Veux, veux pas, tôt ou tard, il faudra bien écouter les étudiants, aussi bien ceux qui ont fait la grève pendant quelques semaines, en mettant en péril leur année scolaire, que ceux qui ne l'ont pas fait mais qui n'en revendiquaient pas moins la fin des mesures d'austérité qui frappent de diverses façons la société québécoise dans toutes ses activités.
Le gouvernement libéral pense qu'il peut crier victoire car il a réussi à écraser rapidement le mouvement étudiant avant qu'il ne se transforme en un nouveau printemps érable comme en 2012. Il a obtenu les appuis nécessaires auprès de certains recteurs d'université, de la CAQ de François Legault et d'une partie de la population pour discréditer le mouvement de revendication des étudiants, en jouant la carte de la peur et de la violence. Violence policière et des agences privées de sécurité, violence des casseurs masqués dont on se demande s'ils ne sont pas carrément téléguidés par la police, violence juridique avec arrestations préventives et injonctions, violence des vidéo-caméras qui surveillent les moindres gestes des étudiants, violence des portes fermées avec le refus d'entamer un véritable dialogue, violences répercutées par les médias qui ont joué le jeu du gouvernement: montrer l'anarchie, le flou et le manque de leadership parmi les étudiants, en négligeant de parler de leurs revendications larges concernant la fin des mesures d'austérité imposées par le régime Couillard et qui nous affectent tous et toutes.
Il y a quelques jours, des étudiants du cégep Saint-Laurent ont entrepris une occupation des lieux à l'extérieur de la maison d'enseignement. Ils ne bloquent pas l'accès au cégep, ils assistent à leurs cours, mais ils entendent ainsi maintenir la pression sur le gouvernement libéral, une pression symbolique car ce mouvement d'occupation n'a pas une ampleur suffisante pour l'obliger à bouger. Malgré la pluie, les vents, le froid de ces derniers jours, ces jeunes démontrent de façon originale qu'ils sont fidèles à ce modèle de société dont rêve une bonne partie de la jeunesse québécoise: solidaire, plus juste, une société libérée du carcan fédéral, une société d'entraide, car on distribue aux campeurs des repas confectionnés avec des aliments provenant des bacs de récupération des supermarchés. Le «problème», s'il en est un, c'est que tout cela s'organise dans la joie, la bonne humeur, sans violence, sans provocation policière ni casseurs. Alors, on n'en parle guère dans les médias.
Veux, veux pas, tôt ou tard, le gouvernement devra négocier avec les étudiants qui n'abandonneront sûrement pas leurs revendications. Si Jacques Parizeau affirmait récemment dans une entrevue que la force du changement repose surtout entre les mains de la génération des trente-quarante ans, il n'empêche que ceux qui vont ruer dans les brancards ou secouer la baraque, comme on dit, ceux qui vont pousser la droite actuellement au pouvoir dans ses ultimes retranchements pour exiger des changements significatifs au régime d'austérité actuel, ce sont ces étudiants, ceux des cégeps et des universités.
Ne pas comprendre cela, c'est faire preuve d'infantilisme et de cécité volontaire, c'est ne pas comprendre que l'Histoire avec un grand H s'écrit toujours avec ceux qui luttent pour faire avancer nos sociétés dans le sens du progrès social, et non pas avec ceux qui tentent de freiner ce mouvement d'émancipation.
D'ailleurs, une des dernières mesures qui montrent, si besoin est, le mépris de ce gouvernement envers sa jeunesse, c'est les coupures que devront absorber les dix-neuf Forums jeunesse, qui viennent après les fermetures des Conférences régionales des élus (CRÉ) dont la fonction était de «contribuer au développement économique, social, culturel et communautaire de leur région respective». Sans oublier les compressions dans l'aide aux logements sociaux, dans les Carrefours jeunesse emploi, dans les Centres locaux de développement, etc.
Veux, veux pas, tôt ou tard, et très vraisemblablement cet automne, les étudiants et les employés de l'État vont s'unir dans un front commun pour mieux repousser les volontés de destruction de ce gouvernement issu d'un régime libéral corrompu, et dont le premier ministre n'a pas encore fait la lumière sur son long séjour en Arabie saoudite, ni sur ses liens avec Arthur Porter, ni sur son rôle dans la société Amorfix Life Sciences, accusée de fraude boursière et dont il était membre du conseil d'administration. On verra alors si ce régime libéral corrompu acceptera de négocier alors qu'il a refusé d'entendre la clameur des étudiants, ce printemps.
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