Monsieur Frappier,
Sans vouloir faire de jeux de mots, je n’ai jamais pensé que vous ‘frappiez’ vos balles avec tant de vigueur lorsque vient le moment de les lancer dans le camp adverse! Non seulement je suis resté bouche bée mais plutôt incrédule devant tant de châtiments exprimés en un seul texte, celui que vous commettiez le 15 juillet dernier et intitulé ’Il faudrait un miracle’. Autrement dit, je ne vous connaissais pas cette faculté d’annoncer votre ‘ras le bol’ avec tant de fracas, comme si cette soudaine vulnérabilité qu’on vous découvre se voulait assassine. Malheureusement, les québécois ont cette maladie génétique rare de condamner eux-mêmes leurs accomplissements comme s’ils leur étaient interdits tout succès et toute réussite. Parlons donc ici d’automutilation ou autodestruction le cas échéant. Il ne faudrait surtout pas détruire ce que vous avez si durement constitué!
Jeter la pierre à autrui n’efface généralement pas les erreurs de celui qui initie le tir. Pourquoi Vigile depuis deux ou trois ans a-t-il pris le virage des confrontations, des chicanes et des engueulades de tout acabit plutôt que de faire toute la place à l’échange d’idées et au véritable dialogue? Comment se fait-il qu’on ne retrouve pas d’échanges intelligents entre toutes les forces vives du Québec, fédéralistes comme indépendantistes? La partisannerie a-t-elle tant de pouvoir qu’elle force à l’aveuglement? Qui ne constate pas combien ces dialogues sont devenus des monologues où chacun cherche son crédit avant même de débiter son roman-feuilleton à travers votre tribune?
Peut-être devriez-vous privilégier la qualité à la quantité lorsque vous censurez certains écrits? Peut-être devriez-vous interdire les écarts de langage de certains auteurs qui vous ont valu tant de reproches? Tant d’encre noircissant inutilement vos pages. Conserver un sens de l’équité tout en privilégiant un bon sens éthique demeure de mise, non? Ne tolérer aucun racisme, aucune xénophobie, aucun antisémitisme ou nuls propos suggérant ce type d’attitudes ne serait-il pas normal lorsque l’on souhaite une participation citoyenne responsable?
Mais encore, attaquer continuellement les fédéralistes c’est-à-dire les Desmarais, Charest et récemment les Liza Frula, Houda-Pépin, anciennes politiciennes libérales, les Marois, Facal, le PQ tout entier (pourquoi pas tant qu’à y être) et tirer des conclusions hâtives à propos de la valeur des écrits de vos auteurs-collaborateurs (Luc Archambault pour ne pas le nommer) relèvent du suicide! Vous ne pouviez trouver meilleure formule pour ’tuer’ toute cette sympathie émanant de vos fidèles lecteurs. Je crains que les plus modérés quittent à tout jamais vos tribunes. Dommage, Vigile aura été avalé par ce trou noir qu’est devenu le rêve d’indépendance de nombreux québécois. L’heure est à la lucidité, ne soyez donc pas surpris que tant de gens quittent le navire. Les ‘rouges’ ont toutes les raisons de se réjouir de la faiblesse des indépendantistes. Curieusement, ils ne se chicanent pas beaucoup eux, du moins ils évitent intelligemment l’espace public pour le faire!
Croyez-moi, la déception est grande partout en ce siècle où le mot ‘jugement’ ne se conjugue qu’au pluriel. Il faut devenir philosophe pour survivre. Le général Cambronne a prononcé ces mots : "La garde impériale meurt et ne se rend pas". Je vous laisse donc sur cette réflexion émanant de l’historique mot de Cambronne! Qu’il vous soit utile.
Bernard Thompson
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7 commentaires
Luc Bertrand Répondre
22 juillet 2011Monsieur Thompson, ça fait déjà 15 ans que Vigile.net existe et se veut un forum pour réunir et permettre des échanges d'idées entre indépendantistes. Or, le contexte pour faire l'indépendance est loin d'avoir progressé depuis 1996 et tout indique que le Parti québécois, le parti que tous se complaisent à identifier comme le seul capable de nous mener à l'indépendance, connaîtra à nouveau la défaite s'il fallait que JJ Charest déclenche une élection précipitée. Quand on a consacré autant d'années et de ressources pour contribuer à hâter la réalisation d'un idéal aussi grand et noble que la liberté d'un peuple, il y a lieu de montrer, de la part de la direction éditoriale, à tout le moins des signes d'impatience.
Lorsque vous écrivez "jeter la pierre à autrui n’efface généralement pas les erreurs de celui qui initie le tir", doit-on comprendre que vous considérez que Bernard Frappier est dans l'erreur ou aurait commis une erreur? Émettre des doutes quant à la capacité de la cheffe du PQ de réaliser notre projet de pays, est-ce ce que vous considérez une erreur? Lorsque tous les sondages concordent pour dire que la pâte ne lève pas et que le messager ne passe décidément pas la barre pour la confiance ou la crédibilité, l'erreur ne serait pas plutôt de se mettre la tête dans le sable et proclamer que "tout va bien dans le meilleur des mondes"?
Lorsque vous suggérez un dialogue entre fédéralistes et indépendantistes plutôt que des "confrontations, des chicanes et des engueulades de tout acabit", êtes-vous vraiment sérieux? Avez-vous essayé d'émettre des commentaires basés sur la vision d'un Québec indépendant aux articles de Cyberpresse.ca? Dans mon cas, j'ai des raisons de croire que la direction éditoriale a délibérément décidé de ne pas éditer mes écrits. En lieu et place, on ne tolère que des commentaires gratuits ou bassement partisans dont l'insignifiance ou la pertinence ne risquent pas d'influencer l'opinion de leur lectorat.
Concernant les "rouges" qui se réjouissent de nos "chicanes" internes et qui évitent l'espace public pour les leurs, vous semblez occulter la très grande différence entre les deux clans (fédéraliste et indépendantiste) - en termes d'organisation et de moyens - qui ne peuvent soutenir aucune comparaison rationnelle. Contrairement aux indépendantistes pour qui la cause est idéologique et liée à la reconnaissance des droits d'un collectif par rapport à un système politique et judiciaire qui leur a été imposé par une nation étrangère, les fédéralistes défendent essentiellement le statu quo et la légitimité de cet ordre établi. En fait, depuis l'échec des dernières négociations constitutionnelles (Charlottetown, 1992), il n'y a plus aucun idéal à atteindre ou à attendre pour les fédéralistes, la force de leur clan ne reposant plus essentiellement que sur l'argent, le vote des immigrants qu'on cherche à culpabiliser et les intérêts d'une minorité fortunée. Si le rêve d'un pays bilingue, inclusif et égalitaire "coast to coast" pouvait les stimuler du temps de Trudeau, ils sont aujourd'hui résignés par rapport à la "différence québécoise" et ne conçoivent l'avenir qu'en termes de mieux-être individuel.
Les soi-disants "modérés" devront malheureusement composer avec des idées plus radicales. Ce ne sont pas les "purs et durs" qui sont responsables de cette situation, mais les fédéralistes, qui nous ont carrément déclaré la guerre en employant tous les moyens possibles, incluant l'illégalité et la violation des principes de démocratie lors du référendum de 1995, ainsi que les "bons-ententistes" qui persistent à croire en un dialogue ou une entente amicale entre les deux camps. Nous en sommes rendus au point où il n'y a plus aucun moyen de réussir notre projet sans s'attaquer aux fondements mêmes du système qui nous réduit à l'impuissance. S'il faut porter l'étiquette de "radical" pour désobéir aux lois illégitimes que nous impose l'ennemi, nous devrons l'assumer clairement et lucidement. Le terme "ennemi" est le seul qui convient pour désigner le camp fédéraliste, puisque celui-ci manifeste lui-même son radicalisme à notre endroit en nous niant tout droit à la représentation médiatique et en s'attaquant délibérément aux bases mêmes de notre légitimité nationale.
Monsieur Thompson et tous les autres "modérés" envisageant de quitter Vigile.net, en tout respect, si vous souhaitez toujours la libération du peuple québécois, il vous faudra reconnaître le contexte dans lequel nous devons composer pour mener notre lutte. Notre perspective ne sera jamais la même que celle des fédéralistes, car tout le système et ses acteurs sont de leur côté et ils n'ont même plus à se remettre en cause pour conserver le pouvoir. L'heure n'est plus à conforter le peuple mais à le placer froidement et rationnellement en face de la réalité pour faire un choix en toute connaissance de cause.
@ Richard Le Hir Répondre
22 juillet 2011M. Thompson,
Je ne fréquente peut-être pas Vigile depuis aussi longtemps que vous, mais j'ai pour ma part noté une amélioration de la qualité des textes ces derniers temps.
Je vous accorde que certains textes sont parfois hargneux, mais je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils sont haineux. Tout le monde ne manie pas la critique avec la même aisance, certains la personnalisent trop et ne savent pas s'arrêter avant l'invective, c'est vrai. Mais dans une société qui valorise peu l'écriture et sa nécessaire discipline, peut-on s'en surprendre ?
Même feutrées, il arrive que des opinions créent la controverse. Certains souhaiteraient que l'on cesse de faire une distinction entre antisionisme et antisémitisme pour pouvoir les jeter tous les deux dans la même poubelle. Faut-il se priver de poser un regard critique sur la politique de colonisation de la droite israélienne au pouvoir pour le motif que les supporteurs de celle-ci chez nous crient aussitôt à l'antisémitisme ? Vous devriez pourtant comprendre que les attaques contre Vigile à ce chapitre sont bien davantage motivées par la critique sur le fond que par les maladresses de langage de certains d'entre nous. Inattaquables sur le fond, nous sommes vulnérables sur le fond. Haro sur le baudet !
Chez nous, même dans les milieux indépendantistes, le débat est ouvert sur l'option et la meilleure façon d'atteindre l'objectif. Faut-il occulter ce débat et les passions qu'il déchaîne ? Faut-il faire semblant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes parce que l'étalement de nos états d'âme fait un peu désordre ?
Quant à la dénonciation des pratiques de nos "grandes familles" qui se sont mises en tête de s'approprier la richesse collective des Québécois, à vous en croire, elle serait exagérée ? Si c'est le cas, je vous trouve l'estomac bien solide.
Dans les circonstances, je trouve que Bernard Frappier fait un travail extraordinaire, et le miracle, pour moi, est justement que l'on n'ait pas à déplorer davantage de débordements. Quand il s'en produit, ils sont bien modestes, et ce n'est pas parce que nos adversaires ou même certains de nos amis tentent de les monter en épingle pour tenter de nous neutraliser ou de faire taire une voix qui dérange leur beau programme que nous devons tomber dans leur panneau.
Je vous suggère la relecture d'"Astérix chez les Bretons", vous y trouverez des éclairages intéressants.
Richard Le Hir
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011[1] Vigile n'est que le reflet de ceux et celles qui écrivent. Rien de plus. Rien de moins.
[2] De temps en temps, l'éditeur, Bernard Frappier, donne son opinion et il en a parfaitement le droit.
[3] Je n'aime pas les gens qui veulent jouer aux censeurs. Cela me répugne. La liberté d'expression est la pierre d'assisse de toute "démocratie" qui se respecte, déjà que la "démocratie" dans laquelle nous vivons n'est pas une véritable démocratie, mais une oligarchie, dans laquelle les communications sont contrôlées par des intérêts riches et privés, la plupart fédéralistes.
[4] La censure, le tri des bonnes et des mauvaises opinions, la soumissions servile à une prétendue majorité et aux diktats de ceux qui se prétendent dans la bonne ligne de pensée, tout cela c'est de la graine de fascisme et de nazisme. Il ne faut jamais plus manger de ce pain-là.
[5] On ne va pas prendre de gants blancs avec les salauds qui nous gouvernent en pillant nos ressources naturelles et en nous maintenant dans le "Cadanas", ce grand pays paraplégique, comme dit Emmanuel Bilodeau. We are Canadian Tire(d).
[6] On ne va pas prendre de gants blancs non plus contre le PQMarois plus désireux de gouverner la province de Québec que faire l'indépendance de notre patrie. Qui aime bien châtie bien.
[7] Je respecte l'éthique et je ne fais pas d'attaques ad hominem. Ce sont vos propos que je n'aime point. Je les trouve arrogants et prétentieux. Et j'ai parfaitement le droit de le dire. C'est cela la liberté d'expression.
[8] Je n'aime pas ce que vous dites, mais je vais me battre pour que vous ayiez le droit de le dire.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011M. Thompson, que vous donnez créance aux ; racisme, xénophobie, antisémitisme, démontre votre soumission à l'idéologie imposée par l'ennemi dans sa guerre psychologique contre nous.
N'attendez pas notre solidarité.
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011C'est sûr ! Ils sont tous solidaires et bien actifs à nous cracher au visage, à nous calomnier, à nous nier, à nous faire la guerre. Ça forme une solide solidarité, ça, M. Thompson.
Vous, vous nous demandez de nous coucher, de surveiller notre language, de ne pas les choquer, et même d'accepter leurs mensonges et calomnies. De ne pas leur faire la guerre, mais d'essayer de les convaincre avec des explications savantes, des fleuves de blabla et des suplications. Ça me coupe franchement l'appetit de vous rejoindre, ça, M. Thompson.
Nous sommes en guerre. Vous ne le voyez pas.
La solidarité pour se coucher et ramper tous en rangs, non merci ! Elle est là la source de la division, pas ailleurs. Rien de "curieux" là !
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011Monsieur Thompson, je vous remercie pour cet article pondéré.
En effet, tout ce qu'on entend sur VIGILE depuis un certain temps, ce sont les DÉGAGE CHAREST! DÉGAGE WILLIAM! DÉGAGE CECI, DÉGAGE CELA! Ca ne fait pas des débats très enrichissants et ça ne propose pas grand chose de positif à nos compatriotes.
La claque qu'a subit le BLOC va exactement dans ce sens. Les gens en ont eu assez du discour strictement négatif et qui ne présente aucune solution d'avenir.
La démarche initiée par Luc Archambault et appuyée par votre humble serviteur a au moins le mérite de présenter une façon originale de sortir du cul-de-sac. Elle permet le dialogue sur le terrain entre citoyens.Ce boycottage est improductif et surtout injuste.
Les seules critiques de la démarche de la VIGILE du SAMEDI le furent sur la personne de son initiateur ou sur son style d'écriture mais jamais sur la démarche elle-même.
C'est désolant!
Archives de Vigile Répondre
22 juillet 2011D’accord avec vous.
Plus le tapis semble glisser sous les pieds des véritables séparatistes, les durs qui sont automatiquement pressés qui voient arriver tous ces fédéralistes immigrés, plus ils tiennent des propos violents, insultent et ridiculisent tous ceux qui suggèrent d'autres solutions et façons de faire que les leurs.
Ces prises de bec, principalement sur le dos de Mme Marois, pilote du navire-amiral souverainiste, ne gagne pas de nouveaux adeptes à la souveraineté mais sont de nature à décourager les souverainistes plus flexibles, les tièdes de la constitution qui pourraient bien conclure que la souveraineté est l'affaire de trop d'impatients violents, ceux qui croient que le problème, c'est le ou la chef, les uns après les autres.
Le problème central est le confort des Québécois qui sont majoritairement craintifs de sortir le Canada du Québec. Plus le PQ parle d'indépendance, pour faire plaisir aux durs, moins son pourcentage dans les sondages est élevé. M. Duceppe a parlé, lors de l'élection générale fédérale du 2 mai dernier, de l'indépendance en 3 étapes : Élection des députés du Bloc, élection du PQ et référendum sur la souveraineté. Quelques jours plus tard, le Bloc se faisait laver, sauf 4 députés.
Je viens de terminer la lecture de l'intéressant livre La souveraineté du Québec, hier, aujourd'hui et demain de Jacques Parizeau où il affirme que les mots souveraineté, indépendance et séparation ont pour lui, le même sens : « Plein contrôle de ses lois, impôts et traités à l'étranger.»
Fait que, les souverainistes ne devraient pas avoir peur du mot séparatiste quand il n'y a pas d'association de prévue parce que les fédéralistes vont s'en servir aux élections et principalement lors d'un référendum.
Faire confiance au PQ et à son chef me semble être l’affaire à faire pour un souverainiste même si tout n’y est pas à notre goût.