Les coronavirus sont une famille de virus ARN qui infecte les humains et d’autres espèces d’animaux (mammifères et oiseaux). Ils donnent des infections respiratoires et gastro-intestinales. Le SARS-CoV et le MERS (Middle eastern respiratory syndrome) sont ceux qui donnent les symptômes les plus graves, avec la mortalité la plus élevée. Ce sont des virus qui peuvent dépasser la barrière entre espèces. Le SARS a infecté initialement les chauves-souris, puis est passé aux humains. Le MERS, qui est apparu en Arabie Saoudite pour la première fois, a infecté initialement les chameaux et les dromadaires.
Mode de transmission du nouveau coronavirus de Wuhan (Sars-CoV-2) : surtout par les gouttelettes respiratoires expulsées par les personnes qui toussent, mais probablement aussi par voie aérienne et par les matières fécales. Ces gouttelettes peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne en question. On peut alors contracter la COVID-19 si on touche ces objets ou ces surfaces, et si on se touche ensuite les yeux, le nez ou la bouche. Il est également possible de contracter la COVID-19 en inhalant des gouttelettes d’une personne malade qui vient de tousser ou d’éternuer. La période d’incubation dure entre 2 et 14 jours. Ce n’est probablement pas contagieux pendant la période d’incubation ou lors de la phase asymptomatique, mais ce n’est pas certain à 100%.
Comment le coronavirus (CoV-2) nous infecte ? L’importance de l’enzyme ACE2
Cette enzyme est nécessaire au virus pour s’introduire dans les cellules et se répliquer. C’est une enzyme située sur la membrane des cellules, surtout dans les poumons, le cœur, les reins et l’intestin. Elle est très importante dans la fonction cardiaque, dans la régulation du système cardiovasculaire par le système Rénine-Angiotensine-Aldostérone (les inhibiteurs de cette enzyme sont une classe de médicaments antihypertenseurs très utilisé).
Le coronavirus infecte les cellules en se liant à cette enzyme. Il rentre dans les cellules épithéliales du poumon, ce qui mène à des symptômes respiratoires. Les symptômes sont plus sévères chez les patients qui ont une insuffisance cardiaque, probablement dû à l’augmentation de la sécrétion de cette enzyme. Les patients qui prennent un traitement par inhibiteur d’enzyme de conversion (enalapril, ramipril) ou des bloqueurs du récepteur de l’angiotensine (les sartans) ont cette enzyme en plus grand nombre sur leurs cellules, ce qui pourrait augmenter leur risque d’infection et de complications. Ce sont des médicaments très fréquemment prescrits chez les gens qui ont de l’hypertension. On ne sait pas clairement s’il faudrait changer de classe thérapeutique pour ces patients, il n’y a pas assez d’études sur le sujet, mais c’est très probable.
Le virus peut aussi attaquer le cœur. Les patients dans un état grave, traités en soins intensifs, présentent aussi des complications cardiaques avec une atteinte du myocarde (le muscle du cœur). En Chine, une partie des patients se sont initialement présentés avec des symptômes cardiaques et pas respiratoires (palpitations, douleur dans la poitrine). Le mécanisme de cette lésion cardiaque n’est pas connu mais pourrait être lié à l’ACE2. Les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et le diabète augmentent le risque d’infection par le Coronavirus, de complications et de décès. Les plus à risque sont les patients avec un historique d’infarctus myocardique.
L’enzyme est également présente dans les reins et l’intestin. Beaucoup de patients ont des symptômes digestifs et l’intestin est probablement une porte d’entrée pour le virus. Les fumeurs ont aussi beaucoup plus de risque d’être infectés par le CoV-2 (Covid 19) et de présenter des complications. Ils ont une concentration plus élevée de ACE2 dans les poumons.
Cette enzyme pourrait aussi expliquer pourquoi les enfants sont moins à risque, concernant les infections avec les coronavirus. Les enfants présentent beaucoup moins d’enzyme ACE2 sur les membranes cellulaires mais plus d’études sont nécessaires, là encore.
Gravité de l’infection
La mortalité réelle est assez difficile à estimer. D’ailleurs, il n’y a pas de test sérologique pour déclarer le patient guéri, c’est pour ça qu’il est si compliqué et qu’il faut du temps pour déclarer les patients guéris. A peu près 80% des infections sont sans gravité, 13,8% sont sévères et 4,4% très sévères.
Le ratio entre le nombre de cas et le nombre de décès (case fatality rate ou CFR) n’est pas très clair pour l’instant parce qu’on ne sait pas combien de cas légers ne sont pas testés/repérés. En Chine, le taux de létalité a été estimé entre 2 et 3%. En Italie, pour l’instant, il est entre 6 et 7 %. On ne sait pas si les différences sont dues au fait que la souche présente en Italie est plus agressive ou si cela s’explique par le fait que le Italiens font moins de tests et détectent seulement les cas le plus graves. L’âge moyen de la population entre aussi en ligne de compte.
La mortalité est plus importante chez les personnes de plus de 60 ans. Et, on l’a dit, les enfants sont très peu touchés.
Sources :
Zheng, Y., Ma, Y., Zhang, J. et al. COVID-19 and the cardiovascular system. Nat Rev Cardiol (2020). https://doi.org/10.1038/s41569-020-0360-5
Zhang, H., Penninger, J.M., Li, Y. et al. Angiotensin-converting enzyme 2 (ACE2) as a SARS-CoV-2 receptor: molecular mechanisms and potential therapeutic target. Intensive Care Med (2020). https://doi.org/10.1007/s00134-020-05985-