Après une première rencontre symbolique, les retrouvailles de Donald Trump et de Kim Jong-un au Vietnam se solderont-elles par des actes concrets ? Considérée comme une garantie de sécurité par Pyongyang, la question nucléaire est un enjeu central.
Le président américain Donald Trump rencontre le leader nord-coréen Kim Jong-un le 27 février pour un second sommet à Hanoï, au Vietnam. Le locataire de la Maison Blanche et le leader nord-coréen se retrouvent au Sofitel Legend Metropole, un luxueux établissement hôtelier situé en plein cœur de la capitale vietnamienne. Un dîner avec leurs proches conseillers est également prévu.
Des intentions aux actes ?
Le premier sommet entre les deux dirigeants, qui avait eu lieu en juin à Singapour, avait engendré une déclaration sur «la dénucléarisation de la péninsule», sans lendemain. En effet, aucun acte concret dans cette direction n'a eu lieu depuis. La Corée du Nord n'a ainsi rien fait pour réduire l'arsenal dont elle dispose, et qu'elle considère comme un outil de sa survie.
En conséquence, la pression est désormais forte sur les épaules de Donald Trump qui a montré beaucoup d'enthousiasme sur ses relations avec Kim Jong-un, l'évoquant comme «[son] ami». Les détracteurs du président américain redoutent qu'il ne fasse trop de concessions. Tout accord sera examiné de près par les législateurs américains et notamment par le camp démocrate.
Réagissant aux pressions de ses opposants, Donald Trump a écrit sur Twitter : «Les démocrates devraient cesser de parler de ce que je dois faire avec la Corée du Nord et se demander plutôt pourquoi ils ne l'ont pas fait pendant les huit années de l'administration Obama.»
Lors du premier sommet à Singapour en juin, Donald Trump avait pris ses propres collaborateurs par surprise en annonçant la suspension des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud, une revendication majeure du Nord qui les considérait comme la répétition d'une invasion de son territoire.
Pour arracher des concessions à Pyongyang, les Etats-Unis pourraient accepter des gestes symboliques, comme l'ouverture d'un bureau de liaison ou une déclaration pour mettre fin formellement à la guerre de Corée, qui ne s'est achevée en 1953 que par un simple armistice.
Trump ne veut «brusquer personne»
Pour autant, Donald Trump n'est pas pressé de convaincre la Corée du Nord de renoncer à ses armes, tant qu'elle s'abstient, comme elle le fait depuis plus d'un an, de procéder à des tirs de missiles et des essais nucléaires. «Je ne veux brusquer personne», a-t-il encore lancé avant son départ de Washington.
Selon l'AFP, les propres patrons du renseignement de Donald Trump jugeraient d'ailleurs que le dirigeant nord-coréen est déterminé à conserver l'arme nucléaire qu'il considère comme la clé de la survie de son pouvoir.
Pourtant, d'un autre côté, selon une information révélée le 23 février, Kim Jong-un aurait confié au chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo en avril 2018 qu'il ne voulait pas pour ses enfants d'une vie sous le joug de l'arme nucléaire. C'est ce qu'a déclaré le 22 février Andrew Kim, un ancien responsable de la CIA au fait du dossier à l'agence de presse sud-coréenne Yonhap et au Wall Street Journal.
Le Vietnam : un modèle pour la Corée du Nord ?
Ancien ennemi juré des Etats-Unis, le Vietnam, qui accueille ce sommet, a été présenté par Donald Trump comme un exemple de réussite de transition du communisme au capitalisme. «Le Vietnam se développe comme peu d'autres endroits au monde. La Corée du Nord ferait la même chose – et très rapidement – si elle décidait de dénucléariser», a tweeté le président américain, évoquant la possibilité d'un avenir «GENIAL» pour ce pays, qui subit aujourd'hui de nombreuses sanctions internationales. Cette direction sera-t-elle suivie par la Corée du Nord ?
Selon l'AFP, Kim Jong-un pourrait en outre profiter de son séjour dans ce pays pour visiter des zones industrielles. La Corée du Nord a engagé discrètement depuis quelques années de légères réformes économiques, avec un infléchissement du contrôle de l'Etat, et pourrait vouloir s'inspirer du modèle économique vietnamien.
A l'occasion de ce nouveau sommet, les deux parties font l'objet de pressions pour s'accorder sur des mesures concrètes. Reste à savoir, d'une part, jusqu'où la Corée du Nord est prête à aller en matière de renonciation à son arsenal nucléaire qu'elle considère comme une garantie pour sa sécurité nationale, et, d'autre part, quelles autres concessions les Etats-Unis sont prêts à faire, sachant que Pyongyang souhaite la suppression du parapluie nucléaire américain sur la Corée du Sud.
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