Souveraineté et accommodements sont-ils compatibles?

Tribune libre - 2007

[Le 22 novembre 2006, André Boisclair tenait au journal "Le Devoir' les
propos suivants->2975] : « … si notre objectif est véritablement de bâtir une
société pluraliste, ouverte et inclusive, tous les combats visant plus
d’inclusion et moins de discrimination ne devraient-ils pas aussi faire
partie de la définition de notre identité ? Il en est ainsi parce que notre
société repose sur un contrat moral par lequel tous les Québécois
s’engagent à bâtir le Québec de demain. Or ce contrat découle des choix non
négociables que nous avons faits comme société, soit ceux de vivre en
français, de façon démocratique, dans le respect de la diversité et de
l’égalité des individus, notamment celle entre les hommes et les femmes.»
M. Boisclair faisait ici allusion à l’énoncé de politique en matière
d’immigration tel que publié sous le gouvernement de Robert Bourassa en
1990, document intitulé ‘Au Québec pour bâtir ensemble’. Or, à l’intérieur
de ce document, M. Bourassa écrit en préambule que «Dans le cadre
constitutionnel actuel, nous ne possédons pas tous les pouvoirs nécessaires
pour atteindre seuls les objectifs du présent énoncé. »
Cette dernière phrase aurait-elle échappée à M. Boisclair ? M Bourassa
n’avait-il pas compris que la Charte des Droits et Libertés et que la
Constitution canadienne demeuraient un obstacle majeur à la réalisation de
ses politiques en matière d’immigration ? Le multiculturalisme canadien
empêchait le Québec d’intégrer ses immigrants de manière à les confronter à
leurs obligations envers la société d’accueil. Nous assistions encore une
fois à un dédoublement des compétences dans le domaine de l’immigration, le
Canada imposant le multiculturalisme et le Québec prônant une intégration
soumise à des obligations citoyennes. J’en veux pour preuve la suite de
l’énoncé indiquant qu’ « étant donné que l’immigration constitue un
privilège qu’accorde la société d’accueil, il est légitime qu’elle fasse
connaître ses attentes aux immigrants, si possible dès l’amorce du projet
migratoire, afin que ceux-ci apprennent graduellement à les partager. De
même, la société québécoise doit-elle prendre davantage conscience des
obligations que lui impose son propre projet démocratique à l’égard des
citoyens de toutes origines qui la composent. » Avouons que ce point de vue
n’aurait jamais épousé les objectifs du Fédéral!
Où en sommes-nous après 17 ans? Nous ‘accommodons’. Les directives des ministères sont toutes aussi contradictoires les unes que les autres. Nous nous faisons les rois du dialogue improvisé selon la nature de la demande faite par l’immigrant.
La faille est exploitée.
M. Boisclair aurait eu avantage à se dissocier du document de 1990 et
prôner plutôt une Constitution du Québec à imbriguer dans un projet
d’Indépendance balisant ainsi justement les obligations de tous ses
citoyens. Les accommodements devenaient ainsi inutiles. Trop simple. Trop
évident.
Son lieutenant, M. Legault, persistait en 2004. Lors de l’élaboration du
document ‘La laïcité scolaire au Québec’, les nombreuses balises élaborées
sont demeurées en fait de multiples accommodements accolant ces mêmes
effets pervers à la politique annoncée.

M. Charest n’a, quant à lui, jamais songé sérieusement à ces problèmes, les
jugeant tels des « cas isolés. » Il préfère encore consulter, multiplier
les commissions mais surtout dialoguer, probablement trop occupé à vernir
son image.
Curieusement, M. Dumont a compris la logique se dissimulant derrière ces
accommodements raisonnables et on le traite d’opportuniste. Nul n’est
prophète dans son pays, dit-on !
Qu’attend M Boisclair pour s’amender ? Il avait un atout qu’il aura
gaspillé.
Bernard Thompson
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --


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