Je pense, à titre hypothétique, que l'une des façons plausibles de parvenir à l'indépendance est de suggérer aux députés de l'Assemblée nationale d'oser, dans un geste sans précédent, abolir le poste de lieutenant-gouverneur en le remplaçant provisoirement, avant une élection, par le président de l'Assemblée nationale ou même d'abolir la monarchie elle-même sur le territoire du Québec.
Pour poser ce geste, il va de soi qu’il faudrait une majorité de députés indépendantistes qui très probablement assumeraient le pouvoir gouvernemental. Souvenons-nous que le Conseil législatif du Québec avait été aboli, en 1968, par l’Assemblée nationale. Cette déclaration solennelle serait faite expressément pour créer une crise constitutionnelle majeure. La Cour suprême pourrait toujours débattre de la question. Mais le temps risquerait de jouer contre sa décision, dont on imagine le résultat, bien que son jugement pourrait aussi réserver des surprises.
Et la royauté anglaise ne s'objecterait peut-être pas à ne plus être le chef suprême d’État du Québec. Après tout, il ne reste plus que 15 des 53 pays et territoires membres du Commonwealth qui ont encore pour chef d’État la reine d’Angleterre. Et plusieurs de ces 15 pays songent sérieusement y mettre fin, tels la Jamaïque, la Barbade à tout le moins. En outre, la Nouvelle-Zélande et l’Australie sont très divisés sur la question. Un récent sondage donne 48% à ceux qui croient que le chef d’État devrait être un Néo-zélandais contre 47 % qui sont pour un représentant de la royauté anglaise comme chef suprême. Au Canada un sondage daté du 18 mai 2015 (jour de la Fête des patriotes) donnait un surprenant 73 % des Canadiens en faveur d’un chef d’État canadien*.
Ces sondages annoncent-ils la fin du colonialisme au Canada? Il est à prévoir que la tendance républicaine l’emportera et qu’à ce moment-là la royauté anglaise ne s’objectera pas. C’est, du moins, ce que l’on dit à partir de certaines déclarations du prince Charles.
Et le gouvernement canadien serait malvenu de dire que cela ne concerne pas la royauté anglaise depuis le rapatriement de la constitution en 1982, constitution que le gouvernement du Québec a refusé de signer et qu’il ne signera pas de toute façon si elle n’est pas amendée pour y inclure la notion de Nation québécoise dans ses droits et prérogatives en plus des 5 demandes traditionnelles du Québec. Opération qui semble impossible à réaliser, surtout depuis que certaines provinces exigent un référendum dans leur province, telle la Colombie britannique. Imaginez que les 11 législatures au Canada, le Sénat et les autochtones doivent se prononcer unanimement (vous me corrigerai s’il y a lieu). Meech et Charletetown nous ont démontré l’extrême difficulté, voire l’impossibilité, d’amender cette constitution. En fait ce que Pierre Trudeau disait avoir mis en place pour 1000 ans à travers cette constitution verrouillée à double tour risque de permettre au Québec de devenir indépendant plus rapidement qu’on ne le croit.
Mais ce qui est plus probable, dans un autre scénario, c'est que le lieutenant-gouverneur dissoudrait l'Assemblée nationale. À ce moment-là, il faudrait que le peuple entreprenne des actions de soutien pacifiques aux députés qui pourraient siéger en dehors du parlement désormais cadenassé. Les députés rebelles instaureraient alors un gouvernement provisoire, en attente d'élections. Manifestations, actions non-violentes, non-coopération, résistance pacifique. Gandhi, Luther King, Chavez, Mandela et d'autres pacifistes pourraient devenir une inspiration.
Remarquez que l'indépendance n'a pas encore été proclamée, jusqu’ici, dans la présentation de cette stratégie. Cela viendrait possiblement après une élection-référendum. Les conditions gagnantes auraient alors été mises en place. Il faut savoir que sondages après sondages, les Québécois se disent, très majoritairement en faveur de l’abolition de la monarchie. À plus de 85%, dans certains sondages.
La monarchie abolie, la République apparaîtra.
Évidemment ce processus politique se présenterait possiblement de façon quelque peu différente, à diverses étapes. Mais l'essentiel est là.
Que pensez-vous de cette manière de voir les choses? Enfin, cette stratégie reste hypothétique. J’attends vos critiques !
*http://www.cbc.ca/news/canada/manitoba/royal-family-support-by-canadians-waning-poll-indicates-1.3072469
http://www.cbc.ca/…/royal-family-support-by-canadians-wanin…
http://www.macleans.ca/news/canada/queen-costs-us-more-than-the-brits-pay/
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14 commentaires
Alain Raby Répondre
14 décembre 201659 % de Néo-Zélandais voudraient un état indépendant de la monarchie britannique après que la reine d'Angleterre n'y soit plus. Et au Québec c'est encore plus selon les sondages. Qu'attendent nos représentants parlementaires pour se lever et annoncer la fin de ce régime colonial et oligarchique ridicule ?
http://www.journaldemontreal.com/2016/09/07/une-majorite-de-neo-zelandais-prets-a-en-finir-avec-la-monarchie
Archives de Vigile Répondre
25 mai 2015Madame Danielle Fortin
Vos arguments républicains rejoignent les miens depuis que je vous lis. Comment expliquer que nos compatriotes continuent à accepter ce système colonial ? C'est pour plusieurs d'entre nous inacceptable et bien pénible.
Il suffirait pourtant d'une forte volonté politique pour que soit instauré un régime républicain au Québec.
Le Carré Bleu a mis en ligne 2 pétitions conséquentes dont le résultat sera dévoilé le 1re juillet prochain, lors de la marche républicaine.
https://secure.avaaz.org/fr/petition/A_lAssemblee_nationale_du_Quebec_Un_referendum_pour_labolition_de_la_monarchie_au_Quebec/?copy
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Les_citoyens_du_Quebec_Pour_une_1ere_Constitution_republicaine_du_Quebec/?tdraugb
Vous êtes les bienvenus !
Archives de Vigile Répondre
25 mai 2015C'est un scénario très plausible, Monsieur Morin. Je l'envisage moi-même comme tout à fait légitime.
J'en profite pour vous inviter à notre 2ième marche anti-royaliste et républicaine que le Carré bleu organise chaque année, 1er juillet.
Déjà plus de 600 personnes ont répondu sur Facebook seulement.
Parlez-en à vos amis.
Merci et bienvenus. Nous finirons bien par triompher !
https://www.facebook.com/events/290327241138513/
Archives de Vigile Répondre
22 mai 2015Élection référendaire, suivi d'une déclaration unilatérale d'indépendance et un référendum pour entériner la nouvelle Constitution du Québec.
Danièle Fortin Répondre
22 mai 2015_
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_ Jean-Pierre Bélisle, je ne peux que vous être reconnaissante de nous donner un aperçu de toutes les fadaises, les balivernes que le camp d'en-face nous servirait si enfin les tenants du péquisme adoptaient un discours résolument républicain.
Démontrez-nous, sans rire, en quoi le régime colonial canado-britannique participe à l'émancipation du peuple québécois ?
Et par pitié n'invoquez pas les vertus de la démocratie ( demos kratos ) pour défendre un régime dont, par pure ignorance, nous sommes parmi les rares peuples, dans les trois Amériques, à tolérer. Vous savez pertinemment que la clé de notre libération ne réside que dans et par l'idéal républicain. Il n'y a en pas d'autres.
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Danièle Fortin Répondre
22 mai 2015_
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_ Il est clair que la population québécoise ne rechignerait pas si d'aventure les autorités péquistes se donnaient comme mandat de refuser de porter serment de soumission à la couronne d'occupation et de l'abolir. Du moins, ces dernières pourraient mettre la question en débat, sauf qu'elles ne le feront jamais. Pire, même si le Québec obtenait son « indépendance », le péquisme-lévesquiste ( Pq-Bloc-On et qui sait, peut-être Québec solidaire ) saurait jouer d'astuces pour conserver les institutions de ce régime colonial et anti-démocratique, incluant son système parlementaire.
_ Parce que le système du parlementarisme britannique, même tronqué dans sa forme provinciale, procure aux partis qui l’endossent et à ses élus, des privilèges et des avantages extraordinaires. Voyons voir :
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➢Le chef du parti ayant fait élire une majorité de députés devient premier ministre et chef du gouvernement : un chef choisi par son parti sans l’aval du peuple.
➢Une fois l’élection passée, le parti élu n’a de comptes à rendre à personne, peu importe les engagements électoraux. Le chef, entouré de conseillers choisis par lui, dispose d’un pouvoir absolu pour 4 ou 5 ans. Et il est inamovible.
➢En effet tout les pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire sont concentrés au bureau du premier ministre. Même les élus du même parti n’ont rien à dire. Il s’agit d’une dictature de fait.
➢Le premier ministre et son bureau ont un contrôle absolu sur l’État et ses ressources financières et techniques,
dont celles en particulier des sociétés d’état.
➢Le premier ministre a le pouvoir de nommer les ministres, les sous-ministres et les hauts fonctionnaires, les juges et les hautes autorités policières et judiciaires.
➢Le premier ministre distribue les honneurs, les titres, les fonctions, les salaires, les pensions, les contrats et toute forme de reconnaissance selon son bon vouloir.
➢Le premier ministre peut engager l’état, l’endetter sinon le ruiner, et avec lui tous les citoyens pour des générations et des générations sans aucun sanction ni pénalité d’aucune sorte.
➢Bref, le premier ministre et son bureau dispose d’une immunité totale quant à la nocivité de ses actions et politiques sur le peuple, son territoire, sa culture, sa société et son économie. Seuls les intérêts de son parti et de sa caste prévalent; et ultimement ceux de ses maîtres étrangers.
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_ Il en est de même pour l'intérêt que portent les intendants péquisto-lévesquistes en ce qui a trait à l'adhésion d'un Québec dit « indépendant » à l'institution du Commonwealth.
L’appartenance à une organisation telle que le Commonwealth serait pour certains individus une extraordinaire auge à privilèges quasi diplomatiques : salaires faramineux et avantages non-imposables, voyages en première classe, séjours luxueux sous les tropiques, rencontres intimes, fine gastronomie et plus tard pensions pharaoniques à l’avenant; bref un éternel nirvana au frais du peuple.
Nous savons tous combien cela fait saliver d’envie ce qui nous sert malheureusement d’élite politique. Et de ce fait aucun argument, même les plus malhonnêtes et les plus vils ne nous seront épargnés pour y adhérer. Seule la République et ses institutions nous en protègeront.
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Donc, que l'on ne s'y trompe pas, rien, j'écris bien R I E N des institutions monarchiques canado-britanniques ne sert à la souveraineté et à l'émancipation du peuple québécois. Ce qui explique, entre autres, le silence assourdissant des « élites » péquistes sur ce sujet pourtant fondamental.
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Alain Raby Répondre
21 mai 2015Il y a plusieurs chemins qui peuvent mener à l'indépendance. Il faut les énoncer et les examiner tous. Vigile est là pour cela. Pour le moment il y a une belle quasi-unanimité autour de l'idée de l'abolition de la monarchie sur le territoire et dans les institutions du Québec. Vouloir d'abord adopter une constitution républicaine risque d'être beaucoup plus compliquée et prendre beaucoup plus de temps. Les divergences seront nombreuses. L'abolition du poste de lieutenant-gouverneur, par exemple, agirait possiblement en élément déclencheur, permettrait, peut-être, un déblocage qui culminerait, enfin, en une constitution républicaine. Alors donc il pourrait y avoir plusieurs voies : soit une constituante, soit un référendum sur l'indépendance, ou sur la constitution, ou sur l'abolition de la monarchie au Québec, ou une proclamation de l'Assemblée nationale avant le référendum, comme au moins une douzaine de pays ont décidé depuis 1991. Mais un référendum auquel les Québécois dirait OUI par une majorité des plus claires serait celui qui, par exemple, demanderait :" Êtes-vous pour que le chef de l'état québécois ne soit plus un représentant de la reine d'Angleterre ?" OUI /NON. Enfin le Québec saurait se dire OUI !
François Ricard Répondre
21 mai 2015Pourquoi ne pas simplement rallier la population autour d'une constitution républicaine ?
Alain Raby Répondre
21 mai 2015Même si toute la famille royale était d'accord pour que l'on élise un Canadien comme chef d'État et que 100% des Canadiens étaient aussi d'accord, la constitution canadienne rapatrié de 1982 l'empêcherait. Il faudrait un amendement constitutionnel, ce qui est à peu près impossible avec la formule d'amendement actuelle. Alors que faut-il penser de la légalité constitutionnelle ? Mieux vaut penser en terme de légitimité, rendu à ce point. Ça commence à ressembler drôlement à une situation aussi bloquée que celle du temps des patriotes de 1837-38. C'est par des prises de position audacieuses, pacifiques mais audacieuses, que nous avons souvent fait avancer l'histoire.
Jean-Pierre Bélisle Répondre
21 mai 2015Monsieur Alain Raby,
C’est bien entendu votre droit d’entretenir et de peaufiner sans cesse votre incessante marotte de l’abolition putschiste de la monarchie par des parlementaires rebelles, mais ce faisant, vous vous inscrivez dans une dangereuse posture romanesque de fuite en avant dont vous ne semblez pas considérer les gravissimes conséquences.
En fait, pour parler clairement, votre « stratégie » séditieuse donne plus qu’il ne faut des munitions à nos adversaires les plus acharnés, lesquels ne manqueront pas de la citer en faisant porter le chapeau à Vigile.
Durant la campagne à la chefferie, Pierre-Karl Péladeau a plusieurs fois déclaré que l’accession à l’indépendance du Québec se fera dans le cadre de la légitimité démocratique.
Pour le moment et dans un avenir prévisible, c’est le seul scénario qu’il nous faut privilégier, si nous sommes le moindrement responsables.
JPB
Alain Raby Répondre
21 mai 2015La royauté anglaise est en perte de terrain quasi constant dans leurs anciennes colonies. Les gens trouvent de plus en plus odieux, honteux d'avoir à subir ce régime colonial et ils désirent en être libérés. La constitution actuelle qui empêche tout changement avec sa formule d'amendement cadenassée ne pourra pas résister longtemps devant des élus déterminés au changement et ayant l'appui d'une majorité populaire toujours accrue. Si cette constitution ne s'amende pas, il faudra savoir la transgresser. La Nation québécoise et son peuple doivent se doter de leur propre constitution afin de s'émanciper pleinement . Nous en avons parlé déjà depuis trop longtemps.
Alain Raby Répondre
21 mai 2015Évidemment il faudra aux députés rebelles une grande détermination, une volonté à toutes épreuves, comme ce fut le cas pour les patriotes et le peuple du Bas-Canada en 1837-38.
Alain Raby Répondre
20 mai 2015Nous sommes si près de l'objectif. Il suffira, il suffit d'une volonté de nos élus et de celle du peuple, bien sûr.
Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver disait, en essence, le poète, Gaston Miron.
Normand Paiement Répondre
20 mai 2015Pourquoi pas!?
Cela pourrait notamment s'inscrire dans une démarche d'accession à l'indépendance que le PQ entreprendrait une fois élu dans le cadre d'une élection référendaire, suivie ultérieurement par un référendum demandant à la population d'entériner la nouvelle Constitution du Québec.