur » n'ont fait que se rentrer la tête dans les épaules en attendant que la tempête passe ou que la crise se résorbe pour pouvoir repartir de plus belle. Pourtant, nous ne sommes pas en présence d'une simple tempête ou d'une crise abrupte. Nous faisons face à une fin du monde, à la fin d'un modèle qui nous a conduits dans le mur. Le modèle de demain, celui qui est en débat au Forum social québécois et qui émerge à partir de milliers d'expériences d'ici et d'ailleurs est un modèle qui tout en étant économique est aussi social et environnemental. On le nomme « développement durable ». Il est porté par des forces vives de divers milieux. Auxquelles, tôt ou tard, il faudra bien porter davantage attention. Là dessus ils auront raison comme ils avaient raison en 2007. En espérant que, cette fois-ci, cela arrive plus tôt que tard.


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