Sexe, nominations et élections clés en main

Chronique de Louis Lapointe

On ne peut pas côtoyer pendant des années des gens dans un petit milieu sans connaître leurs histoires, leurs secrets, sans recevoir certaines confidences.
Les avocats qui participent activement aux activités du Barreau connaissent tous des avocats qui organisent des élections clés en main.
N'importe lequel d'entre eux pourrait facilement décliner les noms d’avocats qui ont organisé des élections et qui ont reçu de plantureux contrats municipaux dès que leur poulain a été élu.
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Je me souviens avoir reçu les confidences d’un confrère lors d’un souper bien arrosé au sujet d’un putsch qui se préparait contre Jean Charest alors qu’il était chef de l’opposition officielle à Québec. Des organisateurs libéraux souhaitaient remplacer Jean Charest par Martin Cauchon...
La démission-surprise de Lucien Bouchard et son embauche par Davies, Wards, Phillips, Vineberg mirent rapidement fin aux rumeurs.
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Je n’ai donc pas été étonné d’apprendre que parmi ces avocats actifs au Barreau et en politique municipale, provinciale et fédérale, quelques-uns aient été nommés juges.
Et c'est sans surprise que j’ai lu dans le Devoir de ce matin que des cabinets d’avocats auraient participé à la fête de départ de l’ancien maire de Laval, Claude Lefebvre, et contribué au don d’un cadeau de départ de 800,000$ en argent comptant.
Il va falloir un jour ou l’autre que le Barreau du Québec ouvre les yeux sur son club sélect qui siège à tout ce qui siège et qui organise tout ce qui s’organise afin d’obtenir de lucratifs contrats municipaux, provinciaux et fédéraux, certains terminant sur le banc en raison de leurs qualités exceptionnelles d’avocats et d'organisateurs accomplis.
Que penser de l’indépendance de ces juges qui auraient participé à des stratagèmes de financement de partis politiques alors qu’ils étaient avocats ?
Comment ne pas imaginer qu’ils puissent devenir vulnérables à d’éventuelles pressions politiques ou du milieu interlope?
Ajouter à cela un peu de sexe interdit et vous aurez de scabreuses histoires dignes des meilleures séries américaines.
Il n’y a pas qu’aux États-Unis où il existe des affaires Petraeus.
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Dans mon roman, Bâtonnier, écrit en 2005, je raconte l’histoire d’un avocat d’un grand cabinet de Montréal qui, après avoir été Bâtonnier du Québec, devient juge à la Cour supérieure et à la Cour Suprême et qu'une ancienne maîtresse tente d’influencer alors qu’il doit rendre un important jugement concernant le présumé parrain de la mafia.
Il n'y a pas que les honnêtes gens qui ont peur de la mafia!
Certes, comme c'est le cas dans mon roman, on ne peut pas empêcher un Bâtonnier du Québec de manquer de jugement, d’avoir des relations sexuelles extraconjugales, toutefois, on peut espérer que cela n'aura pas pour conséquences de le mettre en position de vulnérabilité face à d’éventuels maîtres chanteur lorsqu’il sera devenu juge.
Des histoires qu’aucun journaliste ne voudra raconter parce qu’il s’agirait d’affaires personnelles.
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Par contre, rien n’empêcherait le Barreau d’imposer des règles déontologiques aux avocats qui organisent des élections.
On ne peut pas être nommé juge alors qu’on cache des histoires compromettantes qu'on a connues lorsqu'on était avocat sans que cela influence forcément notre jugement et notre indépendance.
On se demande bien pourquoi les avocats qui siègent aux comités du Barreau du Québec n’ont jamais songé à cette éventualité?
Les avocats qui organisent des élections comme ceux qui font du lobbying auprès d'organismes publics ne devraient-ils pas s'inscrire à un registre public du Barreau?
Un moyen de plus afin d'assainir les mœurs politiques et judiciaires au Québec!
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Sur le même sujet:
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Une brèche dans le mur de Chine du Bâtonnier !
Repenser le Barreau du Québec
De la nomination des juges

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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