Soirées organisées par Marc Bibeau: «C’est chose du passé», plaide Couillard

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Les moeurs n'ont pas changé. Seules les pratiques ont changé. Les Libéraux continuent de faire les mêmes choses. Ils les font différemment

QUÉBEC | Le premier ministre Philippe Couillard confirme avoir participé à au moins une soirée de financement chez l’argentier Marc Bibeau, mais assure que ces pratiques sont révolues.


«Ce que c'était, cet événement-là, c'était un événement social, a affirmé Philippe Couillard au Salon bleu mercredi matin. Moi, j'y étais présent, et ce n'était rien d'autre que des rencontres entre les gens.»



«Et tous les partis politiques, tous les partis politiques de l'époque faisaient ça, et on a amplement de quoi le démontrer, M. le Président, s'il faut le faire au cours de cette période de questions», a-t-il ajouté.



Par la suite, Philippe Couillard a évoqué le scandale Oxygène 9 qui a ébranlé le gouvernement péquiste au début des années 2000. Le premier ministre s’est aussi attaqué à l’actuel chef de la CAQ, en rappelant les 6 millions$ amassés par le Parti québécois à l’époque où François Legault était président d’honneur de la campagne de financement de la formation.



Soirées somptueuses



Notre Bureau d’enquête révélait mercredi matin que le collecteur de fonds du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Bibeau, a organisé chez lui au moins sept somptueuses réceptions, au début des années 2000, pour mettre en contact des élus libéraux et d’importants membres de la communauté d’affaires.



Parmi les noms inscrits sur la liste des invités d’une des soirées, on retrouve notamment ceux de Philippe Couillard, Julie Boulet, Lise Thériault et Geoffrey Kelley, qui siègent aujourd’hui au conseil des ministres.



Du côté des gens d’affaires, les invités incluaient plusieurs patrons de firmes de génie-conseil, dont Rosaire Sauriol de la firme Dessau, Luc Benoît de Tecsult, Kazimir Olechnowicz de Cima+, Bernard Poulin du groupe SM et Pierre Shoiry de Genivar.



Nouvelles règles



Les quelques ministres qui ont accepté de commenter les révélations de notre Bureau d’enquête ont également insisté sur l’évolution des pratiques de financement depuis le début des années 2000.



«Moi je dis, globalement, tous partis confondus : autres temps, autres mœurs», a affirmé le ministre Robert Poëti.


Le député de Marguerite-Bourgeoys se défend toutefois de cautionner les activités de financement du Parti libéral du début des années 2000. «J’ai toujours dit que, tous partis confondus [...] on doit avoir une éthique à la hauteur des attentes des citoyens, et les citoyens veulent le maximum», dit-il.


M. Poëti était policier à la Sûreté du Québec en 2003. Il a fait son entrée à l’Assemblée nationale en 2012.



Archanement



Le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand, a aussi plaidé que ces pratiques appartiennent au passé. «Écoutez, ça fait 15 ans que ça s’est passé, les mœurs politiques ont changé depuis ce temps-là, c’est beaucoup mieux contrôlé, c’est très bien ainsi», a-t-il affirmé.



Élu pour la première fois en 2007, Pierre Arcand, assure d’ailleurs n’avoir jamais senti l’influence de Marc Bibeau au sein du gouvernement Charest.



«Je pense qu’il y a un peu d’acharnement dans ça, mais, écoutez, je ne peux pas empêcher les gens de faire leurs enquêtes, a-t-il ajouté, sans vouloir spécifier s’il visait les médias ou l’UPAC. Je trouve qu’on accorde beaucoup d’importance à ça, surtout que ça s’est passé il y a 15 ans.»



L’UPAC enquête



Pour sa part, Pierre Reid affirme que l’événement rapporté par le Journal était une simple «fête entre nous». Celui qui était alors ministre de l’Éducation n’a pas pu confirmer la présence de patrons d’entreprises de génie-conseil.



Le ministre de la Sécurité publique, lui, rappelle que l’UPAC mène toujours une enquête sur les liens entre Marc Bibeau et le gouvernement Charest. «Nous ne devons pas être juges du délai qui est requis dans les enquêtes qui se font», souligne Martin Coiteux.