Sarko 2012 ?

Élection présidentielle française



Le 22 avril et le 6 mai se tiendront les deux tours de l’élection présidentielle française. À moins d’une surprise majeure, c’est Nicolas Sarkozy et François Hollande qui traverseront le premier tour et s’affronteront au second.
Cette campagne est de plus en plus intéressante. D’un côté, une partie de la gauche se radicalise. On le voit avec Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, qui sort des boules à mites la rhétorique anticapitaliste.
Stratégie politique oblige, François Hollande, le candidat socialiste, pourtant un homme fort raisonnable, en rajoute dans la même direction. Le bon côté de cela, néanmoins, c’est que la gauche redécouvre l’économie après s’être consacrée au multiculturalisme pendant 30 ans.
À droite, Nicolas Sarkozy cherche à rassembler son camp. En 2007, Sarkozy s’était fait élire en faisant le procès de l’héritage de Mai 68. Il dénonçait la censure de l’identité française, la désintégration des valeurs, la crise de l’école. Aujourd’hui, il cherche à rééditer l’exploit.
On accuse Sarkozy d’aller draguer le vote du Front national (FN), aujourd’hui dirigé par Marine Le Pen. De flirter avec la droite populiste. On a répété cela si souvent qu’il s’agit aujourd’hui d’un lieu commun médiatique.
Rectitude politique
Pourtant, les choses sont plus complexes. Si le FN s’est développé depuis trente ans, ce n’est pas parce que le peuple s’est converti à l’extrême-droite, mais bien parce que la droite du gouvernement a peu à peu abandonné ses fondements idéologiques pour se convertir à la rectitude politique.
Pour être absolument moderne, la droite s’est cantonnée dans un discours économique et gestionnaire. Elle a renoncé à la nation. Le FN a occupé cet espace et récupéré un électorat terriblement déboussolé. En quoi Sarkozy est-il coupable de regagner le terrain perdu au FN ?
Suffit-il qu’un mouvement politique peu recommandable s’empare d’un enjeu pour qu’il soit interdit d’en parler ? Pourquoi l’identité française, la souveraineté nationale, l’école traditionnelle, la défense de la civilisation occidentale, devraient-ils être le monopole de l’extrême-droite ?
Nul ne devrait faire un tel cadeau aux partis populistes. Mais encore faut-il chercher à ramener le peuple dans le périmètre démocratique. Encore faut-il éviter d’insulter le peuple en l’accusant toujours de xénophobie. Encore faut-il éviter de le présenter comme une collection d’excités haineux.
De ce point de vue, la reconquête du peuple est devenue centrale dans cette élection présidentielle. Car, que faire du peuple dans une démocratie où la référence au « populisme » devient l’injure suprême ? Le peuple doit-il être mis en tutelle ?
Le clivage
Les élites radotent leur discours sur la mondialisation. Le peuple croit aux frontières. Les élites croient au multiculturalisme. Le peuple tient à l’identité nationale. Et ainsi de suite. C’est le vrai clivage de la politique contemporaine.
Sarkozy semble convaincu d’une chose : sa réélection dépend de sa capacité à exprimer les inquiétudes populaires. De ce point de vue, il n’entend pas seulement gagner sa campagne à droite. Il entend la gagner au peuple.
L’élection présidentielle française est un miroir grossissant de ce qui s’annonce ailleurs en Occident. Il n’est pas interdit d’en tirer quelques leçons. La principale, c’est que pour éviter que le peuple ne se tourne vers les extrêmes, il faut éviter de le pousser vers eux.


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