EUROPE

Suède : la droite conservatrice en passe de diriger le pays après un scrutin serré

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Changement de paradigme en Suède où l'immigration a échoué

Ce dimanche 11 septembre, les Suédois étaient convoqués aux urnes pour décider quelle formation politique conduira la gouvernance du pays. Une campagne sur fond d’immigration, d’inflation et de hausse exponentielle de la délinquance. Le résultat de ces législatives a fait durer le suspense jusqu’à la dernière minute… avant de créer la surprise : la droite conservatrice devrait emporter à l'heure où nous publions (le dépouillement n’étant pas totalement achevé) la majorité des sièges.


Associé aux nationalistes du parti « Les Démocrates de Suède », le « Parti modéré de rassemblement », un parti conservateur dirigé par Ulf Kristersson, est arrivé en tête avec 176 sièges. Preuve du résultat extrêmement serré de cette élection, le bloc de gauche, uni sous l’aile du Premier ministre sortant Magdalena Andersson, a recueilli quant à lui 173 sièges. La probable victoire du bloc conservateur en Suède grâce au soutien des très à droite « Démocrates de Suède » marque un tournant décisif dans la politique intérieure suédoise.


« Démocrates de Suède » : la réaction des suédois après vingt ans d’immigration incontrôlée


Avec 19,5 % d’individus nés à l’étrangers et 33,1 % d’individus d’origine étrangère, la démographie suédoise exprime, statistiquement, les conséquences de l’angélisme migratoire qui a défini les politiques d’accueil mises en place par le pays depuis la fin des années 90. Le modèle suédois, particulièrement « généreux » en matière d’accueil, a fait de la Suède, entre 2014 et 2015, le pays qui a accueilli le plus grand nombre de demandeurs d’asile et de réfugiés par habitant jamais enregistré dans un pays de l’OCDE. Cette politique d’ouverture des frontières ne fut pas le seul apanage de la gauche. L’ancien Premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt se targuait, en 2014, de diriger une « superpuissance humanitaire » !


Après cet afflux migratoire de populations majoritairement extra-européennes, les Suédois ont vu leur pays muter. Islamisme et hausse exponentielle de la délinquance sont venus perturber la cohésion sociale du pays. En 2021, le Conseil national de prévention du crime, qui dépend du ministère de la Justice suédois, publiait une étude selon laquelle un immigré de première génération est 2,5 fois plus souvent suspecté par la justice d'avoir commis un délit qu'une personne née en Suède de deux parents d'origine suédoise.


C’est donc sur ce terreau que « Les Démocrates de Suède », nés en 1988 mais dont l’assise électorale ne deviendra concrète que vingt ans plus tard, sont parvenus à se faire une place au sein du paysage politique suédois. Longtemps ostracisée par les autres partis, la formation dirigée par Jimmie Åkesson (en photo, en conférence de presse en 2015), jouissant d’un soutien populaire de plus en plus massif, a fini par trouver de sérieux alliés chez les « Modérés », les « chrétiens-démocrates » et les « libéraux », donnant au bloc de droite 49,7 % des suffrage exprimés à ces législatives.


Comme en France, la société suédoise est fracturée


Par certains aspects, les élections législatives suédoises rappellent celles que nous avons connues ici, dans l’Hexagone, au mois de juin dernier. La coalition de gauche dirigée par les sociaux-démocrates de Magdalena Andersson compte dans ses rangs le parti écologiste et le parti communiste (rebaptisé « Parti de gauche »), rappelant ainsi la NUPES de Jean-Luc Mélenchon. En face, « Les Démocrates de Suède » qui composent pour partie la coalition de droite disposent d’évidentes proximités avec le Rassemblement national. Une assise populaire, majoritairement rurale et périphérique, ainsi qu’un discours de fermeté migratoire et d’opposition systématique à l’islamisme rapprochent le parti de Jimmie Åkesson de celui de Marine Le Pen.


Comme la société française, la société suédoise est de plus en plus divisée entre élites urbaines mondialisées et classes moyennes ou populaires géographiquement ancrées en zones rurales ou en périphérie des grandes villes. Selon l’agrégateur de sondages Europe Elects, les ouvriers et les agriculteurs ont voté respectivement à 29% et 24 % pour « Les Démocrates de Suède », alors que 30 % des fonctionnaires ont donné leur bulletin aux « Sociaux-démocrates » de gauche.


Nyans : le parti islamo-gauchiste passé sous les radars


Autre surprise de ces élections, la formation politique d’ultra-gauche et notoirement islamiste Nyans a obtenu des scores importants dans les banlieues de plusieurs grandes villes suédoises, notamment à Stockholm et Malmö. Dans ces zones défavorisées, la population est parfois majoritairement d’origine étrangère. Ainsi, à Rinkeby, dans la banlieue nord-ouest de Stockholm, Nyans emporte la circonscription, faisant dire à Mathieu Gallard, directeur d'études à IPSOS, que le parti islamiste pourrait avoir contribué à la défaite de la gauche.




Le résultat définitif de l’élection ne sera connu que mercredi mais la fulgurante percée électorale de la droite nationale en Suède est acquise. « Les Démocrates de Suède » deviennent le deuxième parti politique du pays, derrière celui, historique, des « Sociaux-démocrates ». Mais l’écart électoral est si faible entre la gauche et la droite que la gouvernance risque d’être extrêmement mouvementée dans les mois à venir. En attendant, dans le pays nordique, la droite célèbre déjà sa probable victoire. « C’est bigrement bon ! » a lancé Jimmie Åkesson, le chef des « Démocrates de Suède, devant ses soutiens.